aujols-Laffont

Abjurer !

Fallait-il qu'elle soit attirante Marie, la jeune Massadelle, pour que Paul Lafont en arrive à abjurer sa foi protestante pour pouvoir convoler !

 

Abjuration 3-2-1789 Paul Laffont du Mas d'Azil Massat 1 (2).PNG

Abjuration 3-2-1789 Paul Laffont du Mas d'Azil Massat 2 (2).PNG

 

"L'an 1789 et le 3° jour du mois de Février, en précense de Jean Dourgnac chanoine, R père Pages cordelier, docteur en Sorbonne, et des sieurs Louis Pages chirurgien major vétéran, Jean François Galy Pradal apothicaire, Jean-Baptiste Galy Chipeu bourgeois et autre témoins soussignés, Paul Laffont, garçon menuisier, majeur, âgé de 26 ans, natif de la paroisse du Mas d'Azil, habitant depuis plus de 10 ans de la présente paroisse de Massat, ayant reconnu que hors la vraye Eglise il n'y a point de salut, de sa bonne volonté et pour aucune contrainte a publiquement fait profession de foy catholique, apostolique et romaine et abjuré l'hérésie de Calvin dont il avait fait cy-devant profession ; laquelle abjuration il a faite suivant le rite prescrit par le Rituel du Diocèse, conformément auquel je l'ay reçue en vertu du pouvoir qui m'en a été donné par Monseigneur de Roquemaurel, vicaire général du présent diocèse en datte du 17 du mois de Janvier dernier en foy de quoy, je curé du présent lieu ay signé avec les susdits témoins, ledit Paul Laffont requis de signer a dit ne scavoir."  (BMS Massat)

 

Et derechef, le même jour, Paul Laffont, dûment blanchi de son passé d'hérétique, épouse  Marie Benazet des Mouliès ;

 

X ap abjuration 3-2-1789 Massat.PNG

 

" L'an 1789 et le 3 de Février, après 3 publications des Bans faits dans notre église et dans celle de la paroisse du Mas d'Azil comme conste du certificat de M° Prévôt, curé de ladite paroisse, qui est devers nous, le tout sans opposition et toutes les formalités dûment observées            l'abjuration faite de l'hérésie de Calvin par Paul Lafont, futur époux dont acte cy-dessus ; ledit Paul Lafont a épousé Marie Benazet des Mouliès, l'un et l'autre habitant de notre paroisse, la bénédiction nuptiale leur a été départie par moy chanoine soussigné qui avons reçu leur mutuel consentement de mariage, présents les sieurs Jean Rion (?), Jean Lafitte Micas, Jean Maury et Dominique Maury qui ont signé avec nous, les époux requis de signer ont dit ne savoir"

 

Je n'ai aucune preuve que ce Laffont du Mas d'Azil ait une quelconque parenté avec les Laffont del Cardaÿre mais il est possible, qu'au moment des Guerres de Religion, une branche Laffont ayant des sympathies affirmées pour la Réforme ait migré vers une ville acquise à ses idées. Les BMS de Massat ne couvrent pas la période antérieure au XVIII° siècle et dans ceux du Mas d'Azil, la période dite "du Désert" est peu fournie (quelques extraits). Je n'ai donc pas retrouvé l'acte de naissance de Paul pour remonter sa filiation, mais certains Laffont du Mas d'Azil nés plus tard et qui pourraient être ses frères germains sont issus de Pierre François Laffont et de Paule Dupeas décédée, veuve,  le 9 Janvier 1789. Paul aurait donc attendu la disparition de ses ascendants pour abjurer... mais tout cela n'est qu'une hypothèse, seul un contrat de mariage indiquant l'ascendance pourrait aider mais je ne l'ai pas !!!

 

Le Couserans, en particulier sa partie montagnarde, est resté en majorité fidèle à l'église romaine alors que le Comté de Foix, piémont et plaine, comptait nombre de protestants. Le Pays d'Olmes était, lui, divisé même au sein de sa noblesse : les Levis-Mirepoix, branche aînée, décidemment catholiques et le Levis-Léran, branche cadette, acquis à la Réforme.

Je vous accorde que tout cela est largement schématisé, mais mon but n'est pas de plagier des études de fond : le Protestantisme en Terres d'Ariège par exemple, mais de vous faire partager mes découvertes du quotidien de la vallée de Massat.

Et peut-être un mariage d'amour, ce qui n'est pas si fréquent chez nos ancêtres !  

 

Je n'ai trouvé que trois abjurations à Massat au cours du XVIII° siècle et les autres sont moins "romantiques". En 1744, un Allemand, mineur dans la vallée abjure sur son lit de mort, sans doute pour reposer en terre consacrée :

 

abjuration et mort d'un luthérien 1744 Massat.PNG

 

" Jean Pierre Chrestian, âgé de 25 ans, allemand luthérien, travaillant aux mines de la paroisse depuis 7 ans, nouvellement converti à la religion chrétienne par l'abjuration solennelle qu'il a fait de la luthérienne étant au lit de la mort en présence des metres François Despuy, François Orthez, Jean Courteils, Jean Autier prêtres et chanoines, de maître Jean Pierre Galin avocat et du sieur Jean Maurette consul, est mort après avoir reçu le sacrement de l'extrême onction, n'ayant pu luy donner celuy de l'eucharistie a cause de son grand vomissement, le 3 Janvier an que dessus et a été enterré au cimetière le 4..."

 

Le 16 Janvier 1746, Paul Couvent, 27 ans originaire de Las Bordes "au diocèse de Rieux" fils de Jean, bourgeois et de "feu demoiselle Marie Diemas" abjure sans que nous connaissions ses motivations, il n'est présent dans la vallée de Massat que depuis un an environ et je n'ai trouvé ni mariage ni décès suite à sa conversion... serait-il le seul à avoir abjuré par conviction profonde ?

 

 



07/03/2016
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