aujols-Laffont

E comme "esclop"

Mot occitan qui désigne le sabot et que l'on retrouve en français dans éclopé : qui se déplace difficilement mais étymologiquement à qui il manque un ou des sabots.

Dire que nos ancêtres n'étaient chaussés que de sabots ne fera pas un article passionnant (même si je suis issue d'une lignée de sabotiers de l'Aisne, les Hocry). Par contre, j'espère que cette photo va vous amuser :

 

esclop.PNG

                                                                                    Les Forges de Pyrène à Foix atelier du sabotier

 

Regardez bien, il s'agit d'un sabot de contrebandier avec le talon devant ! Il permettait au contrevenant de faire croire à d'éventuels poursuivants qu'il empruntait le chemin inverse... Beaucoup de gens dans la vallée devaient en posséder, car, passer les ports (cols) avec des denrées plus ou moins licites, permettait d'améliorer l'ordinaire. Les bergers montant aux estives connaissaient tous les chemins pour passer en Espagne, sentiers connus depuis les "Bons Hommes" cathares fuyant les Croisés et les Inquisiteurs jusqu'aux passeurs de la Seconde Guerre mondiale.

En fait, les liens entre le Couserans et le Val d'Aran sont immémoriaux et officialisés, depuis l'époque médiévale, par les "lies et passeries" qui définissaient les liens commerciaux et droits de pacage en haute montagne entre les deux versants de la chaîne Pyrénéenne. Habitués à passer la frontière impunément, les Massatois ne devaient pas se sentir des délinquants majeurs en ramenant de l'huile d'olive ou de la laine.

Ainsi les frères Loubet Rajol avaient "oublié" qu'il y avait 150 litres d'huile dans leur oustal, ils vont déclarer chez le Notaire le 22 Juin 1819 que l"huile saisie par les douaniers à leur domicile ne leur appartient pas et qu'ils ignoraient son existence... Je n'ai pas trouvé de jugement les concernant, leur déclaration a-t-elle fait son effet ? Mais ils ont enregistré une perte énorme avec la saisie de cette huile d'autant que la famille est répertoriée comme indigente.

Le 27 Septembre 1823, Pierre Menoret de Soulan est appelé à comparaitre par l'administration des Douanes car il a été surpris au port d'Aula avec 15 kg de laine qu'il ramène d'Espagne sans en avoir acquitté les droits :

contrebandier condamné.PNG

" coupable du délit qui lui est imputé en réparation de quoi l'a condamné et condamne à cinq jours de prison, cinq cents francs d'amende et aux dépends liquidés à trente deux francs et vingt sept centimes a déclaré bonne et valable la saisie de la laine dont il s'agit et ordonne que la condamnation ci-dessus prononcée serait payable par corps..." (AD 09)

Une bien mauvaise affaire, le kilo de laine de contrebande revient cher !



04/06/2015
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