aujols-Laffont

W comme Wisigoths

Même s'ils n'apparaissent pas très sympas au premier abord, ils me rendent bien service ces Wisigoths ! Et je n'invente rien, ils sont tout de même restés  plus de deux siècles en Couserans, du IV° siècle au VI° siècle, la défaite de Vouillé face aux armées de Clovis réduisit la partie "française" de leur royaume à la seule Septimanie, dans laquelle se trouvait encore l'actuel territoire de l'Ariège.

Wisigoths carte 2.PNG

Les Wisigoths sont chrétiens mais ariens (doctrine prêchée par Arius au IV° siècle) c'est à dire que, s'ils reconnaissent un Dieu en trois personnes, Père, Fils et Saint Esprit, ils ne mettent pas ces trois entités sur un pied d'égalité. Le Fils, engendré par le Père, ne pouvait être son égal. Ils furent décrétés hérétiques par le Concile de Nicée en 325, mais il fallut attendre 587 et le Concile de Tolède pour que le roi Récarède I° et plusieurs évêques abjurent l'hérésie qui, officiellement, disparut, bien que la majeure partie de la noblesse wisigothe y soit restée attachée... Leurs voisins et ennemis, les Francs, étaient, eux, en accord avec la doctrine de Rome et on assista, sans vouloir faire d'anachronisme, à une guerre de religion.

Les persécutions existèrent des deux côtés mais seules celles perpétrées par les Wisigoths (à terme vaincus, malheur à eux, selon l'adage romain) restèrent dans les mémoires et donnèrent naissance aux légendes entourant les premiers martyrs du Couserans.

Valérius, qui donna son nom au mont Valier, sommet emblématique, fut persécuté par le roi Wisigoth Alaric II. Quelques années après son trépas, son tombeau, situé dans l'église de Saint-Lizier (évêché du Couserans jusqu'au Concordat), fut ouvert et le corps du martyr fut trouvé allongé sur des feuilles de laurier demeurées fraiches. Ces feuilles furent distribuées à la population et devinrent de puissants remèdes, saint Valier entama alors sa destinée de saint thaumaturge, mais l'emplacement de son tombeau fut oublié. Deux ou trois siècles plus tard, Théodose, évêque du Couserans voulut l'identifier avec certitude parmi les deux sarcophages disposés près de l'autel. Il déposa une coupe avec un peu de vin sur chacun d'eux et ferma hermétiquement l'église. Le lendemain, l'une des coupes était remplie de vin à déborder, indiquant ainsi le tombeau. De nouveau dérangé dans son repos éternel, on trouva "le corps du saint entièrement conservé avec ses cheveux et sa barbe comme s'il venait d'être inhumé et répandant une ...bonne odeur" sans doute la fameuse "odeur de sainteté".

Saint Volusien, lui, fut victime d'Amalric, successeur d'Alaric II. Décapité entre Pamiers et Foix, peut-être près de Varilhes, son corps fut placé sur un char traîné par deux taureaux blancs et des faits prodigieux se produisirent pendant son dernier voyage, enfin les murailles de Foix s'entrouvrirent pour laisser passer le char. Après avoir tué Amalric à la bataille de Vouillé en 507, Clovis fit ériger une église à l'endroit où s'arrêta le char (Eglise Saint Volusien à Foix).

Il existait deux chapiteaux dans le cloitre du monastère Saint Volusien, jouxtant jadis l'église et  datant du XII° siècle, qui relatent cet épisode. On en retrouve deux reproductions dans un opuscule consacré à l'église par Louis Bareille, curé de Foix (non daté). Les voici :

martyr Saint Volusien 1.PNG

martur Saint Volusien 1.PNG

L'hérésie arienne reflua vers l'Espagne mais l'évêché wisigoth d'Elne (66) perdura jusqu'au VIII° siècle et disparut devant les invasions arabes après 719.

Le Couserans devait voir bien d'autres dissidences religieuses qualifiées d'hérésies par Rome : Cathares, Templiers, Protestants et même les Petchets.

 



26/06/2015
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