aujols-Laffont

Y comme Y'a toujours un Ariégeois dans le coin !

Ou le communautarisme des émigrés

Qu'ils migrent à Paris, en Algérie, à Toulouse ou à New York, les Ariégeois se regroupent dans leurs lieux d'exil. 

Ceux de New York, se regroupent régulièrement au rocher de Central Park, surnommé le « rocher d'Ercé » car on y rencontrait nombre de montreurs d'ours mais pas seulement. Là, ils peuvent y parler patois, échanger des souvenirs et nouvelles de la vallée, mais aussi et surtout s'entre aider, se donner des adresses d'embauche possible ; bref,  établir de nouvelles racines en essayant de ne pas oublier les anciennes.

A Toulouse, la plupart des migrants, sans un sou vaillant, exercent la profession de portefaix
portefaix 2.png

Ils ont le dos solide et entraîné pour avoir dès la prim' adolescence remonté, à dos d'homme, le fumier et la terre de leurs champs pentus ou descendu les foins voire la glace... Le quartier de Saint Cyprien, l'un des plus pauvres et des plus insalubres mais dont les loyers doivent être « modérés » regroupe beaucoup de ces « gagne-petit ».


J'ai retrouvé deux Laffont del Cardaÿre exerçant ce métier qui établissent procuration devant notaire pour traiter leurs « affaires » au pays, ici en 1855 :

 

Laffont portefaix Toulouse 1855.PNG

«  le sieur Baptiste Laffont portefaix domicilié à Toulouse où il demeure faubourg St Cyprien »

 

JP Laffont portefaix 1858.PNG

« L'an 1858 et le premier jour du mois d'Octobre, avant midi, à Massat … a comparu le sieur Jean-Pierre Laffont, portefaix, demeurant à Toulouse, rue Saint Nicolas n°7 »

 

Une Amicale se crée et publie un journal :

 

ariéjo de Toulouse.PNG

 

A Paris aussi ils sont portefaix ou porteurs d'eau ou de charbon, comme les Auvergnats, leurs compagnons de misère. Là aussi, ils publient un journal : L'Ariejo dins Paris" dès 1901.

 

Ariiéjo dins Paris.PNG

 

Il a un rôle identique, en fait, aux palabres du Roc d'Ercé américain : maintenir le lien avec la terre d'origine et faciliter l'ascension sociale des émigrés. Leur identité ariégeoise subsistera-t-elle longtemps ? Deux à trois générations, sans doute pas plus, mais la 4°, 5° ou 6° génération a découvert la généalogie !!

On trouve des journaux d'amicales dans les grandes villes comme Toulouse, Bordeaux, Lyon.

Ceux d'Algérie aussi publieront un périodique en 1902 :

 

journal en Algérie 2.png

 

Ceux qui migrèrent vers Foix, les basses plaines du Languedoc (Aude, Hérault, Gard) ou vers l'Aquitaine, se fondirent beaucoup plus rapidement dans la population locale, leur intégration étant favorisée par la langue, sans aucun doute.
Bien que différent, l'Occitan des plaines n'est pas un obstacle trop rigide pour ceux qui parlent un patois mitigé de Gascon comme les Couserannais.
Avec ceux qui « parlent pointu » au Nord ou Anglais, c'est une autre histoire …

 

Une autre « vague », illustrée par le roman de Loup Durand ( Kercabanac challenge 2015), se dirigera vers l'Amérique du Sud, hispanisante surtout. Là encore, la langue ne fut pas un gros obstacle à l'intégration. Mais je sais peu de choses sur cette migration sauf que mon « grand cousin » Mathieu se trouvait à Buenos Aires en 1914 (voir G Challenge 2016)



11/11/2020
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