aujols-Laffont

D come Dotalices

Autrement dit "le trousseau" que les parents ajoutent à la dot en numéraire. Il est plus ou moins détaillé suivant les groupes sociaux : ici, nous sommes chez des paysans peu fortunés, mes ancêtres! Voici une liste "classique" :

 

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 " un lit composé de couette et cousin, sans plume ni rideaux, sept linceuls de toile commune de maison et de grandeur ordinaire suivant l'usage du pays, dont six pour le dedans du lit et un pour le tour du lit ; deux couvertures de coupons d'étoffe dites de retaille ; une couverture de laine, deux serviettes ; une robe composée de veste et jupe, avec dessous, d'étoffe de maison noire ; une camizole de bure ; une caisse en bois de cerisier avec serrure, clé et ferrements et ce indépendamment des autres linges et hardes servant à l'usage journalier de la future épouse, les quelles hardes et dotalisses les parties ont  évalué à la somme de 100 fr sans que cette évaluation en fasse vente, et en ôte la propriété à la future épouse..." (CM Auriac Coupet Loubet Sounet du 10 Mai 1824 M° Espaignac)

 

Cette liste, qui a peu évolué pendant les 2 siècles d'actes notariés dont nous disposons dans la vallée de Massat (XVIII° et XIX° siècles) met en évidence une économie autarcique : les étoffes sont dites "de maison" aussi bien pour les linceuls que pour la robe c'est à dire tissées à l'oustal, la bure, elle, a du être fabriquée au moulin à foulon le plus proche (il en existe plusieurs dans la vallée) et la caïsho, le coffre, fabriquée aussi à la maison. Les seules pièces achetées sont les "ferrements" de la caisse. Ces biens sont d'autant plus précieux qu'ils constituent, avec une somme d'argent perçue par le futur, l'unique héritage de la fille.

Je n'ai trouvé qu'une fois mention des coiffes Massatoises (liadoures) , sur quelques centaines de CM photographiés ; sont-elles implicitement incluses dans les linges et hardes ?

 

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"une chemisette pour femme vulguèrement appelée camisole de bure, de quatre chemises, de huit voiles de tête vulguèrement appelés liadoures, de huit fichus vulguèrement appelés coularet, le tout de toile commune..." (CM de 1776)

 

On trouve parfois un ajout d'animaux, brebis suitée ou non, voire une "bedelle" (génisse). Il n'est jamais fait mention de vaisselle ou d'ustensiles de cuisine.

 

Dès le deuxième tiers du XIX° siècle, on assiste à la lente disparition du coffre (caïsho) remplacé par l'armoire basse puis, dans les années 1880, par l'armoire haute à deux ouvrants ; apparaissent aussi les couvertures du commerce, dont on indique le prix (10 à 15 fr le plus souvent) au cours de la liste et les plumes destinées à garnir couette et coussins sont désormais fournies.

 

Mais il faut bien que nos Ariègeois se singularisent : voici les "dots de gendre" (voir G 2015) :

 

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" Pour témoigner la satisfaction que leur cause ce mariage et pour aider en même temps à en supporter les charges, lesdits Jean_Pierre Rivère Bassinet et Annette Benazet Pissou, son épouse qu'il autorise, ont constitué et constitue en dot audit Gabriel Rivère Bassinet, leur fils futur époux, acceptant quatre draps de lit de toile commune de maison et une couverture de coupons d'étoffe évaluée à 15 fr et qu'ils s'obligent solidairement à lui remettre le jour de la noce... (CM du 6/12/1845) 

 

Terminons ce billet par un sourire même si la future épouse n'a peut-être pas apprécié : dans un CM du 16 Juin 1877, l'énumération commence bien et la future affiche un trousseau "dernier cri", linge rayé ou à carreaux, très "tendance" mais tout se gâte ensuite !

 

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" un lit composé de paillasse couette et coussins, sans plumes, avec des rideaux d'étoffe de coton à carreaux pour le devant du lit, le tout suivant l'usage du pays, trois couvertures dont deux de coupons d'étoffe et l'autre de laine de marchand ; un couvre-pied couvert d'indienne garni de coton, sept draps de lit de toile commune de maison et de grandeur ordinaire dont un pour le dessus rayé, un habit noir de mérinos avec un dessous en laine [une tenue pas vraiment amincissante...mais chaude!] ; la moitié d'une armoire en bois de cerisier pour le devant et les côtés seulement avec serrure, clés et ferrements, l'autre moitié à la charge du futur époux ; et tout ce indépendamment des linges et hardes journaliers de la future épouse..."

 

Cette moitié d'armoire peut encore poser bien des problèmes en cas de veuvage et de partage !!!

 

 

   



13/05/2016
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