aujols-Laffont

La dot, un sacrifice échelonné

Produire du numéraire, c'est toujours un problème dans les vallées car il circule peu, une vie en quasi autarcie et peu de commercialisation, c'est la vie quotidienne de nos ancêtres...

Payer les taxes, grève les revenus mais payer une dot pour marier une ou plusieurs filles, c'est le gros problème ! Pour ne pas paraître pingre et déchoir, le père se doit de proposer une dot décente, mais elle est pratiquement toujours supérieure à ses ressources disponibles :

 

doc1.PNG

 « ledit Vincent Loubet père d'icelluy pour tous deux accepte scavoir la somme de 75 livres, deux brebis sans suite, un lit de couette...[suivent les dottalices]

 

 Il faut donc échelonner le versement (même principe que dans le surendettement, me direz-vous ; bien sûr puisque c'en est un!)

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« ...laquelle constitution ledit Laffont promet et s'oblige payer aux futurs époux, scavoir le lit, les dottalices les brebis le jour de leur noce et laditte somme de septante cinq livres dans trois ans après la noce  qui sera par tiers au bout de chacune d'icelle sans intérêts ... »

 

Si le trousseau ( dottalices) est livré le jour du mariage (il ne faut pas que l'épouse quitte sa maison les mains vides!) il a demandé des années de travail et de sacrifice.

Le montant en numéraire, lui, attendra parfois plusieurs années.

Prenons des exemples pour illustrer nos propos :

 quittance dot 1758.PNG

« L'an 1758,et le dixième jour du mois de Juillet l'après midy au lieu de Massat en Couserans sénéchaussée de Pamiers par devant nous Jean Galin, notaire royal héréditaire des vallées de Massat et Boussenac soussigné et témoins bas nommés fut présent et constitué en personne Pierre Loubet de la Chique, fils le plus jeune de Vincent travailheur habitant au parsan de la Briolle en ladite vallée de Massat lequel en qualité de mary de Jeanne Laffont del Cardaÿre fille del Cardaÿre ... » [fait quittance du versement de la dot à sa belle famille]

 

Cette quittance de dot faisant suite aux épousailles de Jeanne Laffont del Cardaÿre et de Pierre Loubet de la Chique est datée du 10 Juillet 1758 ! Soit 12 ans après le mariage...! mais entre temps le père de Jeanne est décédé et ses frères ont dû honorer la dot de leur sœur, d'où sans doute, le délai de plusieurs années dans le versement !

 

On paie rarement la dot en parcelles de terres, cela affaiblirait l'oustal en réduisant sa surface cultivable et grèverait le train de vie ou de survie de ces familles pauvres.

Ce n'est qu'en cas d'extrême nécessité que le cap d'oustal s'y résout pour solder la dette et éviter le déshonneur...

 

don d'un pré pour paiement de dot 1827 dot 350 fr.PNG

 « commune de Boussenac, lequel ne pouvant se libérer en espèces métalliques au cours de ce jour de la constitution dotale faite à Marie Piquemal Lagorre , sa fille, épouse de Jean Piquemal Barou dans son contrat de mariage au rapport de nous Notaire en sa date enregistré , cède et abandonne avec toutes les garanties à son gendre, cultivateur demeurant au Rieuprégon, susditte commune de Boussenac présent et acceptant à compte de l'entière constitution ci dessus et pour et jusques à concurrence de la somme de deux cents francs, un pré dit dejous Lacouère... »

 

Après plusieurs années, une quittance entre le beau-père et le gendre soldera le contentieux et établira devant Notaire la réalité de l'intégral versement de l'engagement !

C'est aussi un moyen d'éviter les contestations au moment de la succession du Patriarche ou de l'époux  ! Et une sécurité pour l'épouse, en cas de veuvage, elle bénéficiera de son légitime, à elle propre.

 

 



16/09/2019
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