aujols-Laffont

FAITS DIVERS à MASSAT




Un crime dans une vallée paisible

 

Les vallées assez isolées du Couserans, outre leur beauté peuvent vanter leur calme tout au moins en apparence ! Au pire, on signale quelques échanges de « noms d'oiseaux » voire d'injures car nos ancêtres ont le verbe haut, le sang chaud et un vocabulaire très fleuri dans ce domaine (hommes et femmes)

Dans de rares cas, des échanges d'horions mais rarement des faits plus graves ou comme le diraient les juristes des circonstances qui peuvent entraîner la mort (chute sur un caillou, sur une pente, sur un objet pointu...) mais sans intention de la donner.

 

Mais sous cette paix apparente peuvent exister de vieilles rancunes voire des haines qui somnolent depuis des décennies ; c'est peut être le cas pour le crime d'Ercé en Décembre 1932 :

 

ex 1.png
 

 

Les faits et la découverte de la victime :

 

 ex 2.png

 

ex 3.png

 

 ex 4.png

 

ex 5.png

 

C'est inévitable dans les villages ! Chacun a son explication et ajoute ses arguments plus ou moins exacts

Mais le 22 Décembre suivant, la Dépêche nous révèle un scoop : 

  ex 10.png

 

Que savait Jean Icart et a-t-on voulu être sûr qu'il reste muet sur son lit de mort ?

 

 ex 7.png

Aucun coupable n'est nommé ni pour le père ni pour le fils ! Quelle est donc cette famille ennemie jamais nommée sauf, sans doute dans les ragots du hameau ?

 

Pour ceux qui se sentirait l'âme d'un écrivain de roman policier, voici la trame et je n'ai pas trouvé dans le journal, même passé au peigne fin, la trace du moindre suspect et donc pas de dénouement L'auteur serait donc libre d'autant que dans cet article je ne vous ai pas donné tous les détails du voisinage et la description horrible du corps

Une hache marquée de sang peut aussi être mentionnée sans oublier la plaisanterie macabre que voici :

 

 ex 8.png

 

ex 9.png

 

 


12/06/2024
0 Poster un commentaire

accidents à Massat

 Si vos ancêtres ne sont pas des notables, vous pouvez malgré tout retrouver leur nom dans les colonnes d'un journal ancien mais cela augure mal de leur destin 

  

 

accident Massat 27-6-1904.PNG

27-6-1904

 

 

 

 

 

 

accident Massat 11-1-1908.png

11-1-1908

 

 

 

 

 

Massat accident mortel 25-5-1913.png

25-5-1913

 

Malgré l'arrivée du progrès et de nouveaux moyens de transport, ici que des accidents "à l'ancienne" !

Pas de drames dus au chemin de fer alors qu'on en trouve pléthore dans les quotidiens, Massat est à l'abri n'ayant ni train ni tramway ou autocar sillonnant la commune 

Le seul accident d'automobile jusqu'à la seconde guerre fut sans conséquences graves : une simple sortie  de route  

 

 

 

Massat accident d'auto 16-7-1913.png

16-7-1913


28/05/2024
0 Poster un commentaire

Massat et ses curés

 

Pas facile d'être curé à Massat ! La moindre incartade vous donne droit aux pages de la Dépêche ce dont ce curé se serait bien passé je suppose :

 

curé Massat gros dormeur ... 19-10(1885.PNG

19-10-1885

 

curé Massat gros dormeur ... 22-10(1885..PNG

22-10-1885

 

curé Massat gros dormeur ... 24-10(1885..PNG

24-10-1885

Non seulement il faut être "lève tôt" mais il faut aussi savoir faire la pluie et le beau temps avec l'assistance du Patron bien sûr et le coup de main de saint Pierre ! 

 

 

curés de Massat 22-9-1882.PNG
 

22-9-1882

Mais comment attirer l'attention du Bon Dieu sans faire de processions ?

 

manifestations religieuses Massat 1-7-1909 1.png

 

manifestations religieuses Massat 1-7-1909 2.png
 

 1-7-1909


31/01/2024
0 Poster un commentaire

Drame à la prison de Massat

 

Je suis comme vous, j'apprends l'existence de cette prison grâce à ce texte de 1698 !

 

La nuit du 3 au 4 Juillet, deux femmes au moins y sont incarcérées : Jeanne Galy et Marie Maurette qui, ne semblent pas s'entendre à merveille...et Jeanne Galy fait une tentative de suicide

 

La déclaration est faite le 5 devant M° Jean Espaignac notaire par Pierre Teichenné « bailli et geôlier » et Jean Degeil qui l'hébergeait, Pierre Galy Chipeu et Anthoine Bardies tisserands

 les faits la suicidée.PNG

« ...Jeanne Galy veuve de Jean Piquemal peruquat prévenue prisonnière et détenue dans les prisons seigneurialles dudit Massat s'était précipitée par les fenestres en bas de ladite prison qui est toute proche de leur maison sur quoy il y avait acorru et avait trouvé ladite Galy prisonnière couchée à terre sous les fenestres [de la dite?] prison, toute pamée et presque morte ?? chanoine dudit Massat la exortait ce qui luy donna lieu d'en aller advertir au même instant les sieurs Laurent Delage premier consul et Jean Galin procureur fiscal dudit Massat lesquels s'étant transporté... »

 

Blessée mais encore vivante, Jeanne Galy peut témoigner du déroulement des faits :

 

témoignage de la suicidée 1.PNG
 

témoignage de la suicidée 2.PNG

« ...avons trouvé la dite Jeanne Galy prisonnière en l'état susdit, et s'étant quelque temps après remise, il luy avait demandé en présence des susnommés et autres la raison pour laquelle elle s'était précipitée par les fenestres dela dite prison en bas vu qu'icelles fenestres ont 7 canes ou environ de haut, a quoy elle luy répondit que Marie Maurette femme de Jacou aussy prisonnière et détenue dans une autre chambre plus bas de ladite prison monta ce même soir jusques à la porte de la chambre où elle etait et luy ...

dit qu'un bourreau était arrivé pour la pandre et que pour quitter et supplier elle n'avait qu'à se précipiter par les fenestres en bas et que si elle ne mourait pas du coup ; elle ferait bien de s'aller jeter à la rivière, et après plusieurs insistances et sollicitations que ladite Maurette luy fit la dessus elle se serait précipitée par les dites fenestres en bas, et ensuite le comparant remit la dite Galy dans la prison »

 

Bien, Jeanne est retrouvée dans un sale état mais nul ne songe à appeler un médecin ou un chirurgien pour la soigner ou au moins constater ses blessures, fractures etc... d'autant qu'à la même époque il semble y avoir un hôpital à Massat (sur lequel je cherche vainement, pour l'instant, des renseignements concernant son emplacement, l'ordre religieux qui en est en charge, époque de création et de disparition par exemple)

 

Pourtant il semble que son geôlier soit tout de même attentionné et fasse tout son possible : changement de chambre, nourriture et visites régulières

  soins et surveillance.PNG

« une chambre ou lad Maurette estait,et fit monter icelle Maurette à la chambre ou ladite Galy estait, auparavant, a laquelle Galy le comparant donna du bouilhon et en prit tout les soings possible le jour d'hier Même la visita à 10 heures du soir et la laissa asses en bon estat, mais ce jourd'huy ayant esté la voir à 4h du matin l'avait trouvée morte au même endroit qu'il l'avait laissée le soir passé »

 

 Ce n'est donc qu'après la mort de Marie que Pierre Teichenné prévient les autorités. A-t-il peur d'être accusé de négligence ? Comment peut-on se défenestrer dans un prison ? N'y a-t-il pas de barreaux ? Les fenêtres ne peuvent-elles pas être fermées, bloquées ?

 

En tout cas, ce n'est qu'après le décès de Marie que l'on constate ses blessures puisque le premier consul et le procureur fiscal (Laurent Delage et Jean Galin) prévenus vers 6 ou 7 heures du matin (Marie a été trouvée morte à 4h, décidemment nous n'avons pas la même notion de l'urgence que nos ancêtres...)

 

 

constat des chirurgiens.PNG
 
« ...morte dans ladite prison ce quy les avait obligé d'appeler les sieurs Jean Soum et Jean Fenouilhet, chirurgiens habitants de Massat pour aller avec eux dans ladite prison visiter ledit cadavre et ayant offert de ce faire ils sont entrés tous ensemble dans la chambre de la prison ou ladite Galy estait et l'avaient trouvé morte et ensuite les dits Soum et Fenouilhet l'ayant visitée en leur présence ils avaient fait voir auxdits comparants qu'elle avait plusieurs contusions par tout son corps et des os fraquassés dequoy ils avaient auxdits Soum et Fenouilhet d'en dresser leur rellation... »

  

Nous voilà bien avancés ! Cette femme se jette par la fenêtre et a des hématomes et des fractures, il n'est pas nécessaire d'être grand clerc pour établir ce bilan ! Mais où se situent les fractures ? Je n'ai pas retrouvé de procès verbal des constatations des chirurgiens. Pourquoi Marie était elle "en assez bon état" à 22h et morte à 4h ? Il semble bien que nous ne le saurons jamais !

 

Où fut-elle inhumée ? Dans le quartier des réprouvés du cimetière de Massat ou dans la tombe familiale ? Quel crime avait-elle commis pour se retrouver incarcérée et en risque d'être pendue ?

 

 

 

 

 

 


25/05/2022
3 Poster un commentaire

Une rixe qui tourne au drame

Nul besoin de fusils pour faire des blessés graves, un bon bâton ferré peut faire l'affaire...ce bâton est utilisé quotidiennement par tous les montagnards pour aider à marcher, à se frayer un chemin ou se défendre et il peut devenir une arme redoutable :

Voici la description de la rixe recueillie par le juge de Paix et les gendarmes grâce à 4 témoins « auditifs » en Thermidor de l'an IV :

 

rixe rapportée par le juge de Paix de 4 témoins auditifs.PNG
 
« ...que le 10 Thermidor dernier [an IV] vers les 8 heures du soir on entendit distinctement la voix de Jean Galy Jamou et de François Galy Tristant prévenus, qui se querellaient vivement avec Louis Galy Roquefort del piquié, Jeanne Sutra sa femme et Jean Galy Roquefort son fils, à la ferme de Rapet au territoire de Massat, qu'on entendit des coups de bâton donnés en plusieurs reprises sans savoir par qui et sur qui ils étaient portés, que bientôt après ayant été accouru près d'une grange possédée par ledit Galy Roquefort del piquié, sa femme et son fils ; à l'endroit appelé la ferme de Rapet, ils furent trouvés tous les 3 étendus parterre, ensanglantés, sans connaissance et sans mouvement, et qu'ils furent transportés dans leur domicile ... »

 

Louis Galy Roquefort blessé et gisant sur son lit ne parle pas de querelle verbale et et décrit la rixe comme une attaque physique soudaine :

 la rixe déroulement.PNG

« Jamou et Galy Tristant se sont jetés sur lui et lui ont porté plusieurs coups, savoir ledit Galy Tristant avec un gros bâton et ledit Galy Jamou avec les grosses pierres et des ardoises qu'il lui lançait de toute sa force du haut de la fenêtre de la grange... »

 

Autre détail à noter dans cette affaire tous les protagonistes sont des Galy ! Ce qui remet en lumière l'importance des sobriquets : les victimes sont des Galy Roquefort et les supposés agresseurs (ils ne sont pas encore jugés) un Galy Jamou et un Galy Tristant. A ma connaissance, ils ne sont pas apparentés même par alliance. Si les sobriquets avaient été omis, il était possible de croire à une querelle de famille ce qui n'est pas le cas !

 

Quel est l'origine de ce conflit ? Il semble que ce soit l'usage d'une grange qui soit en cause :

 cause de la rixe.PNG

« temps, le lieu et la manière dont il a reçu les blessures dont il nous a dit être atteint, le blessé nous a répondu que le 10 du courant entre 7 et 8 heures du soir passant près d'une grange qu'il possède au dit lieu à quelque distance de son domicile, il s'apperçut que les nommés Jean Galy Jamou fils aîné de Jean Pierre et François Galy Tristant gendre del rasclaire habitant dudit Massat démolissaient la muraille qui est à l'aspect du Septentrion que s'étant approché pour s'opposer à cette entreprise ... »

 

Bon, nous avons 3 blessés chez les Galy Roquefort ; le père, la mère (les femmes ne sont pas moins redoutables dans les vallées...) et le fils ; mais ils sont encore vivants et conscients. Leurs blessures peuvent donc être constatées par le chirurgien, lui aussi un Galy Roquefort : en premier celles du père, puis de la mère et du fils

 

les blessures mieux écrit 1.PNG
 

les blessures mieux écrit 2.PNG

 « Ledit Louis Galy Roquefort fut trouvé dans sa maison couché dans un lit, ayant à la tête une plaie contuze avec perte de substance et dénudation de l'os appelé coronal, une forte contusion à l'articulation du bras avec l'épaule droite, une autre sur le côté gauche de la poitrine et une plaie contuze près de l'orteil du pied avec un grand danger pour la vie du malade ; que ladite Jeanne Sutra fut aussi trouvée couchée dans un lit avec 2 playes contuze dont l'une sur la partie supérieure du coronal avec dénudation de l'os et l'autre sur le pariétaux près la suture sagitalle de la longueur d'environ 3 pouces, plus une 3° contusion sur l'épaule gauche toutes menaçant la vie de la malade ; que le dit Galy Roquefort fils fut aussi trouvé ayant une plaie contuze au centre du coronal n'ayant point de senthomes qui annoncassent des suites facheuses... »

 

Les blessés indiquent l'identité des coupables  et les témoins entendus par le juge de Paix disent les avoir reconnu à leur voix

 

L'agression ou la rixe se déroule le 10 Thermidor an IV ; dès le 17 suivant, un huissier arrive chez les accusés pour leur signifier d'avoir à comparaître devant M° Galin, juge de Paix ; ils sont absents...

Le 22 Thermidor, nouvelle visite de l'huissier et des gendarmes pour le même motif , ils sont toujours absents . Ils remettent leurs convocations au membre de la famille qu'ils trouvent sur place.

Ils restent introuvables malgré une perquisition à leur domicile ; comme tout montagnard en situation compliquée, ils ont dû grimper dans une borde d'altitude ou carrément franchir la frontière.

Effectivement à la fin du dossier disponible sous la cote 15L2, ils ne sont pas retrouvés et font donc l"objet d'une ordonnance de prise de corps :

 

ordonnance de prise de corps.PNG
 
« ordonnons en vertu de l'article 258du code des délits et des peines que les dits Galy Jamou fils aîné de Jean Pierre et François Galy Tristant gendre del Rasclaire , cultivateurs demeurant à Lirbat commune de Massat prévenus de meurtres et d'excès dont nous ne pouvons faire le signalement pour ne les avoir jamais connus seront pris au corps et conduits directement en la maison de justice du tribunal criminel du département de l'Ariège soit à Foix... »

  

Entre temps, Louis Galy Roquefort et son fils sont décédés de leurs blessures et les « excès » ont été requalifiés en meurtres !

 

Je n'ai pas, pour l'instant, retrouvé trace de leur arrestation ni de leur condamnation, pas même par contumace.

Là, il semble y avoir eu rixe mais pas de volonté de tuer, seulement de « rosser », « de donner une leçon » ; seulement les Massadels ont le coup de bâton assez appuyé... et nous ne disposons que de la version des victimes Comment la rixe de verbale est-elle devenue physique et armée ???


09/02/2020
2 Poster un commentaire