aujols-Laffont

FAITS DIVERS à MASSAT




Massat et ses curés

 

Pas facile d'être curé à Massat ! La moindre incartade vous donne droit aux pages de la Dépêche ce dont ce curé se serait bien passé je suppose :

 

curé Massat gros dormeur ... 19-10(1885.PNG

19-10-1885

 

curé Massat gros dormeur ... 22-10(1885..PNG

22-10-1885

 

curé Massat gros dormeur ... 24-10(1885..PNG

24-10-1885

Non seulement il faut être "lève tôt" mais il faut aussi savoir faire la pluie et le beau temps avec l'assistance du Patron bien sûr et le coup de main de saint Pierre ! 

 

 

curés de Massat 22-9-1882.PNG
 

22-9-1882

Mais comment attirer l'attention du Bon Dieu sans faire de processions ?

 

manifestations religieuses Massat 1-7-1909 1.png

 

manifestations religieuses Massat 1-7-1909 2.png
 

 1-7-1909


31/01/2024
0 Poster un commentaire

Drame à la prison de Massat

 

Je suis comme vous, j'apprends l'existence de cette prison grâce à ce texte de 1698 !

 

La nuit du 3 au 4 Juillet, deux femmes au moins y sont incarcérées : Jeanne Galy et Marie Maurette qui, ne semblent pas s'entendre à merveille...et Jeanne Galy fait une tentative de suicide

 

La déclaration est faite le 5 devant M° Jean Espaignac notaire par Pierre Teichenné « bailli et geôlier » et Jean Degeil qui l'hébergeait, Pierre Galy Chipeu et Anthoine Bardies tisserands

 les faits la suicidée.PNG

« ...Jeanne Galy veuve de Jean Piquemal peruquat prévenue prisonnière et détenue dans les prisons seigneurialles dudit Massat s'était précipitée par les fenestres en bas de ladite prison qui est toute proche de leur maison sur quoy il y avait acorru et avait trouvé ladite Galy prisonnière couchée à terre sous les fenestres [de la dite?] prison, toute pamée et presque morte ?? chanoine dudit Massat la exortait ce qui luy donna lieu d'en aller advertir au même instant les sieurs Laurent Delage premier consul et Jean Galin procureur fiscal dudit Massat lesquels s'étant transporté... »

 

Blessée mais encore vivante, Jeanne Galy peut témoigner du déroulement des faits :

 

témoignage de la suicidée 1.PNG
 

témoignage de la suicidée 2.PNG

« ...avons trouvé la dite Jeanne Galy prisonnière en l'état susdit, et s'étant quelque temps après remise, il luy avait demandé en présence des susnommés et autres la raison pour laquelle elle s'était précipitée par les fenestres dela dite prison en bas vu qu'icelles fenestres ont 7 canes ou environ de haut, a quoy elle luy répondit que Marie Maurette femme de Jacou aussy prisonnière et détenue dans une autre chambre plus bas de ladite prison monta ce même soir jusques à la porte de la chambre où elle etait et luy ...

dit qu'un bourreau était arrivé pour la pandre et que pour quitter et supplier elle n'avait qu'à se précipiter par les fenestres en bas et que si elle ne mourait pas du coup ; elle ferait bien de s'aller jeter à la rivière, et après plusieurs insistances et sollicitations que ladite Maurette luy fit la dessus elle se serait précipitée par les dites fenestres en bas, et ensuite le comparant remit la dite Galy dans la prison »

 

Bien, Jeanne est retrouvée dans un sale état mais nul ne songe à appeler un médecin ou un chirurgien pour la soigner ou au moins constater ses blessures, fractures etc... d'autant qu'à la même époque il semble y avoir un hôpital à Massat (sur lequel je cherche vainement, pour l'instant, des renseignements concernant son emplacement, l'ordre religieux qui en est en charge, époque de création et de disparition par exemple)

 

Pourtant il semble que son geôlier soit tout de même attentionné et fasse tout son possible : changement de chambre, nourriture et visites régulières

  soins et surveillance.PNG

« une chambre ou lad Maurette estait,et fit monter icelle Maurette à la chambre ou ladite Galy estait, auparavant, a laquelle Galy le comparant donna du bouilhon et en prit tout les soings possible le jour d'hier Même la visita à 10 heures du soir et la laissa asses en bon estat, mais ce jourd'huy ayant esté la voir à 4h du matin l'avait trouvée morte au même endroit qu'il l'avait laissée le soir passé »

 

 Ce n'est donc qu'après la mort de Marie que Pierre Teichenné prévient les autorités. A-t-il peur d'être accusé de négligence ? Comment peut-on se défenestrer dans un prison ? N'y a-t-il pas de barreaux ? Les fenêtres ne peuvent-elles pas être fermées, bloquées ?

 

En tout cas, ce n'est qu'après le décès de Marie que l'on constate ses blessures puisque le premier consul et le procureur fiscal (Laurent Delage et Jean Galin) prévenus vers 6 ou 7 heures du matin (Marie a été trouvée morte à 4h, décidemment nous n'avons pas la même notion de l'urgence que nos ancêtres...)

 

 

constat des chirurgiens.PNG
 
« ...morte dans ladite prison ce quy les avait obligé d'appeler les sieurs Jean Soum et Jean Fenouilhet, chirurgiens habitants de Massat pour aller avec eux dans ladite prison visiter ledit cadavre et ayant offert de ce faire ils sont entrés tous ensemble dans la chambre de la prison ou ladite Galy estait et l'avaient trouvé morte et ensuite les dits Soum et Fenouilhet l'ayant visitée en leur présence ils avaient fait voir auxdits comparants qu'elle avait plusieurs contusions par tout son corps et des os fraquassés dequoy ils avaient auxdits Soum et Fenouilhet d'en dresser leur rellation... »

  

Nous voilà bien avancés ! Cette femme se jette par la fenêtre et a des hématomes et des fractures, il n'est pas nécessaire d'être grand clerc pour établir ce bilan ! Mais où se situent les fractures ? Je n'ai pas retrouvé de procès verbal des constatations des chirurgiens. Pourquoi Marie était elle "en assez bon état" à 22h et morte à 4h ? Il semble bien que nous ne le saurons jamais !

 

Où fut-elle inhumée ? Dans le quartier des réprouvés du cimetière de Massat ou dans la tombe familiale ? Quel crime avait-elle commis pour se retrouver incarcérée et en risque d'être pendue ?

 

 

 

 

 

 


25/05/2022
3 Poster un commentaire

Une rixe qui tourne au drame

Nul besoin de fusils pour faire des blessés graves, un bon bâton ferré peut faire l'affaire...ce bâton est utilisé quotidiennement par tous les montagnards pour aider à marcher, à se frayer un chemin ou se défendre et il peut devenir une arme redoutable :

Voici la description de la rixe recueillie par le juge de Paix et les gendarmes grâce à 4 témoins « auditifs » en Thermidor de l'an IV :

 

rixe rapportée par le juge de Paix de 4 témoins auditifs.PNG
 
« ...que le 10 Thermidor dernier [an IV] vers les 8 heures du soir on entendit distinctement la voix de Jean Galy Jamou et de François Galy Tristant prévenus, qui se querellaient vivement avec Louis Galy Roquefort del piquié, Jeanne Sutra sa femme et Jean Galy Roquefort son fils, à la ferme de Rapet au territoire de Massat, qu'on entendit des coups de bâton donnés en plusieurs reprises sans savoir par qui et sur qui ils étaient portés, que bientôt après ayant été accouru près d'une grange possédée par ledit Galy Roquefort del piquié, sa femme et son fils ; à l'endroit appelé la ferme de Rapet, ils furent trouvés tous les 3 étendus parterre, ensanglantés, sans connaissance et sans mouvement, et qu'ils furent transportés dans leur domicile ... »

 

Louis Galy Roquefort blessé et gisant sur son lit ne parle pas de querelle verbale et et décrit la rixe comme une attaque physique soudaine :

 la rixe déroulement.PNG

« Jamou et Galy Tristant se sont jetés sur lui et lui ont porté plusieurs coups, savoir ledit Galy Tristant avec un gros bâton et ledit Galy Jamou avec les grosses pierres et des ardoises qu'il lui lançait de toute sa force du haut de la fenêtre de la grange... »

 

Autre détail à noter dans cette affaire tous les protagonistes sont des Galy ! Ce qui remet en lumière l'importance des sobriquets : les victimes sont des Galy Roquefort et les supposés agresseurs (ils ne sont pas encore jugés) un Galy Jamou et un Galy Tristant. A ma connaissance, ils ne sont pas apparentés même par alliance. Si les sobriquets avaient été omis, il était possible de croire à une querelle de famille ce qui n'est pas le cas !

 

Quel est l'origine de ce conflit ? Il semble que ce soit l'usage d'une grange qui soit en cause :

 cause de la rixe.PNG

« temps, le lieu et la manière dont il a reçu les blessures dont il nous a dit être atteint, le blessé nous a répondu que le 10 du courant entre 7 et 8 heures du soir passant près d'une grange qu'il possède au dit lieu à quelque distance de son domicile, il s'apperçut que les nommés Jean Galy Jamou fils aîné de Jean Pierre et François Galy Tristant gendre del rasclaire habitant dudit Massat démolissaient la muraille qui est à l'aspect du Septentrion que s'étant approché pour s'opposer à cette entreprise ... »

 

Bon, nous avons 3 blessés chez les Galy Roquefort ; le père, la mère (les femmes ne sont pas moins redoutables dans les vallées...) et le fils ; mais ils sont encore vivants et conscients. Leurs blessures peuvent donc être constatées par le chirurgien, lui aussi un Galy Roquefort : en premier celles du père, puis de la mère et du fils

 

les blessures mieux écrit 1.PNG
 

les blessures mieux écrit 2.PNG

 « Ledit Louis Galy Roquefort fut trouvé dans sa maison couché dans un lit, ayant à la tête une plaie contuze avec perte de substance et dénudation de l'os appelé coronal, une forte contusion à l'articulation du bras avec l'épaule droite, une autre sur le côté gauche de la poitrine et une plaie contuze près de l'orteil du pied avec un grand danger pour la vie du malade ; que ladite Jeanne Sutra fut aussi trouvée couchée dans un lit avec 2 playes contuze dont l'une sur la partie supérieure du coronal avec dénudation de l'os et l'autre sur le pariétaux près la suture sagitalle de la longueur d'environ 3 pouces, plus une 3° contusion sur l'épaule gauche toutes menaçant la vie de la malade ; que le dit Galy Roquefort fils fut aussi trouvé ayant une plaie contuze au centre du coronal n'ayant point de senthomes qui annoncassent des suites facheuses... »

 

Les blessés indiquent l'identité des coupables  et les témoins entendus par le juge de Paix disent les avoir reconnu à leur voix

 

L'agression ou la rixe se déroule le 10 Thermidor an IV ; dès le 17 suivant, un huissier arrive chez les accusés pour leur signifier d'avoir à comparaître devant M° Galin, juge de Paix ; ils sont absents...

Le 22 Thermidor, nouvelle visite de l'huissier et des gendarmes pour le même motif , ils sont toujours absents . Ils remettent leurs convocations au membre de la famille qu'ils trouvent sur place.

Ils restent introuvables malgré une perquisition à leur domicile ; comme tout montagnard en situation compliquée, ils ont dû grimper dans une borde d'altitude ou carrément franchir la frontière.

Effectivement à la fin du dossier disponible sous la cote 15L2, ils ne sont pas retrouvés et font donc l"objet d'une ordonnance de prise de corps :

 

ordonnance de prise de corps.PNG
 
« ordonnons en vertu de l'article 258du code des délits et des peines que les dits Galy Jamou fils aîné de Jean Pierre et François Galy Tristant gendre del Rasclaire , cultivateurs demeurant à Lirbat commune de Massat prévenus de meurtres et d'excès dont nous ne pouvons faire le signalement pour ne les avoir jamais connus seront pris au corps et conduits directement en la maison de justice du tribunal criminel du département de l'Ariège soit à Foix... »

  

Entre temps, Louis Galy Roquefort et son fils sont décédés de leurs blessures et les « excès » ont été requalifiés en meurtres !

 

Je n'ai pas, pour l'instant, retrouvé trace de leur arrestation ni de leur condamnation, pas même par contumace.

Là, il semble y avoir eu rixe mais pas de volonté de tuer, seulement de « rosser », « de donner une leçon » ; seulement les Massadels ont le coup de bâton assez appuyé... et nous ne disposons que de la version des victimes Comment la rixe de verbale est-elle devenue physique et armée ???


09/02/2020
2 Poster un commentaire

Un acte de notoriété pour le moins bizarre !!


Durant le challenge, je vous avez prévenu que je ferai bientôt appel à tous les Sherlock Holmes et les Dr Watson de la blogosphère et bien voici le sujet de l'énigme :

" L'an 1868 et le 8° jour du mois de Décembre, après midi, à Massat, par devant nous Louis Marie Adolphe Galy Gasparrou, avocat notaire à la résidence de Massat, département de l'Ariège et les témoins bas nommés dans notre étude, ont comparus : les sieurs Jean Laffont Lagras, cordonnier, âgé de 72 ans, Vincent Piquemal Mongerma, carrilloneur, âgé de 60 ans, Jean Auriac Lamayrat, âgé de 72 ans, propriétaire, âgé de 55 ans et Baptiste Loubet Rajol, fils de feu Guillaume, cultivateur, âgé de 58 ans.Tous habitants de la commune de Massat. Lesquels ont par la présente attesté pour vérité et notoriété où qu'il appartiendra :

1) Que Loubet Rajol Jean Pierre né à Massat le 28 Février 1816 et Loubet Pierre décédé à San francisco le 7 Juillet 1867 et déclaré dans son acte de décès né à Aspet est la même personne.

2) Que du mariage de Loubet Rajol Jean Pierre et de Madeleine Teichéné, décédée, il n'est né que trois enfants : le dit Loubet Rajol Jean Pierre, la dame Marie Loubet Rajol épouse de Raymond Bataille et la dame autre Marie Loubet Rajol épouse Pradal.

3) Que Marie Loubet Rajol épouse Pradal est mariée sous le régime de la communauté

4) Et enfin que le dit Loubet Rajol Jean Pierre, père, désigné : dans l'acte de naissance de son fils Jean Pierre sous le nom et prénom de Loubet Rajol Jean blanc Jean ; dans l'acte de naissance de sa fille Marie sous le nom et prénom de Loubet Rajol dit Mondet et dans son acte de décès sous les nom et prénom de Jean Loubet Rajol [erreur du notaire dans l'acte de décès son prénom est Pierre]; et dans l'acte civil de mariage de sa fille Marie avec Raymond Bataille sous les nom et prénom de Jean Loubet Rajol, est le même individu malgré ces dissemblances dans les noms et prénoms..."

Bon, voulez-vous un cachet contre la migraine ?? A mon goût, il y a tout de même un peu trop de "dissemblances" selon le terme employé par ce cher M° Galy Gasparrou ! Et même en Couserans, je n'ai jamais vu autant d'approximations. Des changements de prénoms, certes, on en trouve ; les Jean Pierre se trouvant prénommés tantôt Jean tantôt Pierre, voire Pey Joan, ce n'est pas très rare. Des changements de sobriquets, cela arrive (dit Mondet). Que les deux soient associés à la même personne, cela devient beaucoup plus rare et qu'enfin un moribond à l'autre bout du monde, se trompe sur son lieu de naissance alors qu'on a vu et revu l'attachement des Massatois à leur vallée... là, franchement, ça m'interpelle vraiment. L'épouse du défunt a eu, elle aussi, la "bonne idée" de décéder, ne restent donc que des héritiers potentiels et les Loubet sont légion, nous l'avons vu ! Alors en trouver un qui a migré est un jeu d'enfant !

Première recherche, la transcription de l'acte de décès : aucune trace à Massat, bien entendu, puisqu'il se trouve à Aspet comme indiqué par le défunt !

+ Loubet Pierre San Francisco Aspet 31 1.PNG

+ Loubet Pierre San Francisco Aspet 31 2.PNG

+ Loubet Pierre San Francisco Aspet 31 3.PNG

 "Du Mercredi 10° jour du mois de Juillet 1867 à midi

Acte de décès de Pierre Loubet, rémouleur, marié, demeurant à San Francisco et y décédé le 7 Juillet 1867, à 7 heures et demie  du soir, âgé de 51 ans environ, natif d'Aspet, arrondissement de Saint Gaudens, Haute Garonne, sur la déclaration à nous faite par Messieurs Adrien Durand collecteur à la Société de bienfaisance mutuelle, âgé de 22 ans et Henri Hellersmann, collecteur de la société de secours français, âgé de 44 ans, demeurant tous deux à San Francisco et ont signé après lecture faite..." Acte transcris le 8 Décembre 1867 à Aspet Haute Garonne (AD 31 en ligne)

Nous apprenons donc qu'il est rémouleur et qu'il est marié ! et non veuf. N'a-t-il pas été informé du décès de sa femme en son absence ou est-il parti après son veuvage et s'est-il remarié outre Atlantique ?

Outre tous les actes qu'il va falloir rechercher pour étayer l'acte de notoriété, il faudra trouver l'acte de décès de Madeleine Teichené, sans avoir son sobriquet, et des Teichené (signifiant tisserand) il y en a pléthore en cette vallée ; en série M, chercher le passeport du défunt et un éventuel mariage au Etats-Unis. De quoi agrémenter les soirées d'hiver : 5 actes de naissance, 3 mariages (le fils Jean Pierre ne semble pas avoir convolé) et un décès en Ariège.

Il va aussi falloir mener la même quête à Aspet où il existe une famille Loubet !!!

Déjà, j'entrevois une difficulté : l'époux de la première (?) Marie s'appelle Bataille, patronyme que je n'ai jamais rencontré à Massat sauf dans des sobriquets "dit Bataillé"... un "étranger" à la vallée !

Pour corser l'affaire, dans les recensements américains, on ne trouve qu'un Pierre Labet !

Je tiens à vous prévenir : je n'ai pas la solution ! Je cherche à savoir si cet acte de notoriété est un tissu d'approximations pour tenter de s'approprier les éventuels biens de l'Américain aux dépends des descendants d'un natif d'Aspet ou s'il s'agit bien de Jean Pierre Loubet Rajol comme l'atteste M° Galy Gasparrou "avocat notaire".

Dernière interrogation : comment la nouvelle du décès de cet homme est-elle parvenue à Massat ? Un colporteur ? Et s'il est d'Aspet, ce cher Jean Pierre, n'y a-t-il plus d'ayant droit ?

 

 

 


09/07/2015
2 Poster un commentaire

La "male mort" et les femmes (5)

" La mort prématurée est aussi une "male mort" et frappe la femme enceinte, morte en couches ou qui vient d'accoucher" (site Encyclopédie sur la mort, article "male mort").

Je ne me souviens plus où j'avais trouvé ce dicton peu rassurant "femme en gésine a déjà un pied dans la tombe" (peut -être dans "Mourir autrefois" de Michel Vovelle) en tout cas il reflète bien les dangers de l'enfantement sous l'Ancien Régime. Dans les hameaux de montagne, on ne fait pas appel au médecin faute d'argent, pas de sage-femme non plus, il faut s'en remettre à la matronne plus ou moins ignorante ou aux voisines. En cas de problème grave, le principal souci sera de sauver l'âme avant les corps, l'enfant en danger de mort sera ondoyé, pour la mère on appellera le prêtre...

 

+ 4-11-1751 accouchement dramatique Massat.PNG


"Jeanne Cabau femme de Jean Galy Cabeil de Rieuprégont est décédée dans les douleurs de l'enfantement le 4 Novembre 1751 après la mort l'enfant luy a été tiré du corps et après avoir vécu environ une heure et reçu le bateme est décédée et a été enterré avec la mère le lendemain..." (AD 09 1NUM2/260EDT/GG6)

 

+ Morte en couches 3-10-1781 Massat.PNG


" Jeanne Bardou femme de Jean Benazet desmouliès âgée d'environ 25 ans est morte en couches le troisième Octobre 1781 munie du sacrement de pénitence et a été enterrée le lendemain avec l'enfant dont elle était accouchée 2 heures ou environ avant qu'elle expirat lequel fut baptisé et mourut ..." (AD 09 1NUM2/260EDT/GG12)

A noter que dans ces trépas, la femme, considérée comme impure avant les relevailles, ne reçoit pas le Saint Viatique mais seulement le sacrement de pénitence.

Les naissances multiples sont presque toujours catastrophiques pour la mère et les enfants même si dans ce premier cas, il était possible d'avoir quelque espoir car les bébés naissent en été :

 

° P Lagoueillat triplés 27-7-1765 Massat.PNG
" Françoise, Jeanne et Marie Piquemal Lagoueillat sont nées du légitime mariage d'Etienne Piquemal Lagoueillat et Madeleine Benazet Pissou mariés sont nées et ont été baptisées le 27 Juillet 1765..." ( AD 09 1NUM2/260EDT/GG8)

Les trois bébés sont vivants et baptisés et la mère a surmonté la triple épreuve mais elle décède deux jours plus tard

+ Madeleine B Pissou mère des triples 29-7-1765 Massat.PNG


" Magdelaine Benazet Pissou âgée d'environ trente cinq ans et épouse d'Etienne Piquemal Laouillat est décédée munie de sacremens le 29° Juillet 1765 et a été inhumée le lendemain..." (AD 09 id.)

Suivent les décès de Jeanne le 2 Août et de Françoise le 15 Août :

+ Jeanne P Lagoueillat une des triplés 2-8-1765 Massat.PNG

+ Françoise P Lagoueillat une des triplés 15-8-1765 Massat.PNG

Marie semble avoir survécu au moins deux ans : le 22 Juin 1767 une Marie Piquemal Lagoueillat âgée de deux ans, fille d'Estèbe Piquemal Lagoueillat, décède mais le nom de la mère n'étant pas indiqué il est difficile d'affirmer à coup sûr qu'il s'agit de la survivante des triplettes.triplette.PNG


D'autant qu'en 1766 Jean (et non plus Etienne) Piquemal Lagoueillat a eu des jumeaux prénommés François et Marie.

Les BMS de Massat relatent entre une et trois naissances gémellaires par an et on trouve 3 naissances de triplés au cours du siècle. L'issue est le plus souvent fatale et pour la mère et pour les enfants.

° triplés Rouaix 28-1-1744 Massat.PNG

Baptèmes de François, Madelaine et Jeanne, "frères jumeaux" enfants de Michel Rouaix et de Marie Loubet le 20 Janvier 1744 ; les deux filles sont décédées le 21 et le garçon le 22 mais la mère semble avoir survécu, aucun décès d'une Loubet Marie dans les mois qui suivent mais nous n'avons pas son additif de patronyme... (AD 09 1NUM2/260EDT/GG5)

triplets.PNG

° triplés Loubet Rajol 23-2-1781 2.PNG

 " Paul et Barthélémy et Jeanne Loubet Gajol trois frères jumeaux fils de Jean Loubet Gajol et de Marie Piquemal Laservole, mariés sont nés le 23 Février 1881 et ont été baptisés le lendemain..." (AD 09 1NUM2/260EDT/GG12)

Deux jours plus tard, le 25, Paul décède et les deux autres enfants le lendemain 26 Février. La mère semble avoir survécu mais il est impossible de savoir si elle en gardera des séquelles sauf à vérifier si elle a donné naissance à d'autres enfants. Encore que cela ne soit pas une preuve : nous ne connaissons pas l'âge de la parturiente et il est possible que ce soit une dernière grossesse.

 


 

 

 

 

 


31/05/2015
2 Poster un commentaire