aujols-Laffont

Elles eurent lieu au milieu du XIX° siècle au moment où la vallée atteignait une trop grande densité de population pour subvenir à ses besoins Pour faire simple, la disette menaçait à chaque événement climatique ; un orage, de la grêle donc des récoltes endommagées ou ruinées et la faim s'installait Alors, les plus précaires prirent l'habitude de grignoter sur les propriétés domaniales ou communales un lopin de terre pour y cultiver quelques pommes de terre en surplus.

Tout le monde était au courant de ces grignotages de faible étendue, mais comment condamner ces nécessiteux qui voulaient juste faire vivre leurs familles ?

Dans un article paru dans les Annales du Midi, Michel Chevalier recense 1750 lots usurpés rien que dans la vallée de Massat

En 1836 une loi autorise les contrevenants à racheter ces terres à bas prix seulement ils n'ont pas un sou vaillant ! On dresse donc des procès verbaux qu'ils sont dans l'incapacité de payer... Tout le monde attend donc la prescription....

Mais espérant éviter les poursuites judiciaires, les habitants se regroupent pour avouer devant Notaire leur larcin, cela génère de nombreux actes qui soulignent l'ampleur du phénomène, en nombre plutôt qu'en étendue, des terres spoliées.

Ces actes existent pour chaque commune ou quartier de la vallée et se présentent toujours de la même façon : énumération des contrevenants et aveux d'usurpation Je vais vous en donner qu'un seul exemple : le Saraillé mais ceux de Biert, Massat, la Bernède, le Port etc sont à votre disposition sur simple demande en commentaire

 Voici l'énumération et ils semblent être nombreux dans ce quartier :

 Tous les spoliateurs sont cités avec patronyme et sobriquet et parfois filiation ou liens par mariage : une aubaine pour le généalogiste.

puis vient l'aveu :

Veuillez me pardonner pour une énumération si longue mais maintenant interrogeons nous : un si grand nombre de contrevenants signale sans doute un hameau pauvre et toujours sur le fil du rasoir en matière de subsistance

D'autre part ce genre de liste qui peut paraître fastidieuse apporte aux lecteurs qui ont des ancêtres au Saraillé un genre de recensement accompagné de mentions des liens (frère, gendre, père, héritiers etc)

Quelle fut l'issue de cette affaire ? Pour les terres il y eut prescription !

En fait, la pauvreté de la vallée provoqua aussi un grand nombre de migrations, par ailleurs, le choléra de 1854 tailla, malheureusement, des « coupes sombres » dans la population, ce qui contribua à réduire le nombre d'habitants au km2 

Ces actes évoquent un regroupement des habitants pour se sentir plus forts face à l'Administration à la suite d'une petite délinquance qui n'a, en fait, lésé personne !