CHALLENGE 2020
A comme L'Affaire Néenderthal
En cette année hors du commun, je vais essayer d'égayer notre confinement avec un voyage...autour de ma bibliothèque, de mes archives personnelles, des trouvailles aux AD et des sites web, voilà le programme !
Dans une grotte, on trouve un corps et une tête apparemment très anciens, seulement les 2 « morceaux » n'appartiennent pas au même individu ni à la même race d'hominidés...Aussitôt une enquête se met en place sur une évidence cette grosse brute de Néenderthal a assassiné un pauvre Cro Magnon ! Sauf qu'à bien y regarder, il s'agit d'une femme !
L'enquête sur ce meurtre paléolithique est menée avec les moyens d'investigation du XXI° siècle. Elle met au jour des circonstances troublantes et le doute s'installe, sommes-nous vraiment en présence d'un meurtre ?
Je ne peux pas vous en dire plus Lisez-le !!
Outre un bain de préhistoire et une visite des grottes du Volp, l'intrigue vous tiendra en haleine de la première à la dernière page !
Toujours dans le genre "roman policier" voici "Emeraude aux enfers"
Une jeune et jolie adolescente américaine, devenue orpheline, arrive chez son oncle et ses tantes en Ariège. Dans son nouveau cadre de vie, un château réputé hanté et craint de tous aux alentours, des rivières souterraines, des orages Un univers ariégeois typique empreint, bien sûr, de légendes et de superstitions. Tous les ingrédients pour une histoire palpitante !
Outre l'éternel contrebandier des Pyrénées, deux vieux savants et deux jeunes soupirants entourent la jeune fille.
Que va-t-il se passer ? Lisez vite, vous allez vous régaler !
B comme Bibliothèque
Je suis un « rat de bibliothèque » insatiable, j'aime lire, j'aime le livre, j'aime détenir des livres mais je ne suis pas bibliophile : qu'importe la couverture, la reliure pourvu qu'on ait l'essentiel le contenu ! Je ne dis pas que si on m'offrait un incunable, je n'en ferais aucun cas, certes non, mais c'est improbable . Mes livres sont d'occasion pour la plupart et je ne comprends pas qu'on puisse jeter un livre.
Ce sont des petits fascicules reproduisant une nouvelle dont la couverture n'est pas même cartonnée, reliés par des agrafes ou juste encollés, des ancêtres du livre de poche. Mais ils trouvent leur place dans ma bibliothèque.
Mes étagères croulent sous le poids des livres ; et dire que petite, je ne lisais pas ! Ce qui ne veut pas dire que je ne savais pas lire, loin de là, je ne me rappelle même pas avoir appris. C'est à la pré adolescence que cette passion m'a frappée : les livres de poche commençaient à paraître et avec mon argent de poche, je pouvais enfin choisir mes lectures : le premier livre de « grand » : Lord Jim, premier auteur dévoré : Pierre Benoit
Après des études d'ethnologie, de lettres et d'histoire ; le mal a empiré et tous ces domaines mêlés ont provoqué mon infection par le virus de la généalogie ! Et un goût prononcé pour le roman de terroir, sujet de ma maîtrise d'histoire :
Les 4 romanciers sont Barbey d'Aurevilly pour la Manche, Flaubert pour le Pays de Caux, Guy de Maupassant et Jean de la Varende
Ma méthode pour découvrir mes ancêtres, une fois les BMS dépouillés : d'abord parcourir le pays, m'imprégner du terroir, visiter les musées, rafler tous les dépliants des Offices du Tourisme ensuite direction les AD et les médiathèques, puis les bouquinistes et les vide greniers pour les objets (sans doute quelques souvenirs du structuralisme de Gurvitch, le lait des apprentis sociologues de mon époque) Après lecture et tri, on recommence avec des sujets plus ciblés.
Donc voilà mes étagères croulent et mon disque dur externe gonfle aussi car je scanne les livres introuvables, les périodiques anciens, les articles de revues savantes. J'achète les journaux locaux, les magazines et les revues d'associations locales.
Et puis, il n'y a pas que la lecture, il faut se distraire, aller dans les fêtes votives ou traditionnelles, parler, échanger, poser des questions sur les marchés des petits villages, dans les Mairies, les salons du livre.. .Bon, en ce moment, il faut mettre ça entre parenthèses mais nos aïeux, avec leurs faibles connaissances ont eu raison de la peste et du choléra …alors espérons !
En attendant lisons et écrivons ! Pour nous ou pour les autres !
C comme Cartophiles ariégeois
Revenir sur les terres de ses ancêtres de nos jours, découvrir le hameau qu'ils habitaient, c'est déjà un choc émotionnel cf le hameau des Eychards On a presque envie de marcher sur la pointe des pieds Vivre dans leur oustal transformé en gîte, gravir les escaliers du jardin, entendre le chien et les chèvres du voisin, c'est ce que nous avons vécu au Fourgarol mes cousins et moi et c'est profondément émouvant
Mais on se rend bien compte qu'on ne retrouve pas vraiment l'ensemble de la vie qui régnait alors cf Bruits et odeurs
Les cartes postales anciennes peuvent nous aider à reconstituer le hameau il y a 120 ans alors qu'il grouillait de vie. La photographie familiale n'existait pas encore, les appareils photos étaient trop chers ;, il n'existe donc que des photographies de professionnels, les CPA qui, dupliquées par centaines, amortissaient le coût de la production.
Les Cartophiles Ariégeois rassemblent ces cartes et les présentent dans des ouvrages passionnants et très documentés :
Ils éditent aussi des petits fascicules mensuels tout aussi précieux pour imaginer la vie de nos Anciens
Les commentaires historiques sont toujours sourcés ce qui permet à l'occasion de poursuivre la recherche
Certains sites comme Généanet proposent des cartes postales anciennes. A explorer aussi les sites d'Offices du Tourisme, certains sites municipaux ou d'associations.
D comme Distribution des Prix
Certains d'entre vous doivent encore avoir en mémoire ces fêtes de fin d'année rassemblant sur une estrade le corps enseignant au grand complet, principal en tête, tout ou partie des élus municipaux et dans le public les parents endimanchés accompagnant leur progéniture "tirée à quatre épingles". A l'appel de son nom, l'heureux lauréat, tout tremblant, grimpe sur l'estrade pour recevoir un lot plus ou moins épais de livres. Une fête, non plutôt un cauchemar pour moi...le trac, la peur de décevoir les parents, de louper une marche en grimpant sur l'estrade. Cette cérémonie semble avoir disparu dans les années 1970
Dans certaines familles, ce serait les seuls livres qui entreraient dans la maison, ils en étaient d'autant plus précieux pour tous, lecteurs ou non...
Un voyage dans le temps, certes mais aussi dans le mentalités ! En triant un débarras, on retrouve des tonnes d'indices généalogiques et tout est bon à exploiter : correspondances, cartes postales, photos et livres,
Ces livres comportent parfois des «étiquettes » sur l'envers de la reliure et voilà un document généalogique inédit ou peu exploité :
"R[enée] Hocry 23 Juillet 1904"
Ce livre « l'allumeur de réverbères » par Miss Cumins est édité par les Editions Hachette en 1902;mais c'est surtout l'étiquette qui retient mon attention ! R Hocry est ma grand-mère paternelle en 1904, elle a 15 ans. Elle est interne à Epernay au collège en classe de Primaire A et elle semble s'y comporter très bien
Encore des prix pour ma grand-mère Renée Marcelle, en arithmétique, récitation et écriture plus un prix de « satisfaction » sans doute de bon comportement.
En 1896 et 1899, elle fréquente donc le Pensionnat Sainte Chrétienne à Epernay et se montre sage et laborieuse.
De précieux renseignements pour ceux qui veulent « habiller » leurs ancêtres ! En effet, ma grand-mère (épouse Moraux) est décédée, jeune encore de la fièvre typhoïde, son époux (nageur hors pair) est mort noyé dans la Marne à quelques mois de distance... Alors les grands-parents Hocry ont décidé d'adopter leurs deux petits enfants d'où mon patronyme composé.
Mieux encore j'ai trouvé un livre de prix de mon arrière grand-mère Jeanne Pennieng 'épouse Hocry):
Même institution que sa fille et, elle aussi, un prix d'arithmétique en 1884 ; qui a dit que les filles n'étaient « matheuses » ? Elles ont donné vie à mon père, ingénieur des Arts et Métiers!!! Mais le miracle ne se reproduit pas à chaque génération : je suis une « bille » en Maths !
Voilà pour les renseignements généalogiques, appréciables déjà, maintenant, comme je suis une lectrice boulimique, j'ai entrepris la lecture de ces livres qui représentent la bonne éducation, l'éthique même de la vie familiale et du bon comportement. Bien sûr, ils sont soigneusement choisis ces livres de prix et peut-être même écrits « sur commande » car je n'ai jamais retrouvé le nom d'un auteur connu parmi ceux qui les écrivent.
C'est une littérature assez soporifique et lénifiante mais les grandes lignes qui s'en dégagent représentent bien la société du XIX° et début XX° siècle : la méchanceté et la bonté cohabitent et s'affrontent. Dites-moi qui gagne ? La bonté, bien sûr, la Foi salvatrice permet de supporter toutes les épreuves... Mais cette littérature est révélatrice de ce qui était inculqué à nos grands-mères (qu'elles soient du Nord ou du Sud!) et ce n'est pas avec cette éducation faite de compassion, de renoncement et de patience infinie qu'elles auraient pu se défendre seules, la femme restait donc une « éternelle mineure » conditionnée depuis l'enfance, même si elle était brillante dans ses études !
Il faut la marier pour qu'elle ait un défenseur, parfois il se révèle être un traître ; la Foi aidera la pauvre femme à supporter son malheur (un chemin de croix)
Il me semble donc que nos grands-mères ont été « formatées » dès l'enfance pour entrer dans le « moule » de la société Ok, c'est encore le cas mais là, c'est vraiment flagrant ; je les lis ces livres de prix de mes grands-mères mais j'ai envie de hurler à chaque page mes convictions féministes !
Mais pour bien comprendre nos ancêtres ne faut-il pas essayer de se replonger dans leurs modes de pensée, même désuets ou scandaleux à nos yeux, et ce n'est pas facile !!!
François Laffont, lui, semble avoir été un Républicain convaincu, c'est en tout cas ce qu'affirme M° Galy Gasparrou, le Maire de Massat pour lui faire obtenir un poste de facteur des postes.
Pour ses filles, des études avant tout et ce n'est pas courant début XX° siècle, peut-être un rêve d'en faire des institutrices et les deux réussiront, même si ma grand-mêre a peu exercé, sa sœur Jeanne sera « une hussarde noire de la République » et directrice d'école. Mais voilà l'envers de la médaille : les filles doivent étudier et réussir donc pas de patois à la maison que du « bon » français et François le parlait bien (peut-être avec un accent) donc aucune des descendantes de François ne parlaient la langue de leur père ni de leur mère originaire de la Manche Seul le Se Canto a survécu pour Marguerite, ma GM, pour Eliane, ma mère et pour moi « dans la langue du pays » c'est à dire plus proche du gascon que du languedocien. Mon cousin Jean, petit fils de François et fils de Jeanne, la cadette, ne connaît pas cet hymne pyrénéen …mes cousins germains, enfants de Jeanine, ma tante, non plus... Mystère de la transmission dans les familles !!!
E comme Epidémies et humour, des reflexes ancestraux
Une suggestion, vous êtes confinés comme la plupart d'entre nous, un tantinet désoeuvrés, alors vous avez le temps de lire ou relire « la Peste » d'Albert Camus, toutes le réactions face à une situation anxiogène y sont admirablement décrites.
Nous y sommes actuellement plongés et il est étonnant de voir que souvent nous adoptons les mêmes comportements que ceux de nos lointains ancêtres...
Fuir la grande ville et sa promiscuité avant que les portes ne se referment, un comportement typique en cas de peste au Moyen-Age, il faut dire que les victimes restaient souvent sur place et favorisaient la contagion, le but s'en éloigner au plus vite même au risque de propager le mal !
Actuellement, certains citadins rejoignent leurs résidences secondaires …
Ignorer le danger et s'efforcer de vivre « comme d'habitude », comportement le plus fréquent au cours du choléra de 1854, on veille les morts, on rend les visites traditionnelles sans souci d'une contagion possible puisque même les médecins en ignorent la possibilité .Les Notaires aussi qui notent benoîtement que le testateur est malade, certes, mais pas de maladie contagieuse ! cf Et l'épidémie arrive (Challenge 2018)
Nos politiques s'offusquent de cette attitude mais elle ancestrale : c'est la" politique de l'autruche " !
Pratiquer l'humour surtout l'humour noir pour dé dramatiser une situation anxiogène rappelle les danses macabres de nos ancêtres médiévaux qui crevaient de peur lors des épidémies de peste !
Quelques siècles plus tard Beaumarchais réaffirme l'importance du rire comme thérapie :"Je m'empresse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer" (Le Barbier de Séville)
Une autodéfense qui n'empêche en rien la compassion, juste un reflexe de volonté de survie...devant "un mal qui répand la terreur..."
Ça se traduit dans notre monde contemporain par quelques plaisanteries très drôles (pour qui aime cet humour grinçant) et qui m'aident à réduire l'angoisse que je ressens comme certains d'entre vous !
publié le 22-8-2020
L'accumulation de nourriture me semble venir d'un souvenir plus récent ; les deux dernières guerres et pour ceux de ma génération, les réminiscences de Mai 68 amplifiées par leurs parents. Dès le début de la moindre crise, on remplissait les placards de denrées qui pouvaient venir à manquer : farine, sucre, pâtes, huile, thé, café, chocolat, conserves en boites ou en bocaux maison autrefois et tabac ! Ma mère était une championne dans l'art d'avoir toujours des réserves, Papa la surnommait en riant « la fourmi ». Alors, ayant été « à bonne école », mes placards sont au top depuis plus d'une semaine !!!
Trousse d'urgence médicale indéniablement pyrénéenne lors du premier confinement
(l'auteur de cette photo ne m'a pas envoyé son autorisation mais je sais qu'il lit ce blog et j'espère qu'il ne s'en offusquera pas. Il peut aussi revendiquer son oeuvre, que j'aime beaucoup, en commentaire ...)
Nos ancêtres ont connu de multiples épidémies mais ils n'avaient pas d'informations sur le reste du monde, sauf les notables qui pouvaient acheter et lire un journal et ils étaient peu nombreux dans la vallée ; tous consultaient très rarement le médecin... Alors, on s'en remettait aux remèdes traditionnels et aux guérisseurs et souvent l'épidémie était considérée comme une sanction divine. Seul remède pour la juguler les prières dans des églises combles et les pèlerinages, eux aussi, très fréquentés, donc aucun souci de confinement ou de distanciation …cf Saint Pierre s'occupe de tout à Massat
Ce qui me passionne dans ce que nous vivons, c'est la résurgence de reflexes ancestraux plus ou moins lointains, du Moyen Age à la seconde guerre mondiale !!!
J'ai écris ce texte lors du premier confinement sans le publier ; après le couvre-feu, comme dans un jeu de société nous avons mis le jeton sur « retour à la case départ » !
Alors, continuons à sourire tant que personne n'est frappé dans notre entourage, tout en redoublant de prudence
Voici ma dernière trouvaille pour les généalogistes :
Cette magnifique attestation a été publiée dans « Page publique de Simon de Thuillières » et partagée sur la page Facebook du DU de Nîmes par Christophe Menu.le 3-11-2020.
Il est peut-être plus prudent de se munir de l'insipide page officielle aussi, je ne suis pas sûre que les forces de l'ordre suivent des cours de paléographie !
Comme le thème de mon challenge concerne le livre et la lecture, je ne peux pas oublier ce dessin sur la fermeture des librairies :