Migrations et sobriquets : pagaille dans l'Etat civil
Tous les migrants n’ont pas l’intention de quitter définitivement la vallée, certains migrent temporairement et un enfant peut naître « ailleurs », d’autres envisagent de revenir à leur retraite surtout s’ils ont « un emploi du gouvernement ». Seulement, leurs enfants sont nés hors zone du sobriquet et l’ont peut-être perdu !
A la charnière du XIX° et du XX° siècle, on voit dans l’Etat Civil, une période mixte et quelque peu chaotique dans les actes de mariages de la vallée : les « futurs » ayant perdu leurs sobriquets (ou pas) reviennent s’y marier , les parents les ayant conservé ou toute la famille n’ayant plus de sobriquets…
Prenons plusieurs exemples pour essayer de comprendre cette évolution de l’Etat civil dans la vallée :
«Et Pujol Catherine, ménagère, âgée de 23 ans, habitant au hameau d'Espies...née à Pézenas département de L'Hérault... fille majeure de Pujol Jean-Baptiste de Peyou … et de Pujol Marie Anne Ségalasse ... »
Catherine Pujol est née à Pézenas, le 29 Octobre 1874, elle ne porte que son patronyme sur son acte de naissance mais ses parents ont conservé le leur et sont domiciliés à Boussenac ; une migration temporaire mais qui lui fait perdre son sobriquet dans l'Etat civil.
Pourtant certains conservent leur sobriquet ainsi Françoise Sentenac Jammaouet, ayant un sobriquet « compliqué », le conserve alors qu’elle est née à Narbonne, son père aussi, il réside à Massat, peut-être depuis son veuvage puisque Jeanne Cabau Fidèle est décédée à Saint Jean du Barrou (Aude), où il est revenu avec sa fille de 17 ans (elle peut aussi l’avoir rejoint ensuite).
« D'autre part, Françoise Sentenac Jammaouet, âgée de 23 ans, née à Narbonne, département de l'Aude ...fille de Jean …, cultivateur, demeurant avec elle, présent et consentant à son mariage, et de Jeanne Cabau Fidelle, décédée à Saint Jean du Barrou, canton de Durban, département de l'Aude, le 9 Avril 1889... »
De même, Jean Sutra Cole né à Moissac et demeurant à Paris conserve son sobriquet :
« Sutra Cole Jean, facteur des postes, âgé de 26 ans, demeurant à Paris, né à Moissac (Tarn et Garonne), le 3 Octobre 1871... »
Alors là, je me repose vraiment la question, qui choisit d’abandonner son sobriquet ou de le garder, le déclarant ou l’Officier d’Etat civil ? Bien sûr, la zone des sobriquets est restreinte en Ariège, essentiellement la partie gasconne c'est-à-dire le Couserans, mais ce n’est pas si simple. Dans le canton de Massat, les sobriquets sont très présents à Boussenac, Massat, Le Port, moins fréquents à Biert et encore plus rares à Aleu et Soulan, de même dans la vallée d’Oust.
Cela vous donne une idée de la complexité de la recherche en Couserans et en particulier pour les migrants !
Bon, l’émigration fait que les jeunes peuvent rencontrer « l’élu(e) » loin de leur vallée, sur leur lieu de travail et se marient sur place ou reviennent se marier avec une « payse » et l’Etat civil, encore, en gardera les traces dans les actes ou les mentions marginales (qui apparaissent bien à propos), même si les nouveaux mariés repartent vers leur lieu d’émigration …
C’est donc, pour le généalogiste, une période chaotique mais aussi riche en découvertes « fortuites » et donc passionnantes.
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