Les Laffont de Lescure
Ce n'est pas encore le début de la grande migration qui commencera vraiment entre 1845 et 1850 et s'accentuera après le choléra (1854) et la maladie de la pomme de terre (voir dix années de calamités dans la vallée)
Pourtant deux frères Paulet et Jean-Pierre Laffont del Cardaÿre décident de vendre leurs biens dans la vallée de Massat, au quartier des Eychards et d'acheter une métairie à Lescure. Ce n'est pas le « bout du monde », juste de l'autre côté de la montagne mais justement sur un terrain plus plat, à peine vallonné (avec des estives proches au col de la Crouzette)
S 'en suivent des ventes qui s'échelonnent sur 2 ans (de 1815 à 1816) et semblent surtout destinées aux collatéraux voire aux voisins.
Combien coûte la métairie :
« moyennant le prix et somme de 5600 francs, comprise la valeur de deux vaches et d'une génisse qui sont dans ladite méttairie et qui font partie de la présente vente... »
En a -t-on une description ?
« méttairie appelée de Pitas, située au quartier de Picaret, territoire de Lescure, consistant en une maison, grange, sol, services, terres cultes, incultes et preds avec les eaux qui en dépandent, le tout joignant et contigu, plus d'un pred avec les eaux qui en dépandent et d'un bois joignant et contigu situé au quartier de la Ribette à ladite commune de Lescure ... »
Apparemment, une belle propriété ! Mais pour l'acquérir, il va falloir vendre dans la vallée et nous avons vu que le numéraire manque ! Ces ventes font suite au décès de leur père Pey Jean Laffont dit Le Père :
Ils vendent donc à Jean et Jean Pierre Cauliet Patram, le 13 Février 1815, un pré, 2 terres labourables, une grange et dépendances pour 1000fr ; le 29 Novembre 1814, ils avaient vendu à Paul Subra Mouret, une terre labourable pour 557 fr.
Le 29 Novembre 1814 encore deux ventes, l'une Pey Jean et Benoit Claustre Cachou : 2 pièces de terre pour 635 fr ; l'autre à Jean Laffont une borde et une pièce de terre pour 380 fr.
Sauf que le prix de vente ne rentre pas dans les caisses le jour même ! Et il s'en faut de beaucoup :
« somme de 380 fr du prix de la présente vente l'acheteur sera tenu comme s'oblige à la payer au vendeur dans 8 ans, à compter de ce jour qui sera un huitième à la fin desdits 8 ans avec l'intérêt à 5% pour retenue... »
Le même jour, une autre pièce de terre est vendue à Jean Pierre Subra Jouanine pour 280 fr payables en 6 ans
Enfin un pré et une pièce de terre sont vendus aux frères Piquemal Barou pour 650 fr payables en 8 ans !
Je vous épargne le reste des ventes mais il semble que rien ne soit payé « rubis sur l'ongle » ! et les délais de paiement sont très longs, je suppose que les deux frères ont dû négocier l'achat de la métairie de la même façon : en paiement échelonnés !
Ils habitent désormais à Lescure, un village qui, désormais, est traversé par la route de Foix à Saint-Girons mais qui devait être plus paisible au début du XIX° siècle :
En tout cas, au début du XX° siècle, on pouvait s'y procurer du tabac !
Comment cette migration, cette vente totale des biens leur revenant après partage dans la vallée, se passe-t-elle ; on peut supposer une entente totale entre les 2 frères ou bien une emprise de l'aîné sur le plus jeune : aucun acte n'est enregistré par Paulet (Paul), tous par Jean Pierre :
« Jean Pierre Laffont Cardaÿre, fils de feu Pey Jean dit le père, cultivateur, habitant du quartier des Eichards, commune de Boussenac qui volontairement a fait vente pure et irrévocable à perpétuité.. »
Le nom de Paulet ou Paul n'apparaît jamais dans les actes notariés de vente des biens : un preuve de la condition du cadet qui n'est rien qu'un serviteur-esclave de son aîné ???
Que sont-ils devenus ?
On trouve un décès d'un Jean Pierre Laffont (sans sobriquet) le 22 Avril 1819 à Lescure :
Mais dans les actes de décès d'un homme, le nom de l'épouse n'est pas mentionné, contrairement au décès de l'épouse dans lequel le nom du veuf est toujours indiqué. Faute de sobriquet et les recensements, avant 1906, ayant été détruits, comment savoir s'il s'agit bien de "notre" Jean-Pierre ? D'autant qu'il existe des Lafont à Lescure, certes, avec un f en moins, mais nous connaissons tous, les fluctuations de graphie dans les patronymes...
Il va falloir d'autres recherches pour connaître le sort de ces premiers migrants?
En 1819, si c'est bien Jean-Pierre qui décède, la métairie ne lui appartient pas encore en totalité vu le délai de paiement de ses ventes !
Et Paulet, qu'est-il devenu?
Cet été, je suis allée chercher cette métairie (je ne vous cache pas que j'espérais que des Laffont y habitent encore ce qui aurait été de bonne augure pour leur migration). Pas facile à trouver la métairie! après presqu'une heure de de renseignements d'église en mairie et dans les fermes; enfin voilà Pitas mais je ne peux que vous montrer le panneau
En effet, la maison, superbement rénovée, est très isolée, les propriétaires n'ont pas souhaité que je fasse des photos (publiées sur le net) et je les comprends.
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