aujols-Laffont

La Tentiaire, un surveillant ariégeois

C'est ainsi qu'on nomme l'Administration Pénitentiaire en Nouvelle Calédonie. Ah zut ! Elle nous a encore déniché un bagnard ariégeois ! Eh bien non, cette fois c'est un surveillant : Joseph Galy dit Morère, né à Aleu le 19 Juillet 1834, fils de Joseph et d'Anne Morère.

 

° Joseph Galy 19-7-1834 Aleu + petit.png

" Mairie d'Aleu ... du 19° jour du mois de Juillet 1834 Acte de naissance de Galy Joseph né le 19 Juillet à 1 heure du matin, fils de Joseph Galy, cultivateur et d'Anne Morère, ménagère, habitants dudit Aleu, au village du Castet, mariiés ..."

 

Il faut dire que j'aime particulièrement cette île, non pas comme « terre de bagne » mais pour y avoir vécu et enseigné pendant 5 ans. A l'époque, je faisais des recherches pour une thèse de 3° cycle sur l'enseignement en Nouvelle Calédonie et je fréquentais assidûment la bibliothèque Bernheim puisqu'il n'y avait pas encore de service d'archives, j'y ai vu des dégradations volontaires sur les journaux anciens (arrachages de morceaux de pages ou surlignage au feutre noir) destinées à effacer les noms des bagnards arrivés à « La Nouvelle » et publiés dans « Le Moniteur Impérial »... Parler du bagne était tabou ! Nul ne voulait se voir infliger un Pépé bagnard ! Tous descendaient de colons « libres » !


Or, à Bourail, sur la côte Ouest, avait existé une école pénitentiaire, une manne pour ma thèse ; expliquons : les condamnés (Transportés) à plus de 8 ans de travaux forcés étaient astreints au « doublage » et devaient rester sur place 8 ans de plus, certains aussi ne devaient jamais regagner la Métropole. Mais il y avait « le couvent » à Bourail, justement, qui « accueillait » des femmes délinquantes sous la houlette des Soeurs de Cluny et les épousailles entre « libérés » n'étaient pas interdites ! Il fallait peupler la colonie... d'où l'école pour ces enfants qu'on imaginait d'emblée difficiles ! Les archives étaient à la Mairie, mais non classées et le Maire me permet de les consulter voir de les trier après les vacances scolaires... cela me changera de la sombre et poussiéreuse Bibliothèque. Rendez-vous est pris pour la rentrée en Mars (année "réunionnaise") Las ! entre temps, l'île reçoit la visite d'Hugo ; un cyclone : pluies et inondations feront se baigner les archives qui seront irrémédiablement perdues. Plus de 35 ans après, je regrette encore de ne pas avoir différé mon départ pour les consulter, mais, fille unique, je me devais aussi d'être exacte pour les fêtes de fin d'année en métropole : dilemme cornélien !

Alors quand j'ai trouvé le décès de Joseph, à Bourail, les vieux souvenirs ont refait surface !!


C'est le 2 Septembre 1863 (10 ans après la prise de possession) que Napoléon III signe le décret qui va faire de la Calédonie une terre de bagne et le premier convoi de transportés, parti de Toulon le 2 Janvier 1864 sur l'Iphigénie, arrive à Port de France le 9 Mai avec 248 bagnards. Entre 1864 et 1872 : 4000 condamnés débarqueront à Nouméa (le nom de la ville a été changé à cause des confusions avec Fort de France).
Bien sûr, les noms connus des lieux de détentions sont l'île des Pins, l'île Nou surtout qui servait de centre de tri mais comme en Guyane, il a fallu créer d'autres centres et les éloigner de la « capitale ».

Bourail a été créé en 1867 (en même temps que l'îlot Brun et Ducos) c'était un « centre pénitentiaire agricole » et il ne recevait pas les criminels les plus dangereux ; 

 

 bagne Bourail 70.png

 

                                                                                                      Exposition de la Mairie de Nouméa

 

En 1872 y furent déportés les "Communards",  puis  les participants à l'insurrection Kabyle d'El Mokrani qui y ont fait souche, ajoutant une minorité ethnique à celles qui composent la Calédonie.
C'est précisément en 1872 le 12 Mars, que Joseph Galy est nommé dans le corps des Surveillants militaires, il embarque le 31 Août 1877 sur La Loire et arrive à Nouméa le 25 Octobre 1878. Il semble avoir été affecté à la Déportation (les Déportés sont les condamnés politiques de la Commune de Paris, Louise Michel en fait partie) puis le 8 Décembre 1879, il arrive à Bourail.
Le 8 Octobre 1881, il périt « noyé et disparu » dans la rivière de Bourail, la Néra.

 

+ Bourail.PNG

"...lesquels nous ont déclaré que le huit Octobre courant à 5 heures du soir, Galy Joseph, âgé de 47 ans, surveillant militaire de deuxième classe, domicilié à Bourail , né le 19 Juillet 1834 à Aleu , arrondissement de Saint-Girons, département de l'Ariège, fils de Joseph et de Anne Morère, est décédé à Bourail..."


Après quelques recherches sur les surveillants militaires en Nouvelle Calédonie, j'ai trouvé un ouvrage très intéressant publié par « Histoire et Généalogie calédoniennes »

 

biographie Galy Joseph 2.PNG


Dans la biographie de Joseph Galy, l'auteur dit « il pourrait s'agir de l'individu qui, lors de son inhumation à Bourail le 2 Octobre 1881 est dit Galli Joseph, surveillant, noyé par accident dans la Néra et avec lui un condamné et un libéré. Les cadavres n'ont pas été retrouvés » (site Calaméo)


Cet ouvrage donne aussi la liste des suveillants par départements d'origine, interessant !
Voici les Ariégeois :

 

surveillants 09.PNG

 

Leur vie quotidienne ne semblait pas trop dure

 

surveillants .PNG

 

 

si ce n'est l'éloignement et l'insularité...



13/12/2017
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