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L'eau, source de conflits

Vous connaissez maintenant le tempérament des Massadels et leurs voisins, pour le moins susceptibles, procéduriers et parfois irrascibles… Alors, l’eau, élément indispensable à la culture comme à l’élevage, suscite parfois des réactions violentes ou des rancunes tenaces.

Ces troubles se retrouvent même dans la presse locale !

 

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                                                (L’Ariégeois du 14-8-1872)

 

Un acte notarié qui commence en ces termes laisse augurer que les querelles, injures et agressions verbales, au moins, ne datent pas d’hier !

 

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« Lesquels, voulant éviter un procès imminent, ont déclaré, convenu et accepté ce qui suit… »

 

Voyons un peu cette affaire qui risque de mener au tribunal et aux frais que cela engendre ! Elle implique 7 cultivateurs de trois hameaux de Biert (Mourès, Parrabeil, Caillet), riverains du ruisseau ! bref, une affaire propre à vous faire consommer quelques aspirines, je vais essayer de résumer :

Au lieu-dit la Coulat de Roques, un réservoir « dit abreuvoir » a été construit « sur un terrain communal », il est alimenté par le ruisseau du Clot du Fourgaouty et 3 personnes du hameau de Parrabeil ont droit « à parts égales » à l’utilisation de cette eau. Encore faut-il que le réservoir reçoive de l’eau, que se passe-t-il en amont ?

 

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« [le réservoir doit être alimenté] d’une manière constante, c'est-à-dire indépendamment des droits des propriétaires riverains de ce ruisseau, qui, en prenant les eaux de ce ruisseau pour l’irrigation de leurs prairies pendant une semaine de chaque côté, mais sans règlement bien déterminé, sont tenus de tenus de laisser couler toujours l’eau nécessaire pour l’alimentation de ce réservoir… »

 

En clair, les riverains du ruisseau, en amont, asséchaient le réservoir ! Suit un partage des eaux strict qui définit les droits de chacun et même les canalisations à utiliser et les jours durant lesquels chacun aura accès à l’eau :

 

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« concédent aux dits époux Pagès de Brozy, qui acceptent, comme procédant la propriété de l’eau du dit réservoir pendant un jour et demi… ».

 

Les autres règles pour les riverains suivent, cet accord empêchera t-il, les possibles « filouteries nocturnes » … Pas sûr ! Il faudra régler 12 fr 51 au Notaire pour cet accord mais c’est moins dispendieux qu’un procès !

 

D’autres ne trouveront pas d’accord et la Justice de Paix devra trancher. Ainsi, le 7 Février 1831, deux Jean Laffont, cousins éloignés, certes, comparaissent pour une « histoire d’eau » :

 

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Jean Laffont Parrat (del Cardaÿre) réclamant à Jean Laffont, fils de Raimond, sans doute mon aïeul, « la jouissance de l’eau qui lui est affectée pour l’irrigation de son pré dit la Nevette, situé à Boussenac ».

 

Les registres de la série U regorgent d’affaires similaires et je m’en voudrais de toutes vous les énumérer. Mais par leur multiplicité, ces actes montrent bien à quel point la jouissance de l’eau était jugée capitale et sensible au point d’enflammer les esprits !

 

 

Pour terminer, voici une histoire de rigole ! Eh oui, je vous ai prévenu, on ne plaisante pas avec l'eau, dans la vallée et la moindre « infraction » peut entraîner des conséquences graves puisque pécuniaires ! En Janvier 1884, Jean-Baptiste Laffitte Durand dit Jules , habitant du Rieuprégon à Boussenac reçoit la visite de M° Sentenac, huissier, mandaté par Jean Claustre Mandrou pour l'assigner « à comparaître à l'audience du Tribunal civil de première instance de Saint-Girons dans le délai de huit jours francs » !

 

Là, nous en sommes arrivés au procès... pour une rigole ; mais le conflit ne doit pas dater d'hier !! A l'issue du jugement, le mis en cause va faire établir chez M° Galy Gasparrou, Notaire, un acte dans lequel ,il reconnaît :

 

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« être sans droit aucun à la rigole dont il est parlé dans cette assignation et qui s'embranchant au ravin de Coumel au dessous de la limite des prairies...

 

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« … désignées dans la dite assignation appartenant au dit Claustre et à Pey Jean Claustre Mandrou ; père, propriétaire, demeurant au dit Touroun ; traverse la prairie du dit Claustres fils, et, qu' à tort cette rigole sert, depuis moins de trente ans, à autre chose qu'à l'irrigation de la dite prairie appartenant au dit Claustres fils »

 

 

A quoi pouvait donc servir cette rigole ? Il a fallu presque 30 ans pour désamorcer ce conflit... combien de mauvaises paroles et d'insultes ont été échangées ou colportées ; on est tenace en Couserans (CQFD diraient les matheux!)

 

 

 



25/09/2017
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