Les Laffont del Cardaÿre dans la Grande Guerre : les Morts pour la France 1
Ils sont cinq à n'être jamais revenus dans leur vallée, huit si on compte un disparu, un décédé de maladie et un Laffont de Soulan sans sobriquet.
Deux d'entre eux sont tombés « au champ d'honneur » dès le premier mois de guerre, à Bertrix en Belgique.
Le 59° RI, régiment de Foix fait partie du 17° Corps qui a pour objectif Jehonville mais ils sont bloqués dans d'immenses forêts où sont embusqués 50.000 ennemis et pilonnés par les obus adverses :
(JMO du 59° RI vue 13 Mémoire des Hommes)
Les pertes en officiers et en soldats furent très importantes :
Au cours de cette sanglante bataille Laffont Alexis né à Soulan (le 1° Janvier 1889)
et Laffont Pierre dit Parrat né à Boussenac (hameau de Magret, le 21 Mai 1891) sont portés disparus :
Ce n'est qu'en 1920 que le tribunal de Saint-Girons les déclarera officiellement morts.
Ils avaient 25 et 23 ans, ils sont tombés lors du même combat, au sein du même régiment ; savaient-ils qu'ils étaient cousins ?
Essayons de mieux les connaître grâce à l'Etat civil qui nous donnera leur fratrie et à leur registre matricule qui nous fournira leur aspect physique et leur carrière militaire.
Alexis est le fils de Guillaume et de Marguerite Servat Capner, elle est de Biert et lui de Boussenac mais ils vivent à Soulan après s'y être mariés le 19 Août 1876. Alexis, né en 1889 fait partie de la classe 1909, sa " carrière militaire" est donc courte :
Faute de photo, on ne peut pas dire que sa description physique soit précise ! Pourquoi ces ratures ? Une erreur de copie ?
Les seuls éléments non raturés : il mesure 1m66, ses cheveux sont chatain et sa bouche petite ; bref pas de quoi en faire un portrait-robot !
Par contre, l'espace réservé aux adresses est plus instructif : Alexis était parti travailler au loin ; normal, il était un cadet et avait deux frères aînés : Guillaume, l'Aïnat, né le 8 Juin 1881 et Edouard né le 23 Octobre 1884.
En 1913, il réside à Bordeaux ; l'envie d'émigrer l'a-elle effleurée ? Nous ne le saurons jamais puisque moins d'un an et demi après, il perdra la vie en Belgique...
Pour Pierre Laffont del Cardaÿre (dit Parrat ), il semble bien qu'il soit fils aîné et unique de Guillaume et de Marie Loubet Rajol. Il n'a qu'une sœur cadette, prénommée Marie.
Etant de la classe 11, son registre militaire n'est guère plus long que celui de son cousin ; pour tout dire ce sont deux Bleus qui ont disparu lors de leur « baptême du feu »
Pourtant une chose m'intrigue sur son cursus militaire, regardez la ligne en rouge... datant de 1912..."classé soutien indispensable de famille", pourquoi est-il mobilisé, dans ces conditions ?
Est-il le seul valide pour faire vivre la famille ? « indispensable » m'interpelle car c'est la première fois que je rencontre cet adjectif dans les registres !
Peut-on se faire une idée de son physique ?
Il est moins grand que son cousin éloigné, son front est grand mais son nez tordu, pas de quoi le reconnaître en le croisant au Paradis des Poilus !
La case des adresses est vide, chez lui ; normal, c'est l'Aïné et, qui plus est, soutien indispensable, il n'a donc guère bougé du hameau de Magret où il est né avant d'aller donner sa vie pour la Patrie.
Enfin, tous deux ont un niveau d'instruction correspondant au cycle primaire.
Si vous avez bien suivi le fil de la mentalité ariégeoise, vous comprendrez que son décès est doublement douloureux : c'est l'oustal qui va disparaître (ou changer de nom si Marie trouve un époux)... Pour les parents, l'avenir est doublement sombre...
L'année 1914 n'est pas terminée et les offensives et contre-attaques se succèdent, c'est « la course à la mer » et la bataille des Flandres. Dans la région d'Ypres, de sinistre réputation puisqu'elle a donné son nom au gaz moutarde, un autre Laffont disparaît lors de la bataille de Wytschaete, le 1° Novembre :
Il vient de « fêter » ses 26 ans...il est né au hameau des Eychards, fils de Raymond et de Jeanne Sutra Cole, matricule 1041 pour les autorités militaires. Il fait partie d'une fratrie de 5 enfants, 3 frères, tous mobilisés et deux sœurs plus jeunes. Pour lui aussi, ce que nous apprenons de son physique est plutôt flou :
Il sait lire, écrire et compter et ne semble pas avoir bougé de sa vallée. Sa « carrière » militaire est, elle aussi des plus banales :
mis à part ce stage ou "période d'instruction" pour lequel il obtient une mention « très bien » en 1910.
Il semble bien que ces trois soldats soient morts à leur baptême du feu ou peu après.
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