C comme "Carda"
Outil du cardeur de laine, la carda est un engin redoutable ! Elle a aussi donné naissance au sobriquet porté par mes ancêtres Laffont del Cardaÿré
Musée Pyrénéen de Niaux
Une fois les ovins tondus, il fallait laver la laine pour enlever le suint, ensuite la carder pour enlever les impuretés et la démêler avant de la filer et de la tisser.
"Le cardage est en effet une opération délicate. Le cardeur travaillait sur un chevalet en bois avec une partie en creux aménagée pour y mettre la laine. Le dessus du chevalet permettait d'y attacher une ou des cardes en plaçant la pince en bas et le talon en haut. Le cardeur tenait l'autre carde à deux mains dans le sens contraire et peignait la laine jusqu'à ce que les petites [!!] pointes métalliques dispersent les fibres. Il existait une variété de cardes en fonction de l'avancée du travail : les "placqueresses" pour le premier travail, les "étocqueresses" pour le second et enfin les "repasseresses" pour le travail de finition. " (Nos ancêtres : vie et métiers n° 4 p. 53).
Mon plus ancien ancêtre connu : Raymond Laffont del Cardaÿre, dicte son testament 1750 et il est bel et bien cardeur de laine ; ses deux frères, François et Pey Jean testant à la même période sont, eux, tisserands.
La plupart des sobriquets, dans la vallée de Massat, proviennent du nom du hameau habité par la famille (Loubet del Bayle ou Piquemal Barou) ou du métier exercé, comme ici. Les familles devenant de plus en plus nombreuses, les prénoms (celui du parrain) étant peu variés, de nouveaux additifs apparaissent pour distinguer les multiples Jean Laffont del Cardaÿre contemporains. Il s'agit là, à mon sens, de vrais sobriquets introduits par "dit" ; le premier étant plutôt une extension ou un additif au patronyme :
Tables décennales de Massat 1813-1822 AD 09 en ligne
Il arrive aussi que le sobriquet fasse disparaître l'additif de patronyme ce qui ne facilite pas la tâche du généalogiste... Pour les Laffont, on ne peut pas ajouter un nom de hameau puisqu'ils habitent presque tous au hameau des Eichards, on ajoute donc, dans deux des branches, dit Belet et dit Parrat (j'ignore la signification de Belet et Parrat signifie "moineau" en patois*). A la longue, peut-être dans le souci d'éviter les patronymes triples, le premier additif est sous entendu.
Tout le monde, à Boussenac, connait le jeune Guillaume Laffont Parrat qui se marie le 19 Mai 1880 avec Marie Loubet Rajol et sait que c'est un del Cardaÿre mais, pour l'Etat civil ce n'est pas si simple et il est préférable de le préciser par écrit :
" fils légitime et mineur de feu Laffont Bernard Parrat ou del Cardaÿre, les deux surnoms étant identiques et se rapportant à la même personne comme il nous l'a été affirmé par les parties contractants et les témoins bas-nommés..." (AD 09 1NUM5/5Mi209 ).
La nouvelle extension de nom a donc supplanté l'ancienne et de telles mentions sont une aubaine pour s'y retrouver de nos jours. Les Laffont del Cardaÿre, les Laffont Parrat et les Laffont Belet sont donc issus de la même souche (les trois frères testant dans les années 1750), par contre les Loubet Laffont, les Laffont del Par et les Laffont de Sentenac (riche famille de la vallée) ne sont pas apparentés avec eux...
Je vous avais prévenu, quelques aspirines sont à prévoir pour faire votre généalogie en Couserans !
* [appel aux habitants de la vallée ! si vous savez le sens de ces sobriquets , merci d'avance !]
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