N comme Notoriété
L'acte de notoriété n'est pas fréquent dans mes branches du Nord de la France ; en Ariège, par contre, c'est souvent un acte essentiel ! Mes ancêtres ariégeois, s'ils n'oubliaient jamais de faire baptiser un enfant même par les plus grands froids (quitte à lui faire "attraper la mort" sur les sentiers enneigés mais du même coup le sauvant du risque terrifiant "d'errer dans les limbes"), oubliaient facilement de passer à la Maison Commune !
Il faut dire, à la décharge des habitants de Boussenac, que faire une déclaration à l'Etat civil était un parcours du combattant... car la commune ne disposa pas de Mairie jusqu'au milieu XIX° !
Mariage de Pierre Laffont et Magdeleine Piquemal Pastre le 27 Novembre 1827 (n° 22) Il est à souhaiter que la noce ait été prévenue des absences du Maire et de l'adjoint et n'ait pas eu à déambuler dans la commune pour trouver quelqu'un pour les unir.
Imaginez le périple à effectuer en hiver avec un nouveau-né dans les bras ! Mais l'enfant, même baptisé, n'existe pas au plan social et administratif. S'il se marie, il lui faut demander un acte de notoriété au Juge de Paix (série U) et tous naissent "courant Janvier" , la neige excusant toutes les négligences !
Pourtant, en y regardant de plus près, on s'aperçoit que la non-déclaration fait partie de la résistance passive des Ariégeois aux contraintes imposées par le pouvoir central. La Révolution, ici, n'a pas été une libération encore moins un progrès ; les chartes signées avec les seigneurs étaient plus avantageuses que les lois républicaines. Méfiant, le montagnard se demande à quoi vont servir ces nouvelles déclarations en Mairie : impôts, réquisitions et ils verront arriver la conscription qui arrache de jeunes bras indispensables au travail de la terre.
Ils appliquent (avant l'heure) le principe de précaution et ne se ruent pas à la Mairie (ou ce qui en tient lieu) ; pour une fille, il n'y a pas d'urgence et l'oubli peut être réel, pour un garçon, il est souvent intentionnel ou on se trompe (!!!) sur le sexe de l'enfant, souvent, avec la complicité des élus municipaux, fille il risque moins...
Une petite vingtaine d'années plus tard, on verra la Justice de Paix de Massat produire des dizaines d'actes de notoriété et une montée impressionnante des naissances en Janvier ! Ceux qui seraient rester célibataires ou seraient morts en bas-âge ne seront repérables qu'à leur décès...
On trouve aussi des actes de notoriété bien singuliers qui jouent sur les prénoms et surtout les sobriquets mais ce sera l'objet d'un article hors challenge, l'énigme est trop complexe et je ferai appel à tous les Holmes et Watson qui liront l'article...
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