Quand une vie bascule grâce à 3 actes notariés... ou pas
Le 24 Février 1874 au quartier du Caychounet, commune de Massat, Joseph Loubet Capera dit Lalay "étant malade de corps mais sain d'esprit..." dicte son testament. Il a épousé Marguerite Laffont del Cardaÿre qui ne semble pas lui avoir donné d'enfants, à moins qu'ils ne soient morts en bas-âge. Joseph a 67 ans et Marguerite 71 ans, à qui vont-ils léguer leur bien ? Le plus souvent ce sont les neveux les heureux bénéficiaires mais pas ici...
Il y a plus de dix ans, ils ont recueilli une orpheline de l'Hospice de Toulouse : Antoinette Raymonde Bavire "demeurant avec moi que je nourris et entretiens depuis plus de 10 ans" affirme le testateur. En cette année 1874, elle est âgée de 16 ans. Que va-t-elle devenir si Joseph, malade disparait et plus tard Marguerite ? Elle n'est pas majeure et devra revenir à l'Hospice et elle risque d'être placée dans une autre famille jusqu'à sa majorité ! Son avenir est sombre.
Alors Joseph laisse l'usufruit de son bien à Marguerite pour subvenir à ses besoins "sa vie durant" et en lègue la moitié à Antoinette... Ouf, elle dispose enfin de quelque chose en ce bas monde même si cela ne représente pas une fortune. Mais Joseph ne va pas s'arrêter là et lègue l'autre moitié du bien à Jean Piquemal Baluard dit Gratet âgé de 33 ans et qui ne semble pas avoir de liens de parenté étroits avec le testateur mais "à la condition expresse que le dit Piquemal réalisera le projet déjà arrêté de se marier avec Antoinette" et, dans la foulée, ledit Joseph dicte au notaire le contrat de mariage. Parfait, Antoinette épousera son promis et tous deux auront un bien où s'installer !
Mais Joseph et Marguerite ne s'arrêtent pas en si bon chemin, le lendemain ils parachèvent leur oeuvre en adoptant Antoinette "dans la crainte d'en être empêché plus tard par la mort".
Seulement voilà, le notaire s'est trompé sur le nom de la jeune pensionnaire de l'Hospice dans les deux premiers actes : le testament et le CM, il l'a nomme "Ambabire"
et semble, enfin, indiquer le nom exact dans l'acte d'adoption testamentaire. Une erreur qui peut être gravement préjudiciable au jeune couple. Ayant "achevé ce qu'il a commencé", Joseph s'éteint au hameau du Caychounet le 27 Février 1874. Marguerite le rejoindra un an après, le 28 Mars 1875. Ont-ils vu la réalisation de leurs projets pour Antoinette et Jean ?
Il faut retrouver le mariage au Port ou à Massat. Aucune trace dans les tables décennales jusqu'en 1882. J'en avais des sueurs froides, j'ai vérifié, rien ! Que s'est-il passé ? La famille plus ou moins éloignée a-t-elle revendiqué l'héritage ? La faute du notaire a-t-elle été exploitée contre les héritiers ? Qu'est devenue Antoinette ? Elle devait y croire si fort à ce nouveau départ dans la vie, son rêve a-t-il été brisé ?
Reste à chercher, dans la série U sans doute, s'il y a eu procès pour casser ces actes et détruire l'espoir d'Antoinette...
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