Scribe à Massat
Avant les lois Ferry qui rendent l'école obligatoire et … gratuite, ce qui est capital dans les montagnes, la quasi totalité des paysans sont illettrés dans les vallées. Quelques gamins fréquentent l'école en hiver puisqu'on ne sait pas quoi faire d'eux et quand ils rentreront, ils s'occuperont des bêtes ; encore faut-il qu'ils amènent une bûche ou deux et donner quelques pièces. Bon, tous les parents ne sont pas prêts à faire de tels sacrifices pour que les marmots usent leurs fonds de culotte sur un banc !
Je suis d'autant plus fière de mon aïeul Jean Laffont del Cardaÿre qui a su comprendre l'importance de l'école et son fils Mathieu sait lire et écrire avant les lois Ferry ! Certes, c'est dangereux... Mathieu, « le lettré », quittera l'oustal et deviendra cantonnier (première marche d'une possible ascension sociale) Aussi clairvoyant que son père, Mathieu enverra son fils François (mon AGP) à l'école, il deviendra « facteur des postes » mais quittera la vallée...alors qu'il est l'Aïnat !!!
D'autres ont su "exploiter" l'illettrisme des Massadels. Dans la vallée, seuls les notables ont accès à l'écrit (Notaires, élus municipaux, médecins, huissiers, géomètres etc) alors un certain Arnaud Darbon, âgé de 22 ans, s'établit « scribe » et il laisse des traces dans l'Etat civil : il est témoin de décès (est-ce une manière de publicité avant l'heure?)
Au premier acte, j'avais failli le « manquer » tellement sa profession était innovante à Massat et mentionnée de manière presque confidentielle, il devait venir de s'installer :
Je ne peux pas attester de ses qualités épistolaires mais il est indéniable qu'il a une belle signature : en Juin, elle est encore basique
En Décembre, elle est plus « ornée »
Nous allons essayer de voir combien de temps ce scribe restera à Massat, à partir des registres de l'Etat civil.
Manifestement, au regard de son patronyme, c'est un "étranger" à cette vallée.
Jusqu'en 1890, il apparaît comme scribe, entre 9 et 20 fois, suivant les années, témoin dans les actes de décès de la commune. En 1891, il change brusquement sa qualification et se présente comme "praticien" et continue à signer les actes.
Entre 1892 et 1895, il y a une lacune dans l'Etat civil mis en ligne, peut être n'est-ce qu'un accident dans la numérisation. En tout cas en 1896, Arnaud Darbon se fait plus rare à la Mairie, sans doute parce qu'il est désormais "commis de perception" ce qui lui accorde moins de liberté.
D'où vient cette famille ? Il existe un autre Darbon à Massat, de 9 ans son aîné qui exerce la profession de boulanger : son frère ?
Une rapide recherche, nous apprend que son aïeul Jean décède à Massat le 10 Août 1841, âgé de 37 ans, il est mécanicien et natif de Miramont, arrondissement de Saint-Gaudens en Haute Garonne (autrement dit l'ancien Comminges). Son fils Etienne naît lui aussi à Miramont et se marie à Massat le 28 Novembre 1860 :
D'où quelques naissances Darbon dans la vallée :
Finalement, il semble que la famille ait fait souche à Massat entre 1840 et 1897... une migration "à rebours" ?
Resteront-ils dans la vallée, les archives en ligne s'arrêtent en 1897 et les Laffont Lagras ne se sont jamais alliés aux Laffont del Cardaÿre.
Fait donc ton chemin, Arnaud Darbon, ravie de t'avoir rencontré au détour d'un acte d'Etat civil...
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