H comme Hygiène
Nos ancêtres, toutes régions confondues, n'étaient pas réputés pour avoir une hygiène rigoureuse. Ceci dit, réfléchissons un peu : sans eau courante, sans gaz, sans électricité ; bref avec juste des seaux attachés à un joug pour aller chercher de l'eau à la rivière ou à la fontaine (pour les plus chanceux) et un feu de bois, denrée qu'il faut économiser, serions-nous aussi "propres" que nous le sommes maintenant ? Bien sûr, on peut se doucher les pieds dans une bassine avec un cruchon de neige fondue, je l'ai fait durant l'hiver 1988-89 qui fut très rigoureux même à Montpellier (trains immobilisés, plus d'électricité, congères de neige bloquant le chemin du Mas !) mais l'épisode n'a duré que 15 jours...
Ceci dit à décharge, l'Ariège était réputée pour être particulièrement ignorante des principes d'hygiène et d'environnement !
Toute la famille vivant dans la même et unique pièce, les rideaux entourant les lits, que l'on retrouve dans toutes les dottalices, sont à la fois destinés à conserver la chaleur et l'intimité, toute relative, des couples qui cohabitent.
Se laver est donc un luxe et un problème. La religion réprouve la nudité et la promiscuité rend difficile même une brève toilette, l'eau est rare et le savon trop coûteux. De plus, la "crasse" était sensée protéger des maladies, comme les poux étaient signes de bonne santé pour les enfants et les femmes pensent que seules les prostituées ont besoin de rafraîchir leur intimité !
Où se situaient les lieux d'aisance ? Au Musée Pyrénéen de Niaux, on découvre un genre de chaise percée à côté du lit sinon le jardin recueillait le précieux engrais ou, en hiver, l'étable qui n'était "défumée" qu'au Printemps et qui devait empester...
Le fumier, si précieux, est entreposé près de la maison, voire sur le chemin, comme au Touroun de Bastouet où il rend la circulation impossible. Le 7 Mars 1899, des habitants adressent une pétition au Préfet qui, après enquête envoie cette réponse :
" Nous nous sommes rendus sur les lieux le 20 Mars et avons constaté que le chemin dont dont se plaignent les pétitionnaires ne fait pas partie de la vicinalité, il s'agit d'un chemin rural encombré par des tas de fumier et des lieux d'aisance. Dans l'état actuel le chemin est impraticable. Il appartient toutefois à Mr le Maire d'examiner s'il y a lieu d'intervenir au point de vue de la salubrité."
Merveilleuse manière de se débarrasser du problème !
Mais la promiscuité, le manque d'hygiène, et les engrais "naturels" entreposés n'importe où (peut-être à proximité des sources ou du puits) ont favorisé la diffusion des épidémies, dont le choléra de 1854, qui ravagèrent le Couserans.
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