M comme Maison partagée
Dans un système d'aînesse absolue, le code Napoléon bouleverse tout. Mais les Ariégeois sont bien conscients que le partage égalitaire est impossible et invivable sur de si petites exploitations, alors les deux modes de succession coexistent. Le père, dans son testament, fait des legs à chacun de ses enfants mais chacun sait qu'il ne peut que rester en indivis pour survivre !
En cas de mésentente, en fait en cas de non-respect de la loi ancestrale, il faut morceler le moindre champ, pré ou jardin en autant de parts égales, étudier les droits d'accès et les droits d'eau pour l'arrosage. Les experts, en cas de partage, ne se soucient pas de donner à chacun une terre assez vaste pour être exploitée, on divise pour éviter les doléances (sur des dizaines d'années) parce qu'un lopin est jugé moins fertile que l'autre.
Les maisons et les bordes (granges) sont, elles aussi, partagées en cas de cessation de l'indivis : voici le cas des deux frères Benazet Lacarre, Joseph et Baptiste :
"lesquels ont dit dit que voulant faire cesser l'indivision d'une maison dite del Petchou, située audit lieu d'Esquen leur appartenant en commun, ils ont fait le partage de la manière et aux conditions suivantes : les portes d'entrée et le corridor seront en commun ; ce corridor sera établi à frais du commun, au moyen d'un mur de pierre et terre. Le rez de chaussée appartiendra audit Joseph Bénazet Lacarre et le premier étage à son frère Baptiste. Le grenier ou galetas sera partagé par moitié du levant au couchant, Baptiste ... aura la moitié du Nord et son frère Joseph la moitié du Midi et ce grenier sera divisé par une cloison de torchis à frais communs. Le plancher du premier étage sera fait aux frais seuls dudit Baptiste et sera lanqueté. La cheminée qui se trouve à cet étage sera par lui changée de place rétablie du côté du couchant. Le plancher du grenier concernant ledit Joseph sera refait par lui et lanqueté. Chacun des deux frères fera son escalier pour aboutir au premier étage et au galetas ; et afin que ledit Joseph puisse établir son escalier pour aboutir au galetas, il aura un petit espace qui est au premier étage et de l'angle de la cheminée actuelle jusqu'au côté du couchant et les services de la maison seront partagés par moitié ; Joseph Benazet prendra la moitié du côté du Midi et son frère Baptiste l'autre moitié du côté du Nord. Enfin chacun des deux frères sera tenu de réparer la toiture de ladite maison couvrant la partie qui lui a été attribuée." (partage du 31 Mai 1869 M° Galy Gasparrou 5E7857 n° 360 AD 09)
Et je vous épargne le détail du partage des terres !!!
Dans un autre partage, chez les Teychenné Madounet, un des co-partageants, se voit attribuer 2 m 12 cm de grange !
Partage du 27 Décembre 1865 M° Galy Gasparrou 5E7849 n° 577 AD 09
Cela semble aberrant mais le pays est pauvre et le moindre bien est âprement défendu mais pour voir l'ampleur du problème, projetons-nous à la génération suivante ... avec un nouveau partage !!!
Voilà ce que les Anciens avaient voulu éviter avec un système injuste et inégalitaire, certes, mais réaliste dans ce pays de micro propriétés.
Encore une "loi de Paris" difficile à appliquer.
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