aujols-Laffont

Le choix n'était pas large ! à part la série X, pas de sujet intéressant à tirer de xénon, xérès et xylographie, même Xénophon n'est pas venu en Couserans... Le Dictionnaire des Symboles : muet, pas un seul héros de roman (à ma connaissance), pas un patronyme, pas un toponyme, pas le moindre sommet, pas le moindre ruisseau dont le nom commence par cette pauvre lettre délaissée ! Dans les toponymes Basques, j'aurais pu trouver des noms issus de Xarra : le bois mais le Couserans est à la limite de l'influence Vasconne...

Alors va pour xénophobie et essayons de cerner la notion "d'étranger" en Couserans. L'Ariégeois est fier de l'être mais le Massatois est avant tout "Massadel", la vallée prime. Et les rivalités entre vallées sont omniprésentes, l'étranger c'est, au XIX° siècle, celui de Saurat, de Seix ou d'Ercé, les vallées voisines, contre lequel on n'hésite pas à jouer des poings ou des bâtons ferrés pour quelques arpents de pâturages ou de forêts dont le pacage n'est pas bien défini ou est "envahi". Il y eut aussi des luttes sans fin entre Massat et Castelnau-Durban, les souvenirs sont encore présents mais exprimés maintenant sur le ton de la plaisanterie.

Paradoxalement, Massat a été qualifiée de "vallée des hippies" au milieu du XX° siècle. De fait, les gens sont très accueillants et s'en remettent souvent à l'épreuve de l'hiver pour trier le bon grain de l'ivraie parmi les néo ruraux. Il semble que celui qui veut s'installer à demeure et qui résiste à plusieurs hivers surtout s'ils sont longs, neigeux et rigoureux, finisse par gagner "son droit de cité" d'où qu'il vienne.

Je ne sais pas si je suis claire : le touriste est toujours très bien accueilli mais c'est un passant, celui qui vient s'installer doit faire ses preuves. Le cas des propriétaires de maisons secondaires est encore différent, rénover une maison semble bien perçu mais de là à être autre chose qu'un touriste, il y a du chemin. Enfin, tout cela n'empêche pas les survivances des rivalités "immémoriales" entre vallées, entre hameaux et même entre familles. Le Couseranais n'est pas xénophobe, c'est bien plus subtile que cela et les chauvinismes sont plus insidieux...

Pour terminer sur un ton plus léger : des exemples.

Les Massatois sont réputés pour être bagarreurs et avoir " la tête près du bonnet" (réputation qui ne semble pas leur déplaire et me satisfait plutôt pour mes ancêtres). Max et Denise Denjean relatent dans "la guerre selon Séverin" (Veillées ariégeoises .- Ed Lacour p. 95) la réaction d'un vieux berger apprenant que la guerre est déclarée (1914-1918) il demande avec qui ? Les Allemands. Ah. Et pose une seule question "Dis-moi : les Massatois sont avec nous ou contre nous ?" Avec nous. "Alors, nous allons gagner !" Tout était dit...

Récemment, j'ai visité le musée du colportage à Soueix Rogalle (15 km à peine de "ma" vallée, je mets des guillemets pour ne choquer personne) et après quelques questions, je m'étonnai que très peu de colporteurs de Massat soient venus s'approvisionner à la maison Souquet, sorte de magasin général. La réponse tomba comme un couperet : "il n'y avait pas de colporteurs à Massat." Bien sûr, ceux de Soueix étaient les seuls à avoir eu cette bonne idée !!!

Aïe, est-ce mes 12,5 % de sang Massatois qui me font interpréter cette réponse ainsi ? Pour trancher, il va falloir que je recherche d'éventuels colporteurs de Massat et trouver où ils s'approvisionnaient pour remplir leur "marmotte" ou "caisha" en patois...

En écrivant cet article, je repense à la réponse de Monsieur Piquemal disant qu'il n'y avait plus de Laffont del Cardaÿre au hameau des Eychards, qu'ils étaient tous morts. Or, il y a encore un Monsieur Laffont qui possède une maison dans le hameau mais il n'y habite pas tout au long de l'année, il réside à Saint-Girons. Est-il, de ce fait, considéré comme un "Toulousain" ou un "touriste" alors que ses ancêtres ont résidé aux Eychards depuis plus de 300 ans ?