Qu'est ce qu'un acte d'absence ?
Jean Bonail Callat est parti de la vallée et il n'est toujours pas rentré !
Même si nous n'avons pas la même perception du temps que celle de nos ancêtres (nous sommes dans l'immédiateté) et que les retards de retour devaient être fréquents,, là cela fait 17 ans, qu'on a pas revu Jean au village ! !
Contrairement aux idées reçues, nos ancêtres bougeaient beaucoup surtout en Ariège (mais aussi en Bretagne, Auvergne, Savoie, Limousin, etc) bien avant les migrations définitives de la deuxième moitié du XIX° xiècle. Nous l'avons vu, ils étaient colporteurs, segadous, bouilleurs de cru ou juste mendiants , en partant, ils soulageaient l'oustal d'une « bouche à nourrir » et espéraient ramener du numéraire en retour.
Mais tous ou presque sont illètrès et ne parlent que le patois, ils ne peuvent donc pas donner de nouvelles ; une situation quasiment impossible à imaginer pour nous ! Blessures, maladie voire décès, au pays, il est possible que personne n'en sache rien cf ils partent et ne reviennent pas
Au pays on attend et on prie mais au bout d'un certain nombre d'année, l'espoir s'émousse et il faut régler les affaires !
L'acte d'absence est donc avant tout un papier juridique mais les nuances entre absences, disparition et non présence dépassent largement ma compréhension de ces subtilités juridiques Je vous renvoie donc, plutôt que de le plagier à un article limpide de Mylène Bernardini : l'absence dans la jurisprudence 1800-1820
sur le site Persée. En voici tout de même des extraits pour vous inciter à lire l'intégralité et d'en mesurer son intérêt généalogique :
Voilà, je pense, exprimés avec des termes plus précis que les miens les problèmes qu'engendrent l'absence. Il existe aussi une législation sur le temps d'absence de 4 à 15 ans.
Alors que faire pour la femme ,les frères ou le père de l'absent pour sortir de cette situation ambigue puisque l'absent n'est jamais considéré comme décédé ?
Il convient de se rendre chez le Juge de Paix du canton pour faire une déclaration voici celle qui concerne Jean :
« L'an 1815 et le 22° jour du mois de Novembre par devant nous Jean Louis Pagès, juge de paix du canton de Massat sont comparus Bernard Loubet Carrabas, cultivateur, Jean Laffont, cultivateur, Mathieu Degeilh Auragnou, cultivateur, et Baptiste Degeilh Auragnou cultivateur dit delpinrot, habitants du dit Massat, lesquels témoins en vertu de l'article 155 du code civil nous sont produits par Baptiste Bonail Callat habitant du dit Massat à l'effet de constater l'absence de Jean Bonail Callat dit l'Espagnol. Lesquels témoins après serment fait de dire la vérité ont déclaré l'un après l'autre que le dit Jean Bonail Callat dit lespagnol est absent de la dite commune de Massat depuis dix-sept ans »
Ici c'est le père qui fait la déclaration en présence de 4 témoins comme pour les actes de notoriété.
Peut-être veut-il faire son testament et donc savoir s'il doit inclure Jean ou non.
Le plus souvent, ces actes sont établis par les épouses mais Jean semble célibataire.
Qu'est-il devenu ? La déclaration est faite en 1815 et Jean a dû partir vers 1788, la Révolution et les guerres de l'Empire ne sont donc pas en cause (à moins que, dans ses pérégrinations, il ne se soit fait enrôler) Je ne sais rien sur lui : à quel âge est-il parti, dans quel but, vers quelle destination ? Une enquête compliquée !
Ces situations qui se multiplièrent durant les guerres napoléoniennes peuvent aboutir à des cas dramatiques. Souvenez-vous, bien avant, de Martin Guerre !
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