aujols-Laffont

Pauvre commune du Port

Nous venons de la voir durement touchée par deux avalanches, malheureusement, ce ne furent pas les seules calamités qu'elle eut à subir ! Dans la même série 2O, consacrée à la vie de la commune, on trouve des listes de personnes indemnisées pour "grêle, incendie, inondations et autres événements fortuits", sans que la raison, ici, soit explicitement mentionnée, mais ce qui est frappant, c'est que ces secours sont distribués sur 3 trois années consécutives de 1850 à 1852 pour des montants croissants de 811 fr, 952 fr et 1191 fr.

 

liste secours Le Port.PNG

 

" Note : les Maires et répartiteurs ne devront faire figurer sur ces états que les individus les plus pauvres et qui avec leurs propres ressources sont dans l'impossibilité de réparer les pertes éprouvées"
 

Or, ces listes sont longues, très longues, compte tenu qu'il ne s'agit que des chefs de famille... 105 noms en 1850, 127 en 1851 et 152 l'année suivante ; si chaque "feu", selon l'expression du siècle précédent compte 5 à 6 personnes, on peut estimer qu'un quart à un tiers de la commune (environ 2000 habitants) est concerné et menacé de disette. Le dicton semble se vérifier : "celui qui cultive une terre de montagne rit un an et pleure 7 ans" !

Comme il est recommandé dans la note, ne figurent dans les listes que les personnes les plus nécessiteuses : l'évaluation va de "peu fortuné" à "très indigent", avec mention parfois d'un nombre élevé d'enfants, sans que soient indiqués des repères chiffrés mais il est facile d'imaginer que, pour Pierre Pons "très indigent avec nombreuse famille", la vie ne doit pas être simple ! Avons-nous, un siècle et demi plus tard, la moindre idée de ce qu'était l'extrême dénuement ? Le pain qui constituait la base de l'alimentation à l'époque, dans les plaines, était un luxe en montagne... L'ordinaire était constitué de bouillies, pommes de terre et légumes du jardin, à moins qu'un "événement fortuit" ne laisse les assiettes vides !

 

sinistre 1852 au Port liste des secours.PNG

 

La colonne destinée à mentionner une éventuelle assurance (la quatrième) reste vide. Comment consacrer ne serait-ce que quelques francs à cette nouveauté alors que tout est compté et que les prières peuvent éloigner les intempéries ?

Il faudra donc se contenter des quelques francs de secours pour survivre et éventuellement partir pour gagner sa vie au loin et alléger les charges de la famille pendant l'hiver, une bouche de moins à nourrir (ou plusieurs), c'est appréciable d'autant que s'il est travailleur, le vagueux peut ramener un petit pécule.

 

Et la malchance frappe encore, le 2 Octobre 1900 ! C'est encore le hameau du Carol qui est sinistré, cette fois par un incendie !

 

incendie Carol 2-10-1900.PNG

" [le Maire] rappelle au conseil la terrible catastrophe survenue au hameau du Carol le deuxOctobre dernier  et l'engage à voter un secours pour venir en aide aux nombreuses victimes de cette catastrophe.

Le conseil considérant le dénuement dans lequel ont été réduites les victimes de l'incendie qui vient d'être rappelé vote une somme de 200 fr pour être distribuée aux victimes en question ..." Procès verbal des délibérations du Conseil municipal

 

Il n'y a pas d'autre document en série O, concernant cet incendie, il est vraisemblable que nous n'en saurons pas plus. Les victimes sont dites "nombreuses" mais cela concerne-t-il des biens matériels ou aussi des pertes en vies humaines ? Le registre des décès de 1900 n'est pas en ligne.

Nous verrons bientôt que l'accès à l'eau n'est pas une sinécure dans ces hameaux isolés : il faut aller la chercher à la rivière, sans doute celle qui servit de "couloir d'avalanche" en 1877... comment combattre un incendie dans ces conditions ?

 

 

 

 



05/01/2016
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