O comme Obstétrique
Bien sûr, je vais vous parler des sages-femmes, nommées ventrières au Moyen Äge puis matrones.
Sous l'Ancien Régime, on jugeait prioritairement de leur capacité à ondoyer le gentil marmot en cas de danger pour l'empêcher de mourir sans baptême sinon un sort peu reluisant l'attendait ; errer dans les limbes pour l'Eternité et être inhumé à part dans le cimetière. Pour ondoyer il suffit qu'un fragment de corps apparaisse : cheveux ou crâne, main ou doigt ou fesse pour qu'on puisse procéder avant même que l'enfant soit venu au monde. Le baptême sera ensuite « suppléé » par le prêtre mais en attendant l'enfant ou au moins son âme est hors de danger !
Mais la mère dans cette histoire semble délaissée, certes, certaines matrones sont efficaces mais combien d'autres ne le sont pas faute de connaissances médicales au moins minimales, le chirurgien barbier appelé parfois dans les cas difficiles ne paraît pas plus à l'aise La plupart du temps son action n 'est pas couronnée de succès..
.On a beau avoir accouché plusieurs fois dans le cas de la matrone, avoir des recettes ancestrales « miracle », des prières appropriées, si l'accouchement est complexe ou s'il s'agit de jumeaux ou de triplés : tout peut se passer assez mal... Et comme dit le dicton « Femme en gésine a un pied dans la tombe » !
C'est Madame du Coudray qui fut la première à vouloir enseigner « l'art d'accoucher » en 1750, petit à petit l'obstétrique (qui ne porte pas encore ce nom) se précise, des cours de formation vont être organisés, ceci dit il faudra des décennies pour que cela arrive dans la vallée de Massat et ailleurs
Revenons à nos ancêtres en gésine, à partir de quelle année purent-elles être assistées par du personnel formé ?
La première école nationale de sage-femme ouvrit le 30 Juin 1802 à Paris puis se déplaça à Port Royal, même si certaines élèves venaient de départements éloignés (leur séjour était prévu), il ne semble pas y avoir d'élèves ariégeoises.
Pour chercher qui sont les premières sages femmes diplômées dans la vallée de Massat, nous aurons toujours recours au registre qui répertorie les médecins et autres, il concerne tous les personnels de santé , (sous série 8U25 aux AD).
Voici la première sage-femme répertoriée en 1810 :
« Un certificat a été délivré par les membres du jury médical du département de l'Ariège assemblé en vertu de la lettre de son Excellence le Ministre de l'Intérieur du 25 Juin dernier pour examiner les élèves sages-femmes La dénommée ci-dessus a été reconnue capable d'exercer l'art des accouchements... »
Cela semble être encore un certificat de reconnaissance des compétences, tout comme l'agrément provisoire de Magdeleine Teichenné à Soulan en 1816
« a présenté un extrait d'un arrêté de la Préfecture de L'Ariège, qui l'autorise à exercer provisoirement la profession d »accoucheuse... »
En 1861, Marianne Caujolle née à Massat est certifiée par le jury médical de l'Aude le 27 Juillet.
Il faut attendre 1895, pour que soit attesté le premier "diplôme" décerné par une faculté, ici celle de Montpellier :
« Morère Germaine, sage-femme, Enregitré au greffe du Tribunal de Saint-Girons le 6 Avril 1895, le diplôme de sage-femme de 2° classe délivré par la faculté de Médecine de Montpellier le 18 Février 1895 à Morère Germaine née à Seix le 18 Janvier 1869. »
Pour les habitués du blog, vous savez que j'aime m'amuser avec les archives, on trouve parfois des documents cocasses Eh bien voici un : une sage-femme Prussienne autorisée à exercer en Ariège
« 21 Octobre 1856 enregistré au greffe de Saint -Girons le 5 Août 1861 le certificat d'aptitude à la profession de sage-femme de 2° classe délivré à Mursina Caroline née à Péterson (Prusse) le 27 Novembre 1793 par les membres du jury de Toulouse pour exercer dans le département de l'Ariège. »
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 245 autres membres