aujols-Laffont

1° Janvier 1793

Date capitale pour les généalogistes : les registres paroissiaux deviennent des actes d'Etat civil (suites aux décrets du 20 et 25 Septembre 1792) et les curés sont sommés de remettre leurs registres à l'autorité municipale, souvent un "crève cœur" et un traumatisme pour eux, certains registres ont plusieurs siècles !!! Toutefois, les curés sont autorisés à dispenser les sacrements et ils continueront à les enregistrer dans les « registres de catholicité »,

 

Pour l'habitant des vallées du Couserans, c'est un bouleversement total ! !! Faire baptiser un enfant, un impératif urgent pour lui éviter les limbes et les possibles attaques extérieures contre sa petite âme fragile (brouches ou diable) , vite le mettre à l'abri grâce au sacrement ! Mais quel intérêt de passer à la Mairie et d'ailleurs où est-elle ???

 

Comme toujours les « lois de Paris » ne tiennent aucun compte des spécificités locales ! Combien de communes en France et combien de bâtiments dédiés dans les campagnes et les montagnes ?

Où va-t-on entreposer les BMS et établir les nouveaux actes, dans quelles conditions et qui va en être le scribe, les lettrés ne courent pas les chemins dans la vallée de Massat ! Encore un bel imbroglio en perspective !

Dans la vallée, Aleu, Massat, Soulan ont une « maison commune » :

 Aleu a une maison commune an II.PNG

 Aulourdhuy douzième jour du mois d'Aoust l'an second de la République française à sept heures du matin, par devant moi Louis Géraud membre du Conseil Général de la commune d'Aleu  département de l'Ariège, élu le treize Janvier pour rédiger les actes destinés à constater les naissances mariages et décès des citoyens sont comparus dans la salle de la maison commune pour constater mariage ...."

 

 

Massat a une maison commune an II.PNG

" Aujourd'duy le deuxième jour de Février  l'an deuxième de la République française et dix heures du matin par devant moi Bertrand Benazet membre du Conseil général de la commune de Massat, département de l'Ariège élu le 1° Janvier dernier pour rédiger les actes destinés à constater la naissance mariage et décès des citoyens, sont comparus dans la maison commune pour contracter mariage Raymond Lazès brassier âgé de 28 ans, fils de Jean Lazès décédé...

 

Soulan a une maison commune an II.PNG

 "Aujourd'huy premier Janvier 1793 an second de la République française à huit heures du matin par devant nous Jean Louis Ste Colombe ? membre de la commune de Soulan élu le 20° Janvier dernier pour    les actes destinés à constater les naissances mariage et décès des citoyens est comparu en la salle publique de la maison commune Jean Galy  manouvrier habitant du lieu âgé d'environ 30 ans..."

 

Biert et Le Port ne seront érigées en communes qu'en 1851 et dépendent, à ce moment de l'immense commune de Massat.

Mais il en manque une à l'appel : Boussenac qui connut une histoire particulière ; en effet, elle ne fut jamais une paroisse et, à la fin du XVIII° siècle lors de la construction de l'église du Rieuprégon et de son cimetière, elle continua à dépendre de Massat (Biert et le Port étaient des paroisses, certes « annexes » mais avaient une église).

 

Boussenac, devenant commune, elle, n'a pas de maison commune !!!

 

 à défaut de maison commune.PNG

 "L"an 1825 et le premier jour du mois de Mai, après midi, par devant nous Caujolle Jean-Baptiste, maire officier de l'Etat civil de la commune de Boussenac, canton de Massat, département de l'Ariège et dans notre maison audit Boussenac , à défaut de maison commune sont comparus Caujolle Jean Pierre Bert né dans cette commune dans le courant [ce qui annonce un acte de notoriété ]"

 

Il semble bien qu'il faille aller chez le Maire pour se marier, déclarer un enfant ou un décès et les BMS doivent être stockés à Massat. (?)

Caujolle écrit bien, sa maison doit être saine pour la conservation des documents mais il n'est pas toujours présent dans la commune et les registres doivent changer d'hébergement lors de ses absences :

 

chez l'adjoint.PNG
"L'an 1827 et le 20° jour du mois de Novembre, après midi, par devant nous Pujol Jean second adjoint au Maire de la commune de Boussenac, canton de Massat, département de l'Ariège, faisant les fonctions d'officier de l'Etat Civil en l'absence du Maire et du premier adjoint  et dans notre maison au dit Boussenac à défaut de maison commune sont comparus Laffont Pierre del Cardaÿre, âgé de 23 ans et demi ..." 

 Il semble que la situation ait perduré assez longtemps puisque ce n'est qu'en 1840 que l'on trouve mention d'une « maison commune » à Boussenac :

 

1840 mairie de Boussenac.PNG

 " Mairie de Boussenac [ enfin]..." 

Et encore peut-être n'est-ce qu'une formule? Le bâtiment n'a pas été construit ou loué , je n'en ai trouvé aucune trace dans les délibérations du Conseil Municipal...Etonnant ! Les registres sont-ils encore "itinérants" au sein du Conseil Municipal ?

  

Il est vrai que la période révolutionnaire est toujours difficile à dépouiller : graphies hésitantes des officiers d'Etat civil, mauvaise conservation de registre itinérants, mauvaise qualité du papier ou humidité etc...nous trouvons souvent des actes difficiles à déchiffrer :

 

détérioration des registres Massat an II.PNG

 

Exemple d'un registre de Boussenac : l'encre semble bonne, l'écriture assez facile à déchiffrer sauf que le papier a fait "effet buvard" soit par sa mauvaise qualité soit par l'effet de l'humidité ? Le recto et le verso sont tous deux apparents...



30/06/2020
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