Bruits et odeurs
Sur les traces de Mathieu Faux, puis sur celles de Tante Lorette, je me suis rendue à La Croix Falgarde, près de Toulouse.
Ma dernière visite dans ce charmant et paisible village datait des années 1960 puisque j'avais à peine une dizaine d'années, la seule fois où j'ai rencontré le cousin Mathieu et son épouse Maria née Pergne.
Nous étions arrivés, mes parents et moi, après le repas de midi mais les cousins avaient préparé à notre intention un goûter pour le moins roboratif : de grandes tranches de pain bis garnies de fromage frais et de confiture de fraise du jardin! Un délice, certes, mais bien trop copieux après le repas... Je lançais des regards désespérés vers ma mère qui avait toujours eu, elle aussi, un petit appétit...elle me sauva de la deuxième tartine qui allait atérrir dans mon assiette!
Evidemment, ces dernières années, je ne m'attendais pas à ce que le village se soit fossilisé dans son apparence des années 60, mais je ne m'étais pas préparée au choc! La Croix est devenue une banlieue de Toulouse que l'on atteint par une sortie du périphérique, après toute une palanquée de carrefours giratoires à perdre son sens de l'orientation. A proprement parler, le village a disparu, noyé dans les voies rapides et les constructions nouvelles... J'étais désorientée et je n'ai pas retrouvé la vieille maison que je cherchais. Existe-t-elle encore ou, après rénovation, est-elle méconnaissable? Après un bref passage à la Mairie pour me consoler en trouvant quelques actes d'Etat Civil, je me suis enfuie vers le cimetière. Là, repose Mathieu Faux.
Vous me direz qu'aux Eychards, j'ai retrouvé le cadre de vie de mes ancêtres presque inchangé ( Le hameau des Eychards 1, 2 et 3); détrompez-vous ! De nombreux oustals sont devenus maisons de villégiature et surtout, il règne sur le hameau un silence incroyable. Où sont les cris d'enfants, les bêlements et meuglements du bétail, le bruit de la forge de Jean-Pierre Galy Fals et l'odeur du feu de bois, de la corne brûlée et du fourrage sortant du fenil ?
Car ce hameau avait une école et une forge au XIX° siècle, 32 oustals et une population de 133 habitants en 1911, premier recensement disponible ; au milieu du XIX° siècle, sans doute 3 à 5 fois plus !
Encore en 1953, selon la Nomenclature des hameaux, Les Eychards est un des plus peuplés...53 habitants, et nous sommes presqu'à la fin de la grande « migration » :
En tout cas, le plus construit : 15 maisons , seul le Touron de Louis en compte 16 pour 67 personnes et le Touron de Bastouet 15 maisons et 71 habitants lui faisaient concurrence.
Alors voilà ce qui trouble nos impressions lors de nos visites : trop de bruits et d'odeurs qui n'existaient pas, comme à La Croix Falgarde, ou à l'inverse, un hameau silencieux et sans odeurs, figé comme aux Eychards.
Nous ne retrouverons jamais le hameau de nos ancêtres tel qu'il était....Mais à le parcourir, je préfère trouver un hameau silencieux qu'une banlieue sans âme !
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