aujols-Laffont

Conseils de famille sous la Révolution

 

Si vous venez aux AD 09 et que vos ancêtres sont originaires de Massat, ne manquez pas de consulter la série 16L217 !

Vous y trouverez pas moins de 24 conseils de famille devant M° Galin, juge de Paix, notaire et avocat, pour nommer des tuteurs et curateurs dans les cas de veuvage avec enfants mineurs qu'il s'agit de défendre contre l'éventuelle cupidité de leurs proches ! Ces actes donnent donc lieu à une énumération détaillée de la filiation et de la proche parentèle : une découverte ou une confirmation pour le généalogiste mais toujours une aubaine ! Car cette ascendance concerne aussi bien la branche paternelle (en général celle du défunt) que maternelle.

Il semble que la veuve survivante n'ait pas vraiment « autorité » sur la gestion des biens du couple... même après la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen !

Olympe de Gouges est consciente que le terme « homme » ne signifie pas humanité en général et publie un pastiche « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » qui mériterait d'être lu de nos jours et même enseigné (mais Mme de Gouges n'apparait dans aucun programme éducatif et on ne la rencontre qu'en lisant ou militant pour le féminisme)

Petit aperçu « article 1 La femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits », c'est clair et sans détours !

 

Mais en l'An II ou III, la femme veuve, malgré ses droits coutumiers dans les Pyrénées surtout si elle était une Aïnada, les avait perdu au plan national à cause de la République ! Il faut réaffirmer que la place de la femme était bien plus importante dans les Pyrénées avant 1789... et l'uniformisation des lois

 

Donc la femme semble avoir perdu l'autorité parentale entière sur ses enfants et ses biens, ce qui explique ces nombreux conseils de famille pour nommer un tuteur mâle même 13 ans après le décès du père, ce qui indique tout de même qu'il y a dû y avoir un changement de mentalité et de coutume !

En voici la preuve :

 

13 ans après.PNG

 « a comparu le citoyen François Piquemal Peypergut dit francillou, habitant la commune de Boussenac qui nous a dit que Jean Piquemal Peypergut, son frère, serait décédé il y a environ treize ans laissant à luy survivant de son mariage avec feue Marie Loubet Rastouillet, deux enfants mâles, nommés Antoine et Michel Peypergut, ledit Antoine âgé de 16 ans et ledit Michel d'environ 15 ans

 Et comme il importe à l'avantage des dits Piquemal mineurs qu'il leur soit nommé un curateur... »

 

 Prenons un autre exemple pour vous prouver la richesse de ces actes en matière de généalogie :

 

enfants de 3 lits 1.PNG

 

enfants de 3 lits 2.PNG

« est comparue la citoyenne Marie Piquemal Lagorre habitante de la commune de Massat qui nous a dit que Jean Ponsolle Magaraud, son mari est décédé il y a deux mois laissant à luy survivants  5 enfants savoir 2 garçons et 3 filles nommée Françoise Ponsolle Magaraud femme de François Laffite Fitou fille dudit feu Ponsolle Magaraud et de feue Marie Galy Pradal sa première femme, JosephPonsolle âgé de 17 ans, Guilhaume Ponsolle âgé de 14 ans et Marie Ponsolle leur sœur âgée de 7 ans tous 3 enfants dudit feu Ponsolle Magaraud et de feue Marie Ponsolle Magaraud dit lespagnol sa seconde femme et enfin Marie Ponsolle âgée de 2 mois fille dudit feu Ponsolle et de la comparante.... »

  

Il est clair que dans certaines déclarations nous retrouvons des « familles recomposées » comme il est d'usage de les qualifier de nos jours, c'est à dire que la veuve n'est que la marâtre des enfants du 1° lit et peut être tentée de favoriser les siens au détriment des autres Alors, je le conçois, il est impératif de défendre l'ensemble de la fratrie (même si le droit pyrénéen coutumier était très inégalitaire cf le sort des cadets) La parentèle de la première épouse défunte comme celle de la seconde sont détaillée mais c'est d'autant plus fructueux pour le généalogiste ! 

 

mineurs de 2 lits.PNG

est comparue le citoyenne Claire Rivère Mongiraud veuve de Guilhaume Loubet del Baile habitant de Boussenac qui nous a dit que ledit feu Guilhaume Loubet son mari décéda il y a environ 3 mois laissant à luy survivant un garçon et une fille , nommés le garçon François Loubet fils du dit Guilhaume et de feue Maria Piquemal Peyrepergut sa première femme, la fille nommée Anne Loubet âgée de 4 ans fille du dit Guilhaume et de la comparante ; et comme il importe pour l'avantage de ladite Anne Loubet qu'il luy soit nommé un tuteur elle a en conséquence fait assembler les parents bas nommés..."  

  

 Dans la seconde partie de l'acte nous trouvons les membres de la parentèle qui peuvent prétendre au titre de tuteur ou curateur et c'est, là aussi, une mine d'or !

 

parents au conseil 1.PNG

 

«  les parents paternels et maternels de la dite pupille et mineure bas nommés, savoir Raymond et François Ponsolle Magaraud frères, parents du 3° au 4° degré des dits pupils et mineurs, Etienne Ponsolle fouichs dit manègue parent par alliance de la dite pupille et mineurs, François Lafitte Fitou, beau frère de la dite pupille et mineurs, Jean, Guilhaume, autre Jean et François Ponsolle Magaraud frères oncles maternels de la dite pupille et mineurs et Michel Galy Faurou, parent du second au 3° degré des dits pupilles... »

 

Dans la même liasse, on trouve aussi de délits de coupe de bois, ce sujet récurrent en Couserans fera l'objet de l'article suivant.



07/08/2022
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