H comme Huile
Nous avons vu, en 2015, que la contrebande d'huile d'olive en provenance d'Espagne pouvait générer quelques revenus et quelques ennuis avec la Maréchaussée! Si l'on prend la peine de traverser les ports les plus inhospitaliers illégalement pour se procurer de l'huile, c'est que ce produit est rare et cher dans les vallées. Et pourtant, il est nécessaire pour cuisiner, enrichir la soupe et il apporte des calories non négligeables dans un régime où les bouillies de céréales et les légumes dominent.
Que produisait-on sur place comme matières grasses ? De l'huile de noix, si prisée actuellement mais qui ne semble pas avoir eu un grand succès auprès de nos ancêtres ; du saindoux quand on avait la chance de pouvoir tuer un cochon ou du beurre "barraté" sur place ou sur les estives à moins qu'il ne soit vendu pour se procurer quelques sous. Bref, un gros déficit en lipides dirait un diététicien...
L'huile était aussi indispensable pour l'éclairage, elle alimentait les calehls domestiques, ceux des mineurs et des églises. Il semble qu'on ait employé l'huile de faîne, comestible mais de peu de valeur. Pour les urbains, la faîne est le fruit du hêtre, un petit cône d'un à deux centimètres ; c'était mon délice, dans ma jeunesse, mais je vous laisse imaginer le travail que représente une récolte suffisante pour en faire de l'huile !
J'ai consulté des sites bio pour en savoir plus sur cette huile et son pressage ; il semble que son goût soit agréable, doux et qu'elle ait aussi la qualité appréciable de ne pas rancir mais de se bonifier en vieillissant. Avant de la presser (pour la consommation, j'imagine), il est préférable de la débarrasser de son enveloppe!!! Autant dire un travail interminable ! Inconvénient majeur, après tant de travail, elle produit peu : un hectare de hêtres donne environ 2400 kg de fruits qui, pressés, donneront 600kg d'huile.
Dans le dernier tiers du XIX° siècle, les villes envisagent un éclairage public des rues, chandelles et huile ne suffiront plus et on assiste à des essais de carburant variés : gaz, pétrole ou schiste... A Foix, un café s'éclaire au schiste et l'Ariégeois du 10 Mars 1860 se fait l'écho de cet insigne progrès :
Y-a-t-il un lien avec le trop célèbre et contesté "gaz de schiste" ? Il semble bien puisque cet éclairage utilisait des schistes bitumeux qui, après traitement, produisaient un liquide huileux ; il n'est pas précisé si l'éclairage était agréable ou nauséabond...
En 1884, la ville de Massat définit un cahier des charges daté du 12 Octobre, pour réaliser et entretenir son éclairage public. Le bail sera signé le 31 Décembre 1884 avec le sieur Jean-Baptiste Biros.
Le dispositif comprendra dix réverbères dans un premier temps :
(2O917 Massat)
Ensuite est stipulé le carburant qui devra être utilisé :
Cette huile minérale semble bien être extraite des schistes bitumeux mais j'avoue n'être pas au niveau pour vous donner des précisions dans ce domaine...
La transition vers une alimentation au courant électrique d'origine hydraulique est envisagée en 1902, j'en parlerai dans un autre billet.
D'autres villes choisiront le gaz et partout en France naîtra un métier nouveau : allumeur de réverbères !
Dans les hameaux, on reste dans les ténèbres, le feu du "cantou", une chandelle ou une lampe à huile de faîne procurent une faible lumière, les lampes à pétrole n'existent pas encore partout et l'électrification des maisons individuelles est encore lointaine.
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