aujols-Laffont

M comme Mendicité

Nous l'avons vu, se procurer du numéraire dans ces vallées qui vivent en quasi autarcie, est un impératif : il faut payer les impôts et doter les filles ! Alors, ils partent faucher, colporter, bouillir ou vendanger loin des vallées ariégeoises, vers le piémont pyrénéen, les grandes plaines du Languedoc si riches puisqu'on peut y manger de la viande et boire du vin !

Mais que peuvent faire ceux qui n'ont aucune spécialité pour grapiller quelques piécettes : mendier, sur place

 

mendicité 2.png

 

ou au loin dans les villes d'eau ou les grandes villes du Sud.

Il (ou elle) part à pied, vêtu de pauvres hardes, quelques vivres dans son sac, mais il rêve de revenir de la ville avec une bourse rondelette et cela leur donne du courage car c'est une errance bien dangereuse pour qui n'a jamais quitté sa vallée ! Sur leur route, bien des malheurs peuvent fondre sur eux comme la prison :

 

prison 30-1-1861.PNG
                                                                                 (L'Ariégeois 30 Janvier 1861)

 

Elles ont vraisemblablement mendié mais n'ont pas été prises sur le fait ; par contre cet emprisonnement et les frais du procès ont dû sérieusement entamer le pauvre pécule qu'elles avaient mis de côté.

 

prison12-11- 1879 2.png
 ( L'Ariégeois du 12-11-1879)

 

On remarquera les jugements de valeur du journaliste, quelles preuves a-t-il que Morère se soit montré insolent ou menaçant, qu'il ne soit pas réellement indigent ? Il n'a pas abandonné son travail, à l'oustal, il ne reste guère qu'à nourrir les bêtes, les gros travaux sont terminés...

 

Même sur le chemin du retour, les risques sont encore bien présents :

 

+ mendiant 28-11-1857 1.PNG

+ mendiant 28-11-1857 2.PNG

(L'Ariégeois du 28-11-1857)

 

Malgré les dangers, ils étaient nombreux à quitter l'oustal, en temps de disette (crise de la pomme de terre en 1845-46) ou encore en 1875. Il fallait, au minimum soulager la famille d'une bouche à nourrir, tout en ayant l'espoir de revenir plus riche et mieux vêtu :

 

départ mendiants 1875.PNG
L'Ariégeois du 22-12-1875)

 

Le ton du journaliste est nettement plus compatissant...sans doute « à cause du manque absolu de pommes de terre ».

 

La lutte contre la mendicité, et en particulier les "dépôts" qui sont censés éradiquer cette pratique, fera l'objet d'un autre billet  

 



14/06/2017
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