Le sort des conscrits réfractaires malades
La vallée de Massat a toujours été rétive à la conscription et les soldats n'hésitaient à déserter surtout durant les guerres de la Révolution et de l'Empire. Les plus malchanceux se font rattraper et incarcérer à Saint-Girons.
Les geôles de la ville ne doivent pas être un palace et certains conscrits tombent malades, peut-être, s'ils ont servi quelque temps accusent-ils aussi les fatigues ou des blessures de la guerre.
Le directeur de la prison fait alors intervenir un officier de santé ou un chirurgien qui peut demander leur hospitalisation à l'Hospice civil de Saint Lizier. Bien sûr, ils sont toujours considérés comme prisonniers, il faut donc s'assurer que leur surveillance soit stricte pour les empêcher pour les empêcher de fausser compagnie une nouvelle fois...
J'ai donc retrouvé une correspondance les concernant entre la prison et l'administration hospitalière sous la cote 3HDTQ13 mais je n'ai retenu que les conscrits de la vallée.
C'est le lieutenant de gendarmerie Dubois (puis le maréchal des logis Alexandre Dupac) qui prend en charge leur transfert et toutes ses missives se présentent avec cette belle en-tête
Maintenant listons les Massatois concernés par ordre chronologique :
"Anglade officier de santé faitte à Galy Tantounat conscrit malade dans la prison de St Girons ; vous voudrez recevoir dans votre hospice le dit Galy Etienne..."
" J'ai l'honneur de vous prévenir que j'invitai hier Mr Langlade chirurgien major de votre hospice de vouloir bien visiter le nommé Paul Sutra dit Pauset, conscrit de l'an 14 de la commune de Massat, détenu en sa qualité de militaire dans les prisons de Saint Girons. D'après l'avis de Mr Langlade que je joins ici, je viens vous prier, Monsieur, de vouloir bien faire recevoir ce conscrit dans votre hospice et avoir la complaisance de me faire prévenir lorsqu'il pourra soutenir la marche d'ici à Foix..."
« J'ai l'honneur de vous faire conduire le nommé Jean Sutra dit crabadou, conscrit de l'an 11 de la commune de Massat pour que que vous veuilliez bien le faire recevoir dans votre hospice, je joins ici le certificat de visite de Mr Langlade... »
« J'ai l'honneur de vous adresser avec la présente visite qu'a fait Mr Langlade du nommé Germain Piquemal dit lacassaigne, conscrit de l'an 13, de la commune de Massat de la quelle il couste que cet individu a besoin de secours de votre hospice ... »
« ordonne que le nommé Cabau Jean Bourdalé détenu dans les prisons de cette ville en vertu d'une condamnation, et qui est malade soit conduit à l'hospice de votre ville... »
A noter que sa qualité de conscrit n'est pas indiquée, la procédure devait être la même pour les détenus de droit commun.
Et enfin, quelques années plus tard, un prisonnier de Saurat qui semble bien mal en point !
" Je soussigné docteur médecin chargé du service des prisons de la ville de St Girons déclare que le nommé Maury Jean soldat de la région de l'Ariège détenu est d'une telle faiblesse qu'il est urgent qu'on le transporte de suite à l'hôpital
St Girons 27 Février 1820."
Si vous avez retrouvé un aïeul parmi eux, partagez !
A chaque hospitalisation, il est demandé à l'hospice de signaler si le malade est désormais apte à marcher jusqu'à Foix :
" vous aurez aussi la bonté de me prévenir quelques jours avant sa guérison radicale pour que je puisse l'envoyer prendre par des gendarmes, je compte, Monsieur l'économe sur votre zèle ordinaire pour empêcher l'évasion de cet individu "
L'armée ne lâche pas ses recrues si facilement surtout sous l'Empire et ses guerres continuelles !
Et puis, en 1808, le Sous Préfet de Saint-Girons, souligne que les soignants sont peut-être trop prompts à soustraire les conscrits au régime carcéral pour aller se refaire une santé dans le confort de l'hospice...
" du 5 courant elle a pour objet de prévenir les abus de la trop grande facilité du officier de santé chargé de l'admission des conscrits et déserteurs condamnés, dans les hospices civils. Vous voudrez bien vous pénétrer des dispositions de cette lettre et tenir la main à ce qu'elle soit strictement exécutée "
Un conscrit bon simulateur ou très douillet se reposerait puis s'évaderait !
Le Préfet réagit en 1810 et demande à l'hospice de mettre en place « une chambre de sûreté » pour ces malades. Certains se seraient-ils évadés ? Aucun cas n'est signalé dans la correspondance... dommage, nous nous serions régalés !
« Vous avez dû remarquer, Monsieur, que d'après l'article 12 du décret du 8 Janvier 1810 avec lequel vous avez reçu une circulaire de son Excellence le Ministre directeur de l'administration de la Guerre sous la date du 16 Mars suivant, il doit être établi autant que faire se pourra dans les hospices et hôpitaux, une chambre de sûreté destinée à recevoir les malades en état d'arrestation. Cette mesure actée considérée comme la seule par laquelle on puisse s'assurer des militaires détenus dans les hospices civils.
Veuillez bien je vous prie Messieurs me rendre compte des dispositions que vous avez pu faire pour l'exécution de cet article dans l'hospice ... »
En 1813, un risque d'épidémie est signalé par le Sous Préfet et 3 conscrits atteints de cette maladie qui n'est pas dénommée sont transférés à l'hospice :
« Il résulte Messieurs d'un rapport de Mr le médecin chargé des prisons de cette ville qui m'a été transmis par Monsieur le Procureur impérial qu'il s'est manifesté une maladie qui peut faire craindre qu'elle ne dégénère en épidémie il importe de prévenir un accident de cette nature, en conséquence je fais transférer à St Lizier 3 prisonniers qui sont atteints de cette maladie, ils se nomment Jean Galy, Paul Laffont et Paul Pujol Campètes. Je vous invite à les faire admettre sur le champ dans l'hospice, mais comme ces individus sont prévenus de crimes très graves, il importe de prendre des précautions pour prévenir leur évasion »
La période de répit et de soins terminée : retour à la caserne !!!
Puis peut-être au régiment de la Méditerranée...
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