L'enfant naturel
Dès sa grossesse, sa mère a été « montrée du doigt », c'est une expression bien faible pour sa condamnation unilatérale. Pour tout le hameau (le vesiau), elle est une fille perdue...
L'enfant, lui, n'y est pour rien et pourtant toute sa vie, il devra porter le poids de sa bâtardise ! Au moins chez les pauvres ; chez les nobles, il pourra devenir vicomte ou au minimum chevalier ?
Pour le peuple, il est un bâtard ; dans d'autres régions, on parle de « pitauds » ; pour Georges Sand, ce sont des « champi » comme François ; en Normandie, ils sont désignés par une très belle expression « les poussins de haie » mais qui cache mal leur destin difficile !
Nous avons vu que, pour la mère, les choix sont peu nombreux ; le garder avec l'espérance d'une reconnaissance du père. On trouve des traces nombreuses de cette heureuse issue, dans l'Etat civil, soit à la suite du mariage, enregistrée juste après le consentement des deux époux
« avons demandé au futur époux et à la future épouse s'ils veulent se prendre pour mari et pour femme, chacun d'eux ayant répondu séparemment et affirmativement déclarons au nom de la loi que Laurent Loubet de Paule et Magdeleine Piquemal Rat sont unis par le mariage, et aussitôt lesdits époux, nous ont déclaré qu'il leur étaient né un enfant du sexe masculin, le 8 Juin 183, inscrit sur les registres des naissances de la même année sous les nom et prénom de Joseph Loubet de Paule, numéro du registre 142,lequel ils reconnaisssent pour leur légitime enfant ; de quoi avons dressé acte... » ( Mariage du 12/7/1834 à Massat)
Il arrive aussi que le père se présente spontanément pour reconnaître l'enfant mais sans qu'il y ait trace de mariage :
L'an 1754 et le 5° Octobre naquit et fut baptisé Raimond... fils naturel de Paule Roques Lardit étant parrain Raimond Galy et marraine Margueritte Ponsole et le 4° Novembre suivant est comparu devant nous curé soussigné Antoine ? Du lieu de Monfa au diocèse de Rieux, lequel nous a déclaré être le père de cet enfant et nous a requis d'enregistrer sa présente déclaration sur nos registres en présence de ? Lafont chanoine, Jean Pierre Dufaur et Jean Georges Galin lieutenant du juge qui ont signé avec nous ainsi que Courteil curé par qui l'enfant a été baptisé. Le parrain pareillement signé avec nous, le père et la marraine... »
soit par acte notarié, souvent le galant était parti « gagner son pain » loin de la vallée et il reconnaît son enfant à son retour ou dans l'exemple suivant, il est soldat :
« a comparu le sieur Léon Cabau soldat au douzième d'artillerie, en garnison à Saint Omer de présent à Massat et y domicilié.
Lequel a par ces présentes volontairement reconnu pour son fils naturel Max Augé, né à Massat le 5 Novembre 1852, issu de lui et de demoiselle Marguerite Augé, sage-femme demeurant à Massat, et inscrit aux registres de l'état civil de la ville de Massat, à la date du 7 Novembre 1852 sous le numéro 91, comme étant né de la dite demoiselle Marguerite Augé et de père inconnu.
Consentant que dorénavant que ledit Max Augé porte le nom dudit sieur Cabau, son père comparant, au lieu du nom de sa mère, et que soit fait mention des présentes sur tous registres et partout d'ailleurs où besoin sera...» (acte reçu par M° Ferron le 4 Janvier 1857 à Massat)
Certains legs testamentaires peuvent-ils être révélateurs d'une paternité non assumée ?
« Je recommande mon âme à Dieu.
Je lègue et laisse à Bernard Sentenac Jammaouet, fils naturel de Françoise Sentenac Jammaouet du bien fonds jusqu'à concurrence en valeur de la somme de 800 francs et à expédier sur le pré, la pièce de terre et la grange appelés Leychart, ainsi que la moitié de ma maison et du jardin qui est devant la maison... » (Testament de Pey Jean Galy Fajou reçu par M° Galy Gasparrou le 24 Février 1852)
En attendant que faire de l'enfant si la mère veut le garder : tout dépend de la famille et surtout du « pater familias » ! Nous allons voir que certaines familles acceptent les enfants naturels mais c'est loin d'être la situation la plus courante.
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