aujols-Laffont

Les "filles mères"

Leur sort  n'est guère enviable !

Dans les hameaux, l'habitat est regroupé et de "bonnes âmes" se chargent de surveiller les jeunes filles... tout est noté (commenté?) : pâleur, vertiges, nausées et surtout embonpoint suspect ! De racontars en racontars, la rumeur enfle et se propage d'une grossesse illégitime et la surveillance s'accroît, que les suspicions soient fondées ou non, la fille est déjà suspecte !

En cas de grossesse illégitime, elle se serrera le ventre à la limite du supportable et trimera vaillamment pour donner le change, tout en espérant des promesses de mariage de son galant. Certes, il existe des remèdes destinés à faire "passer" le fruit non désiré ou d'habiles (il faut l'espérer) "faiseuses d'anges" mais ce sont des solutions condamnées par l'Eglise! 

Alors, souvent, la fille croit en son amoureux et attend ; pourtant, s'il ne veut pas "régulariser", il sera sans doute le premier à la dénigrer...  

 

Elle paiera toute sa vie ce moment d'oubli ou d'amour ! Son honneur est perdu et elle a sali le nom...

 L'accouchement se fera dans les pires conditions, le plus souvent seule, cachée et la tentation de l'infanticide sera évidente :

 

 

infanticide Assises 1.PNG

 

                          infanticide Assises 2 nom éffacé.png

                                                                            (L'Ariégeois 30 Juillet 1852)

 

Parfois  la sage-femme se transformera en inquisiteur pour connaître le nom du père fautif et défaillant (mais c'est plus fréquent sous l'Ancien Régime qu'au XIX° siècle) qu'elle s'empressera de révéler au curé et, bien sûr, aux voisines...

 

Bref, son avenir matrimonial est des plus sombre ! Qui voudra épouser une femme frivole et se retrouver « cocu » un jour ou l'autre et, de ce fait, la risée du village !!

Que son abandon ait été occasionnel ou non, aux yeux de tous et à la langue acérée des commères, elle est une « fille perdue » ; elle restera donc seule (avec son enfant si elle l'a assumé) .En Normandie, on dit qu'on n'épouse pas "une vaque avec son viau"... Eventuellement, elle épousera un autre rejeté, bref une vie de pauvreté voire d'indigence en perspective.

Il est aussi possible qu'elle pense au pire :

 

suicide Soulan 1 nom effacé.png

 suicide Soulan 2 nom effacé.png

(L'Ariégeois 17 Juin 1874)

Après trois enfants naturels, le père ne tient toujours pas ses promesses de mariage...la mère mise au ban de la société et de la communauté catholique, en arrive au suicide ! 

 

Une lecture sur ce sujet sensible pour nos ancêtres ?

 

Bon, c'est un "roman de terroir" récent mais je trouve que la culpabilité de la jeune fille "fautive", ses angoisses, ses désespoirs, ses stratagèmes pour dissimuler son état, ses interrogations morales et religieuses, mais aussi son espoir et son amour tenaces envers son galant frivole, sont vraiment palpables dans la trilogie "Angélina" de Marie-Bernadette Dupuy

 

trilogie Dupuy.PNG
Les solutions à ce drame d'une grossesse non désirée et d'un galant volage sont, elles aussi, toutes examinées : abandon, mise en nourrice, avortement etc... et tout cela se déroule entre Saint-Girons et la vallée de Massat... cerise sur le gâteau !   

 

 

 

 

 



01/06/2018
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