Le legs de l'Abbé Maurette
Si sa mère a dû être fière de voir son fils ordonné prêtre, ce qui, dans le microcosme social de la vallée, la plaçait dans une position enviable ; en revanche elle n'avait pas prévu que la vocation profonde de l'abbé allait lui réserver de mauvaises surprises !
En effet, l'abbé pratique la Charité au point de faire don de ses biens au bureau de bienfaisance de Massat dans son testament du 2 Janvier 1828. Il ajoute toutefois certaines clauses à ce legs comme secourir sa mère en cas de besoin !
Le montant du don apparaît lors du partage des biens du bureau de Massat en 1867 et des communes de Biert et du Port « nouvellement » crées … en 1851, il est mentionné à part puisqu'il ne sera partagé qu'entre Massat et Biert en excluant le Port.
Et ce legs n'est pas négligeable puisqu'il s'élève à 8505 fr :
« reste le produit du legs de Mr Maurette à diviser par moitié entre les bureaux de Biert et de Massat, soit 4252fr 50 pour chacune, ce qui fait la part de Massat à 21047fr09 et celle de Biert 14434 fr50... »
Sans doute moins charitable que son fils Barthélémy, Adèle Maurette se plaint au Préfet de l'Ariège,le 30 Mai 1857 (sauf erreur, cette lettre ne semble pas exister dans la liasse) de ne pas recevoir de secours du bureau de bienfaisance comme stipulé dans le testament ...
La même année une nièce de l'Abbé se plaint aussi au Préfet :
« Par testament en date du 2 Janvier 1828, le sieur Barthélémy Maurette, prêtre, mon oncle, laissa tout son bien au bureau de bienfaisance de Massat et de Biert pour être distribué aux pauvres, en recommandant à Messieurs les exécuteurs testamentaires ses parents de Biert et de Massat jusqu'au 4° degré inclusivement.
Je viens vous exposer Monsieur le Préfet, ma position, je suis mère d'une nombreuse famille, mon mari ne peut suffir par son travail à notre entretien, dénuée de tout moyen d'existence, me trouvant cependant dans la catégorie des parents que le sieur Maurette, mon oncle, a recommandé d'une manière formelle, malgré tous mes droits, je me suis adressée plusieurs fois aux administrateurs qui m'ont toujours renvoyés avec des promesses... »
Le Préfet demande d'autres informations au sous Préfet de Saint-Girons qui adresse cette lettre au bureau de bienfaisance de Massat :
« Sous la date du 30 Mai dernier vous m'avez fait l'honneur de me transmettre, avec les pièces de l'instruction, une lettre par laquelle la Dame Adèle Maurette se plaint de n'être pas secourue par le bureau de bienfaisance de Massat, contrairement aux instructions de son parent M. Maurette qui a fait un legs en faveur de cet établissement.
Il résulte des explications fournies que la réclamation de la Dame Maurette n'est pas fondée et je pense, dès lors, qu'il n'y a pas lieu de donner suite à l'affaire dont dont il s'agit.
Toutefois je verrais avec plaisir que les bureaux de Biert et du Port, qui ont participé au bénéfice du legs [erreur pour le Port qui n'a pas touché un centime du legs] consentissent à faire quelque chose en faveur de la réclamante. Je vous prie de bien vouloir les y inviter »
Le bureau de bienfaisance s'est aisément disculpé de faillir au soutien d'Adèle Maurette :
« Depuis que le bureau de bienfaisance a été autorisé à accepter cette donation, les parents du bienfaiteur qui sont nombreux et spécialement la Dame Adèle Maurette, n'ont cessé de recevoir chaque semaine un secours en pain, d'obtenir tous les médicaments et soins nécessaires en cas de maladie et de recevoir même des sommes d'argent lorsqu'ils éprouvaient des besoins plus pressants;c'est ainsi que l'été dernier encore, la Commission administrative a fourni à la Dame Adèle Maurette, les moyens de faire reconstruire la toiture de sa maison d'habitation qui s'était écroulée... »
Tous les plaignants sont donc déboutés : le testament est inattaquable et le bureau tient des comptes précis des secours accordés. La grande parentèle de l'abbé devra s'en satisfaire et s'incliner : les biens légués serviront à soulager tous les habitants indigents ou pauvres de Biert et de Massat...
Pourquoi la commune du Port ne profite-t-elle pas du legs ? Elle est plutôt moins prospère que Massat et Biert ; l'abbé l'a-t-il « oublié » ? Ou décédé avant la partition n'a-t-il pas imaginé que Le Port deviendrait une commune à part entière ? C'est le plus vraisemblable.
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