aujols-Laffont

Les registres de catholicité

Avec la création de l’Etat civil, les curés furent sommés de remettre leurs registres (dits BMS) à la Mairie et l’enregistrement des naissances, mariages et décès fut dévolu aux Maires des communes. (décrets des 20 et 25 Septembre 1792)

Pourtant les curés continuèrent d’enregistrer les baptêmes, les bénédictions nuptiales et les inhumations. S’en suivit, une période difficile pour les généalogistes qui correspond à peu près à la Terreur : les curés non jureurs sont pourchassés et les registres souvent perdus ; les Maires, pour certains d’entre eux, sont mal préparés à leur nouvelle tâche et l’assument plus ou moins bien. C’est de là que vient l’idée fausse qu’on ne peut remonter une lignée au-delà de la Révolution (d’autres documents existent en particulier les registres notariés) mais il est vrai que cette période n’est jamais « un lit de roses » !

 

En Couserans, plus qu’ailleurs ! Les lettrés sont peu nombreux parmi les laïcs et surtout les communes n’auront pas de « Maison Commune » avant, parfois, des dizaines d’années… les registres seront donc « itinérants » et conservés dans des conditions pour le moins difficiles ; de plus, les habitudes ancestrales font qu’on se rend à l’église et qu’on « oublie » la Mairie, en témoignent la quantité impressionnante d’actes de notoriété environ 20 ans après la création de l’état civil.(cf acte d'état civil, acte futile, N comme Notoriété et un mariage "blanc" révélé par un testament )

 

Ces registres "de catholicité"  sont donc des documents capitaux, ils permettent, comme partout, de connaître les parrains et marraines mais aussi, en les croisant avec les registres officiels de compléter des filiations, de retrouver les actes de baptêmes des « oubliés » de l’Etat civil.

 

Enfin, il y a les « habitudes » particulières des vallées…comme la résistance à la conscription qui conduit certains Maires ou adjoints à falsifier l’Etat civil ou les parents à oublier encore plus fréquemment la déclaration civile, par contre, personne ne songerait à ne pas baptiser l’enfant. Cecii dit les curés peuvent aussi "aider" un jeune à ne pas faire partie des conscrits...:fils ou fille, une rature est facile à inclure !

 

Personne ? Pas si sûr ! La dissidence de la Petite Eglise refuse de recevoir les sacrements des prêtres jureurs, même et surtout après le Concordat. Alors le croisement entre les registres officiels et les registres de catholicité peut être fructueuse pour retrouver les Petchets !

 

 

Vérifions grâce à la collection des registres de catholicité de Massat (en 26J1 à 10) si nos hypothèses sont plausibles.

En ce qui concerne les parrains et marraines oui mais toujours sans indiquer une filiation (possible) avec le filleul, presque systématiquement indiquée dans d’autres régions, les mariages sont encore sans filiation, par contre les inhumations indiquent parfois le lien matrimonial du défunt (toujours utile pour vérifier en cas d’homonymies). Des lacunes encore, les « oublis » du curé mais moins nombreux qu’auparavant me semble-t-il :

 

ill 1.PNG

 (Pierre Auriac Tetoy de Labanies fils de Pierre et de Angélique Cabau Faurounne mariés a été baptisé  par moi curé soussigné le 6 Octobre 1812 Etant parrain Pierre Auriac  et ....)

 

 Voici l'acte d'Etat civil dressé par le Maire pour le même enfant, semble-t-il (en Couserans, plus qu'ailleurs, il faut être prudent : il peut y avoir plusieurs homonymes dans les fratries des 2 parents mais les dates de de naissance et baptême sont identiques , il doit bien s'agir du même nouveau-né). Pierre, devait être l'aïnat, le père donnant souvent son prénom à son premier mâle.

Par contre, nous ne saurons jamais qui était la marraine de Pierre Auriac Tetoy à moins qu’elle ne teste en faveur de son filleul !

 

° Pierre Auriac Tetoy Massat 6-10-1812.PNG

"l'an 1812 et le sixième Octobre à dix heures par devant nous Maire officier de l'état civil  de la commune de Massat, département de l'Ariège est comparu Auriac Tetoy Pierre , âgé de 30 ans, cultivateur, domicilié de laditte commune lequel nous a déclaré un enfant de sexe masculin , né ledit jour de lui déclarant et de Cabau Fauroune Angélique  son épouse et auquel il a donné le prénom de Pierre ; lesdittes déclaration et  présentation faites en présence de Auriac  Tetoy Antoine, âgé de 70 ans, domicilié dudit Massat ... signer ...ont dit ne savoir."

 

Autre problème, une inhumation précédant un décès, pour François Laffont del Cardaÿre :

 

ill 2.PNG

 "François Laffont del Cardaÿre époux de      Piquemal Camelle, âgé environ 78 ans est mort a été enterré(?) par moy curé soussigné le 13 May 1812..."

 

Voici l’acte d’Etat civil :..

 

ill 3.PNG

" L'an 1812 , le 29° jour du mois de May, à l'heure de midi par devant nous adjoint à la Mairie de Boussenac, département de l'Ariège canton et municipalité de Massat faisant les fonctions de Maire et d'officier d'Etat civil, sont comparus Jean Laffont del Cardaÿre, âgé de 58 ans et Paulet Laffont âgé de 40 ans , cultivateurs habitants de cette commune; lesquels nous ont déclaré que François Laffont del Cadaÿre; âgé de 80 ans, leur père ? et être voisins, veuf de Françoise Piquemal Camelle, cultivateur habitant de la dite commune y est décédé ce jourdhui à l'heure de 5 heures du matin en sa maison au quartier des Eychards  et nous avons signé..."

   

Que s’est-il passé ? Recherches faites, aucun autre François Laffont n’est décédé en Mai 1812, les deux défunts sont mariés à une dame Piquemal Camelle (dont le curé a oublié le prénom !). Mon explication est qu’on a procédé à l’inhumation religieuse avec toutes les traditions avant de se souvenir qu’il fallait déclarer le décès civilement. Seulement voilà, mon logiciel de généalogie me signale une erreur : François n’a pu être inhumé avant d’être décédé… officiellement s’entend ! Que faire ?

Autre question, peut-on, grâce à ces registres, trancher sur l’hypothétique mariage de Jean Piquemal Carlet et Marie Sentenac Jammaouet ( un vrai faux mariage et un procès), pour l’instant non ! Les premiers registres de catholicité datent de 1802, or, Jean se serait marié « devant Dieu » en l’an V (1797 ou 98) raté, pour le moment ; qui sait ce que nous réserve la série J ?

Nous voyons donc que les actes enregistrés par les curés sont moins détaillés que les actes civil !

  

Vers 1835, arrivent les curés Rougé, Mouillac et Bélesta, et nous avons des actes complets, enfin ! Sauf peut-être la filiation des filleuls et des parrains/marraines mais là, il faut comprendre que la filiation au-delà des aïeux est tellement confuse dans la vallée, que le curé souhaite s’épargner une généalogie orale plus ou moins fiable… Au moins avons-nous la filiation des mariés…

 

 

ill 4.PNG

 " L'an 1835 et le 24° jour du mois de Février  après la publication des bans du futur mariage  entre Jean Teychenné Flingou fils légitime et majeur de Nicolas et de feu Anne Galy Roquefort, d'une part et Marie Benazet Lacarre fille légitime et majeure de Benoit Benazet Lacarre et d'Anne Claustres Barbonnère d'autre part, tous deux du quartier d'Esquen, dans cette paroisse, faite au prône de la messe.... aucune opposition vu le certificat du mariage civil contracté par les dits Jean Teychenné Flingou et Anne Bénazet Lacarre devant monsieur Galy Gasparrou maire de la commune de Massat ; je soussigné, curé de cette paroisse ai reçu le mutuel consentement en mariage de cesdites parties et leur ai donné la bénédiction nuptiale avec les personnes présentes par la sainte église en présence de Dominique Piquemal, Vincent Piquemal, Dominique Laffont et Jean Laffont, carrillonneurs qui ont attesté ce que dessus ?? l'âge et les qualités des dits parties et ont signé avec nous, l'époux et l'épouse ayant déclaré né savoir de ce interpellés."

 

Si l'on veut faire une recherche sérieuse, il est toujours conseillé de croiser les sources  et elles sont nombreuses : Etat civil ou BMS, actes de catholicité (il existe des actes protestants dans certaines communes), actes de notoriété (série U) ou encore successions  (en 2C avant la Révolution ou 3Q ensuite). Les recensements du XIX° siècle ont été détruits... 

La série J peut aussi receler des documents passionnants comme les actes de catholicité ! 

Ces registres devraient se trouver en série G et c'est là où je les ai cherchés, sans succès, ils ont donc rejoint le fonds des AD plus tard; après l'inventaire de la série G et se sont retrouvés dans les "documents entrés par voie extraordinaire" .

Moralité, si vous avez le temps, explorer toutes les séries et les inventaires de la salle de lecture !!! 

 



03/12/2020
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