Parfois les mairies brûlent : Boussenac
Il n'y a pas que les maisons individuelles et les granges qui soient touchées par le feu ; les édifices religieux et publiques peuvent aussi brûler !
En 1938, c'est la Mairie de Boussenac qui est la proie des flammes mais nous avons changé de siècle et progrès oblige, il semble que la cause soit un court-circuit électrique...
Nous disposons d'un PV de Gendarmerie du 1 Septembre qui décrit en détail le déroulement du sinistre et des témoignages de Raymond Piquemal, secrétaire de Mairie, logé avec sa famille dans le bâtiment, de Loubet Jean-Marie, Maire de la Commune, de Marcel Massat, laitier et de l'institutrice Léa Pujol épouse Dedieu qui dit ne résider dans son logement « que pendant les très mauvais jours d'hiver ».
Voici la dispositions des lieux :
" La bâtiment incendié qui mesure 19m50 de long et 7m 50 de largeur et 7m de hauteur se trouve en bordure de la route nationale n°618. Il comprenait un rez de chaussée et un premier étage. Au rez de chaussée se trouvait la salle d'école primaire, celle de la Mairie et secrétariat ainsi que la cabine téléphonique.
Au premier étage, deux logements de 4 pièces chacun, un occupé par le secrétaire de Mairie et le deuxième destiné à l'institutrice du hameau Espies. La bibliothèque de l'école, ainsi que des livres et meubles de l'institutrice ont été la proie des flammes."
Le sinistre a été signalé par le secrétaire de Mairie et son fils qui ont appelé les pompiers de Massat et Saint-Girons. Les gendarmes, arrivés en premier sur les lieux, tentent d'organiser les secours :
"A notre arrivée nous étant rendu compte qu'il n'y avait aucune personne en danger, nous avons, avec des voisins accourus de toute part, organisé des réservoirs pour que la moto pompe puisse être mise en oeuvre dès notre arrivée.
Quelques instants plus tard, la moto pompe étant arrivée a été mise en action, mais faute d'eau, le sinistre n'a pu être circonscrit qu'après plusieurs heures d'efforts.
La plupart de ces ouvertures étant munies de volets en bois et fermés, le jet des pompes n'a pu atteindre le foyer franchement, ce qui a rendu le travail plus pénible et moins efficace.
Pourtant, malgré l'arrivée de deux moto pompes, le feu se propagera dans tout le bâtiment ; à cela deux causes qui peuvent sembler, pour le moins étonnantes :
"Oui, vous avez bien lu ! Les pompes n'ont pas assez d'eau et les volets sont fermés ! Les pompiers n'ont-ils pas de haches pour en venir à bout et pas de citernes pour les pompes ? Il faudra attendre 13h30 pour que le feu soit maîtrisé.
Les dégâts sont considérables, la toiture en flammes est tombée et du bâtiment, il ne reste que les murs, seule la cabine téléphonique est peu endommagée, il suffit de remplacer les fils qui ont fondu. Mais le gendarme ajoute :
"ravagé tous les étages et le mobilier de ce bâtiment sauf quelques registres d'état civil, cadastre et autres de la mairie qui ont pu être enlevés."
Je vois déjà le soulagement des généalogistes ! Les registres et le cadastre sont sauvés ! C'est d'ailleurs de faire le point sur les documents détruits que s'enquière l'archiviste départemental ; il adresse au Maire un questionnaire détaillé « pour lui permettre de vérifier aisément l'état des collections importantes en vue de constater les déficits » Nous n'avons pas retrouvé les réponses de la Mairie mais seulement le résumé qu'en fait l'archiviste au Préfet de l'Ariège :
Il manquerait seulement quelques pièces du XVIII° sicle et partie des Recueils des actes administratifs de la Préfecture, cette dernière collection était incomplète d'ailleurs depuis longtemps, comme elle l'est dans la plupart des communes."
Le Procès verbal de gendarmerie donne aussi une première évaluation chiffrée des dégâts, la Mairie estime à 160.000 fr les dégâts du bâtiment et n'avait souscrit des assurances qu'à hauteur de 50,000 fr ; le secrétaire de Mairie et l'institutrice n'avaient pas d'assurance ; ils perdent, selon leurs estimations 50.000 fr et 6.000 fr.
Par ailleurs l'école a perdu tout son matériel :
"...une malle contenant des livres. Dans la salle j'avais tout mon matériel d'enseignement, livres, atlas, collections etc..Les quelques livres que nous avons dégagés d'un rayon de bibliothèque sont absolument inutilisables, détériorés par l'eau."
Paradoxalement , pour les livres, l'eau utilisée pour éteindre l'incendie fait plus de ravage que le feu ! Le livre brûle mal et c'est tant mieux !
Lisez ou relisez "Fahrenheit 451", un livre de science-fiction. Une société totalitaire décide d'effacer le passé et donc de brûler les livres en un gigantesque autodafé et le titre indique la température qu'il faut atteindre pour détruire ces témoignages gênants, des lance-flammes sont nécessaires !
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