Définir son origine...
Personne ne se dit Ariégeois en Ariège...
Ce n'est que « d'ailleurs » qu'on se définit comme Ariégeois...à la faveur d'une sorte de travelling arrière, ce département composite ne prend corps que pour les migrants et peut-être pour les « estrangers » qui le connaissent mal et le situe mal : Ariège, Ardèche, c'est tellement proche phonétiquement dans la tête d'un Parisien!. Pas géographiquement, mais ils sont tous des "gabatchs", des mountagnols, mangeurs de blé noir et de bouillie de sarrasin...
Bref, être Ariégeois, c'est plus compliqué, je m'en suis rendue compte depuis 5 ans que j'y réside une bonne moitié de l'année pour les recherches...
Pour preuve les « bandeaux » des journaux d'Associations de migrants : Y comme Y'a toujours un Ariégeois dans le coin (Challenge 2017)
L'objectif est de retrouver une communauté, même sur les lieux d'exil, l'entraide comme « au pays »...
Que trouve-t-on dans ces journaux d'Associations ? Des nouvelles du pays relayées souvent par les journaux locaux, des réclames de commerces qui accordent tous, bien sûr, des réductions aux compatriotes et pour le généalogiste des listes d'adhérents ; mais dont les patronymes semblent tous avoir été amputés de leur sobriquet ; moi j'ai toujours trouvé que cela faisait "chic" : un genre de noblesse rurale...mais eux, les Anciens devaient le vivre comme de la terre accrochée à leurs sabots qu'ils avaient aussi, sans doute, délaissés à la ville !!!
Mais nous trouvons leur adresse, ici à Toulouse, ce qui peut être précieux pour les suivre dans les recensements. Sur un plan, on pourra aussi repérer les quartiers à forte concentration ariégeoise , même sans connaître Toulouse (comme moi) !
D'autres listes sont plus fournies, et nous indiquent aussi la profession du migrant
Encore une aubaine, la première génération de migrants se connaît du village.
En collationnant tous ces renseignements, il est possible de renouer certains fils de leur vie
Sur place, en Ariège, on se définit différemment et c'est beaucoup plus compliqué !! On s'affirme du « Pays » d'Olmes, de Foix ou du Donazan ; ou d'une vallée, dans le Couserans surtout, et il est vrai que les modes de vie (et même la langue) diffèrent.
Il faut bien le reconnaître, après deux siècles et demi, la greffe du Couserans gascon au département n'a jamais « pris » !
Mais, au sein même du Couserans, il existe de multiples conflits ancestraux entre les vallées dus aux partages des alpages et des forêts essentiellement.
Bon, ça peut se comprendre dans une société pastorale ; mais il existe aussi des rivalités au sein d'une même vallée : Boussenac n'est pas Massat ; Soulan et Aleu sont un peu excentrés donc à part. L'Etat civil y enregistre, d'ailleurs peu de sobriquets...
Le Port et Biert ne sont que les effets de la partition de la grande commune de Massat (et les ressentiments consécutifs à la séparation des finances communales et à la domination séculaire de Massat ne sont pas effacés depuis 1851 !) Aucun Massadel n'est amnésique !!!
Bref, au sein d'une vallée, pas vraiment d'unité, SAUF en cas de conflit avec une vallée voisine ou avec le pouvoir central ! Là, la communauté se regroupe et agit ensemble quelles qu'aient été les dissensions pour faire face à « l'étranger » !
Evidemment : les Administrations de Foix et Saint-Girons qui transmettent les ordre de Paris ! Outre la conscription, le code forestier maintenant nous avons la polémique de l'ours : il faudra que je vous reparle de Martin (sujet sensible sur les estives et pour les randonneurs !!!! durant l'été 2019)
Si en pays d'Olmes, seul parle le Père puis son fils, réminiscence du Pater familias romain qui a tous les droits sur sa femme et ses descendants ; dans le Couserans (influence Vasconne) au contraire, la femme peut parler, donner son avis et même diriger si elle est l'Aïnada, l'héritière : son époux est « gendre", venu se coloquer chez elle » !! Cela change tout !
Une dichotomie totale !
Tous Ariégeois, certes, mais quand ils sont loin du Pays...
Je viens de commencer la lecture de Goupille, un roman de Destel et il me confirme dans ce que j'avais perçu au cours de mes conversations de terrain !
A la question : "D'où es-tu ?" Goupille répond différemment s'il est à Saint-Girons ou à Massat !
Sont-ils compliqués à cerner, ces Massadels ! Et susceptibles et tatillons en plus ! Mais si chaleureux qu'on les absout aisément !
Ceci dit, soyons clairs, mes ancêtres sont de Boussenac, des Eychards, et François Laffont précisait, d'après ma grand-mère "près de Massat", mon AAGM est du Barou, toujours dans la même commune.
Il est préférable d'être précis quand on indique son origine !
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