S comme Segadou
Autre métier saisonnier que les paysans allaient exercer en plaine ou à l'étranger pour ramener le fameux numéraire (des « pièces sonnantes et trébuchantes) qui faisait cruellement défaut dans ces vallées vivant en quasi autarcie.
Le « moissonneur », donc, partait sa faux sur l'épaule, sa pierre à aiguiser dans un cornet vers le Languedoc ou l'Aquitaine ou très souvent l'Espagne (l'expédition vers l'Algérie ne semble pas avoir été très heureuse, voir "les Segadous en Algérie")
Comment fait-il, me direz-vous, pour moissonner ses propres champs ? Tout d'abord, les moissons se font plus tôt en plaine et le blé ou l'avoine sont mûrs bien avant le seigle ou le blé noir ; or dans la vallée, on cultive peu de blé (froment) car les terres ne sont pas assez riches et les rendements plus faibles que pour des céréales plus rustiques.
Le ségadou part donc, après avoir rentré son foin et revient à temps pour faucher ses propres céréales. Il part bien sûr à pied et va profiter, en plus du salaire, de la nourriture plus riche et carnée des plaines et du vin qu'il ne voit que rarement sur sa propre table. Il va aussi moissonner des champs plus faciles que les siens, plus grands et surtout plus plats !
Chante-t-il en chemin « la cansou des segadous » pour rythmer sa marche ? En tout cas, Jean-François Bladé « Poésies populaires de la Gascogne » la classe dans les chansons de travail. En voici le texte en patois de Massat :
(Ruffié « Massat : chansons, danses, usages » .- Ed Lacour ; 2000 (p 13-14)
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