aujols-Laffont

Tomber malade pour nos ancêtres est une catastrophe majeure : tous les soins coûtent cher et c'est souvent une partie importante des dettes que l'on trouve dans les inventaires après décès ;

 «Et que finallement il est dû par ladite hérédité audit M° chirurgien habitant dudit Massat la somme de 5 livres pour médicaments et soins par luy exposés çy... » (Inventaire Etienne Laffont del Cardaÿre du 12 Août 1779)

Trois ans tout de même que le praticien n'a pas été réglé, il est patient !!!

Je ne suis pas sure que le métier que le métier ait été lucratif (au moins à court terme) car on retrouve maintes affaires de dettes non acquittées devant la Justice de Paix :

 « Est comparu le sieur Louis Caubeil chirurgien patenté habitant de St Pierre de Soulan qui nous a dit que par exploit de Boirie huissier du 4 du courant enregistré il a fait citer à ce jourd'huy par devant nous Marie Sentenac veuve d'Etienne Morère et Marie Morère , sa fille aînée majeure et le ditte Sentenac en la qualité de tutrice de la personne et des biens de son dit mary habitante de St Pierre en Soulan pour si concilier s'il est possible sur la demande de règlement tendante à la faire condamner à luy payer la somme de 317 fr 55 centimes en sa qualité de chirurgien... »

Mais avant de consulter qui que ce soit, on aura utilisé les « simples », herbes de la Saint Jean et le recours aux Saints. Ça ne coûte rien et certains remèdes traditionnels sont très efficaces. Si rien n 'y fait, on ira voir le guérisseur... quelques œufs ou une poule bien en chair suffiront pour sa prestation.

Mais si le malade gît au lit, c'est grave ! Un Moutagnol qui ne peut se lever est mal parti car ce n'est pas concevable dans sa vie quotidienne...

Le chirurgien ou l'officier des santé semble être moins onéreux que le médecin, s'il ne réussit pas à soigner le malade c'est le prêtre qui viendra ! Bref, on a peu recours au médecin lointain et onéreux ! De toute façon, il est souvent trop tard quand on l'appelle !!!

 (L'Ariégeois du 26 Août 1865)

Et pourtant il existe tout un corps médical dans les vallées, aux AD de Foix, un registre les répertorie, il comporte 80 pages et c'est une mine de renseignements sur le recrutement des

personnels de santé : médecins, chirurgiens, pharmaciens etc...

« Inscription des titres de médecins et autres article 22 du titre 4 de la loi du 19 Ventôse an XI »

Je ne peux pas tout vous révéler dans un seul billet alors nous y reviendrons en détail après le Challenge. Voici comment se présente le registre et son organisation :

Les personnels de santé sont donc recensés après l'an XI et ils vont devoir présenter leur « titre », dans la colonne suivante, un aperçu de leur expérience professionnelle qui peut être succincte ou très détaillée, presque « biographique »

La colonne « énonciation » nous révèle le lieu d'obtention du droit d'exercer :

 "Lafite (Jean-Baptiste) médecin demeurant à Massat  / 20 Septembre 1787/ des lettres de docteur en médecine école de Toulouse "

 " Pagès MIchel demeurant à Massat /8 Janvier 1781/ des lettres de maître en chirurgie délivrées par la communauté des chirurgiens dela ville de Saint-Lizier"

Nous voyons déjà que les médecins font leurs études à Toulouse, d'autres à Montpellier et les chirurgiens obtiennent leurs diplômes à Saint Lizier (désolée, je n'ai pas dépouillé le fichier à temps pour faire une recherche sur l'école de Saint Lizier mais nous y reviendrons, promis)

Bien d'autres recrutements sont possibles et peuvent avoir une influence sur les capacités du soignant et donc sur la qualité des soins qu'il prodigue …

Voilà aussi pourquoi nos ancêtres faisaient appel en premier lieu au guérisseur : ils est du pays, on a eu des échos de ses résultats, il a une réputation et des secrets... Alors que ces praticiens revenant des « villes », même si leurs patronymes évoquent la vallée (Pagès, Lafite...)  coûtent et personne n'est sûr que leurs compétences soient plus étendues !!!