Prêtres "réfractaires" et prêtres "puristes"
Retrouver les traces d'une personne qui a vécu une partie de sa vie dans la clandestinité n'est, par définition, pas chose aisée !
Or, ce fut le cas de Jean Bertrand Urtier, prêtre réfractaire sous la Révolution qui dût donc se cacher puis peut-être migrer à Londres ou en Espagne, sous la Terreur et il ne fut pas le seul en Couserans
A moins qu'il ne soit resté caché dans la vallée comme le pense Jean Servat :
(Histoire de Massat p 33)
A quelle date réapparait-il,officiellement, dans la vallée ? Je n'en ai trouvé nulle trace écrite. Peut-être a-t-il fait un séjour à Toulouse où demeuraient plus ou moins secrètement nombre de prêtres 'Puristes' et même des évêques. Logiquement ces religieux ayant refusé de prêter le serment révolutionnaire, rejettèrent aussi le Concordat qui faisaient d'eux des fonctionnaires rétribués par l'Empire, ils restèrent donc « en marge ».
L'Empire s'en inquiète vers 1809, ces dissidents de l'église officielle (prêtres ou laïques) risquent-ils d'être dangereux pour l « ordre public », ils sont difficiles à contrôler puis qu'ils officient hors des cadres traditionnels... Des enquêtes sont menées sur les « Puristes » et les diacres du Massatois (Loubet de Paule, Lazès et Ponsat d'Aleu) sont arrêtés
Mais où sont leurs curés ? Il semble bien que les autorités n'arrivent pas à les localiser..
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«Il paraît que cette secte appartient au petit nombre de prêtres appelés puristes qui ne se sont pas soumis au Concordat ne reconnaissant point les évêques nommés depuis et restent attachés à ceux des anciens qui ont renoncé à leur Patrie.Il est assez certain que ces prêtres exercent clandestinement des fonctions mais rien n'annonce qu'il y en ait dans cet arrondissement. On voit seulement par les renseignements fournis par le Maire de Massat qu'ils y ont des partisans et qu'ils ont sans doute donné quelques pouvoirs à des chefs »
Dans cette lettre, aucun nom de prêtre n'est cité, contrairement à celle envoyée par le Préfet du Gers qui, lui, le 15 Janvier 1810 cite le nom de 3 personnes recherchées dans son département.
Après enquête et audition des diacres de Massat, le sous-Préfet est convaincu qu'ils ne représentent en rien une menace pour le pouvoir et demande leur libération le 13 Janvier 1810.
« D'après ces considérations je vous engage à faire rendre la liberté aux sieurs Pierre Loubet de Paule, et Pierre Lazès qui ont été arrêtés à Massat »
Il semble qu'aucun prêtre n'ait été trouvé (ils sont plus chanceux que l'abbé Galy Roquefort emprisonné sous la Terreur à 74 ans)
La secte est dissoute mais continue ses pratiques dans la clandestinité sans être de nouveau inquiétée. Le curé Urtier décède à Massat en 1827 :
« L'an 1827 et le 17° jour de Septembre ...sont comparus Piquemal Cabos Jean âgé de 48 ans et Loubet de Paule Joseph âgé de 60 ans, cultivateurs, domiciliés audit Massat, voisins, lesquels nous ont déclaré que le jour d'hier à 1 heure du soir Urtier Jean Bertrand âgé de 85 ans prêtre religieux, capucin sous le nom de Père Isidore fils de Urtier Joseph et de Vignau Marie mariés propriétaires domiciliés à Massat est décédé dans sa maison sise au chef lieu de Massat, de quoi nous avons dressé acte en présence des déclarants et après que lecture leur en a été faite, requis de signer avec nous le présent ont dit ne savoir. »
Si l'on en croit le récit précédent ce curé est encore présent dans les mémoires massatoises et il existe près du hameau une fontaine dite « la fount del Peyre » ainsi nommée car le curé aimait à s'y désaltérer. Le hameau se sert toujours en eau potable à cette fontaine car elle plus pure que celle du réseau d'eau courante...
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