aujols-Laffont

C'est une transaction que nous ne pratiquons plus guère de nos jours mais dont nos ancêtres étaient friands. Il faut reconnaître qu'ils connaissaient le moindre lopin, la plus pauvre chaumière ou borde les prés et la qualité de leurs eaux associées dans leur vallée ; ils ne pouvaient donc pas se tromper sur leur estimation et ne risquaient de se faire gruger dans des des échanges mal équilibrés.

Nous ne savons plus estimer nos biens sans l'aide d'un expert...

Par ailleurs, l'échange présente des avantages par rapport à une vente et achat : il réduit les frais notariés et les droits de mutation, en effet, le notaire n'établit qu'un seul acte et les frais sont payés par moitié par les « échangistes » (c'est le terme employé sur les actes)

Il est à noter aussi que les contractants sont souvent proches parents voire des voisins que l'on côtoie quotidiennement, la confiance doit donc être au rendez-vous...

Pourquoi réaliser des échanges ? Peut-être pour regrouper des terres ou sortir d'une indivision de maison

Prenons un exemple, qui, au premier abord, m'a paru curieux un échange d'une maison en pleine propriété contre une « demi maison » !

[le 25 Mai 1870]D'une part Jean Laffont del Cardaÿre fils de feu Jean Pierre, cultivateur, habitant du quartier de la Chique, commune du Port

D'autre part, Marie Sutra de Marty épouse en secondes noces de Jean Loubet Mondet de lui assistée et autorisée, cultivateur, habitants du même quartier de la Chique... »

Un petit tour dans l'Etat civil permet de découvrir que Marie Sutra de Marty est veuve en premières noces de Jean Laffont del Cardaÿre dit François décédé à Ardiège le 18-12-1861... elle est sans doute la belle sœur du Jean qui conclut l'échange (rappelons que deux frères peuvent porter le même prénom dans une fratrie cf Marier Jean.)

« ledit Jean Laffont del Cardaÿre donne en échange à la dite Marie Sutra de Marty une petite maison bâtie à pierres et terre couverte de grosses ardoises en mauvais état avec les services en dépendant... en contre échange...la moitié d'une maison bâtie à pierres et terre couverte de paille et ardoise avec la moitié des services en dépendant dite de Pierrou située au même quartier de La Chique... »

Je pense que par cet échange Jean a récupéré l'intégralité de son oustal partagé avec son défunt frère et dont la veuve avait l'usufruit.

L'exemple suivant est plus simple : deux frères Laffont, Jean et Antoine, procèdent à un échange de terres le 4 Février 1872

 «  Un pré avec les eaux qui en dépendent pour l'irrigation appelé Pradets et Plagnol de tious confrontant l'échangiste Antoine Jean Subra Antoine Laffont échangiste encore et au chemin ainsi que Jeannet Laffont »

«  en contre échange... un pré avec les eaux un bois et la part lui appartenant d'une grange couverte en chaume le tout contigu appelé la Ferrario confrontant l'échangiste Jean Jeannet Laffont l'échangiste Antoine et le vacant... »

Un regroupement sans doute plus pratique des terres, chacun des contractants ayant des terres qui confrontent les prés échangés.

Enfin pour équilibrer un échange, il est possible d'y ajouter un lopin de terre Voici celui conclu entre Pierre Laffont et Marie Galy Fals le 17 Mai 1840 :

« ...une maison à un étage, bâtie à pierres et terre, le couvert de paille avec les services qui en dépendent et un petit jardin y contigu à l'aspect du Midi appelé de Fals situés au quartier des Eychards... »

 « ...Une maison basse bâtie à pierres et terre, le couvert de paille en mauvais état avec les services qui en dépendent et avec un petit jardin y contigu à l'aspect du couchant appelé de Marie située audit quartier des Eychards... »

« ...plus une partie d'une pièce de terre en bousigue appelé aussi de Marie située au même lieu ; prise au Septentrion d'un are 50 centiares ; séparée du restant par trois bornes... »

Pour la nature des biens échangés et pour les données généalogiques à recueillir sur les contractants, ce sont donc des actes à relever systématiquement. Leur exploitation peut enrichir votre arbre !