DECOUVERTE DU COUSERANS
Amountanhada
La première quinzaine de juin est consacrée aux montées d'estives en Couserans, le problème est que je n'ai pas le don d'ubiquité ! Or, les vallées ont à peu près le même calendrier, pour 4 ou 5 vallées (Massat, Oust, Seix ou Haut Salat, Bethmale et Birosse ) tout se déroule sur 2 weeks-ends, les 2 et 9 Juin et il semble que même un Printemps « pourri » comme cette année ne suffise pas à décaler les dates.
En 2016, je vous avais présenté une transhumance de bovins partie de Biert.
Dans le Nord de l'Hérault, j'avais vu dans les années 1970, des transhumances de milliers de moutons et j'avais trouvé le spectacle grandiose. Je voulais donc cette année, vous présenter des ovins que je trouve plus photogéniques parce que plus grégaires, ce qui normalement produit une impression de « déferlante » animale dans les rues...
A Rimont, le 2 Juin devaient arriver des bovins et une centaine de moutons (renseignements pris à la Mairie). Je quittais donc les AD pour rallier Rimont en temps et en heure mais avec les troupeaux peut-on avoir un horaire ?
Les premières vaches arrivèrent avec une heure de retard et les bergers furent en but aux plaisanteries : ils avaient flâné en route, s'étaient levés tard ou pire... en patois !
Mais aucun mouton ne suivit ! Zut, encore des bêtes à « grosses cornes » comme disaient nos ancêtres dans les contrats de « gazaille ».
Attendons le 9 Juin, montée du Haut Salat (Seix, vallée voisine de Massat, sans doute encore des vaches) et en Béthmale à Moulis où 900 brebis sont annoncées. J'opte et me précipite vers Moulis, une vallée que je n'ai pas encore visitée et la journée fut passionnante !
A peine la voiture garée, c'est une transhumance de chevaux qui arrive, un peu prise de cours, j'ai photographié plus de croupes que de têtes... ce qui m'a étonné c'est que tous les chevaux ont un cavalier, je m'attendais à un troupeau libre et canalisé par quelques cavaliers.
Inquiète de ne pas voir les bêtes à laine, j'interroge autour de moi (quitte à passer pour une touriste), certes les brebis sont plus lentes mais elles arrivent et en attendant l'ambiance est vraiment festive, tout le monde se parle, échange des nouvelles (même avec l'étrangère que je suis) et un accordéoniste en sabots maintient le moral.
C'est une sorte d'euphorie qui s'empare de tous ceux qui attendent : « Ils sont où ? », « au cimetière de Lerbat », « Bon, ils ne sont pas loin ! » et chacun d'estimer l'heure d'arrivée ; même la Maréchaussée est tolérante
Quelques stands aident à patienter ; là aussi on échange et, pour moi, j' apprends beaucoup, je fais la connaissance du sabotier de Bethmale
(il faudra que je vous le présente dans un prochain billet), j'achète un très beau tee-shirt, apprend que l'an prochain les marques de troupeaux gravées sur ardoises seront commercialisées (j'y serai!)
Les brebis n'arrivent toujours pas mais de gros rochers fort peu rembourrés servent de sièges en écoutant le virtuose de l'accordéon. A côté une sculpture, il faudra que je me renseigne sur son auteur avant de vous en parler !!!
Enfin ! Les voilà ! Premier indice, la voiture avec warning et portant le panneau rouge « Transhumances ». Vite l'appareil photo, je vous laisse admirer le spectacle
(à gauche, l'accordéoniste en sabots qui nous fit patienter de manière si agréable, avec un répertoire très varié)
Les chevaux ont continué leur route mais les brebis comme les bergers vont manger et se reposer à Moulis avant de monter vers les alpages
La neige très abondante cet hiver ne semble pas avoir totalement fondu sur les hauts sommets
L'armier (ou armière)
C'est un personnage effacé mais un personnage clé de la société ariégeoise qui craint tellement le « paranormal ». Il existe très peu de renseignements à son sujet aussi bien dans la littérature ariégeoise que chez les folkloristes.
J'aimerais, pour tout vous dire, rencontrer un armier ou une et savoir comment ce « don » (dont a priori je ne doute pas) mais que l'intéressé lui-même souvent ignore, se manifeste dans sa vie quotidienne.
Or, vous êtes nombreux à être nés dans la nuit du 24 au 25 Décembre aux alentours de minuit ; m'apporterez-vous des témoignages ?
Pour moi, je suis née beaucoup trop tôt : le 9, quelle dévaine !
Adelin Moulis ne lui consacre que 3 pages de son ouvrage « Croyances, Superstitions, observances en pays de Foix » (p 44 à 47) pour noter ses deux pouvoirs : converser avec les morts et « barrer » les sorts jetés par les sorcières ; il atteste la présence d'une armière à Fougax et Barrineuf au début du XX° siècle et nous livre quelques détails sur les armières du Pays d'Olmes.
Apparemment leurs communications arrivent par « flashs » dirions-nous et elles n'hésitent pas à se déplacer pour rendre visite aux descendants du défunt et leur faire part du ou des messages reçus :
Une mention également dans la revue Folklore n° 20 année 1940-41 (p 112 à 114), toujours dans le Pays d'Olmes à Lavelanet et à Montségur, relate le même type d'intervention : l'armière ne demande aucune rétribution mais se voit offrir des cadeaux en nature qu'elle ne peut refuser, ne serait-ce que par politesse.
Bien peu de textes à se mettre sous les yeux !!
Mais, en y réfléchissant, leurs vies devaient être difficiles voire insupportables, justement à cause de ces manifestations spontanées du paranormal ; et comme tous les êtres ayant des « dons », cela perturbe leur vie quotidienne et ils se sentent fautifs s'ils ne remplissent pas leur "mission".
Alors, lorsqu'au cours d'un salon du livre à Soueix, mon regard croise un roman de Denise Déjean intitulé « L'armier », je me fige net ! Je me précipite sur l'ouvrage que son auteur(e) me dédicace très aimablement et le soir même, je le « dévore » d'une traite puis je le relis plus sereinement.
Et c'est bien cette ambivalence du don paranormal que nous présente Denise Déjean dans son héros Rédouane, il ne provoque pas la vision, il la subit, il en est victime ; puis, tant que le trépassé n'est pas « vengé » ou rétabli dans son honneur, il ressent une angoisse terrible qui le contraint à éclaircir les circonstances du décès du trépassé insatisfait.
Le jeune Redouane, né pendant la nuit de Noël mais au Maroc, découvre fortuitement son don lors de fouilles archéologiques et ne le maîtrise pas, il en est d'autant plus perturbé.
La carrière que souhaite embrasser Redouane risque de lui réserver bien d'autres visites de disparus : archéologue ! Mais il détient un atout majeur : ses flashs pour découvrir les causes du trépas.
Faustus puis Ysarn le contactent pour une réhabilitation posthume qui, avant d'être réalisée les enchaînent à ce bas monde.
Bien que ces romans soient classés dans la « littérature de jeunesse », ma carrière de documentaliste m'a préparé à m'intéresser et à apprécier tous les genres de littérature et à en extraire « la substantifique moelle »
Longue vie à Redouane, j'attends déjà le prochain défi auquel il sera confronté, l'année prochaine ?
Voir aussi A comme Armière Challenge 2016
Tous devant la TV demain !
Ne manquez pas demain, 14 Juillet, l'étape "couserannaise" du Tour de France !!
(carte du site officiel du Tour)
Vous découvrirez les rives de l'Arac, la porte de Kerkabanac (A et K 2017) puis la vallée des montreurs d'ours, la station thermale d'Aulus, avant de plonger dans "ma" vallée. Sur notre route : l'étang de Lers ( T comme Trésors 2017), le courtal de Peyre Auselère (les Orris 2017), le village du Port cité dans plusieurs billets puis Massat et Boussenac, berceau des Laffont del Cardaÿre, avant de partir vers l'Ariège languedocienne par le mur de Péguère et la tour Laffont.
Savez-vous que suivre l'itinéraire initial du Tour prouve que les Ariégeois relèvent les pires défis ; voilà dans quel état était la route ( D8F) entre Aulus et le col d'Agnès en Juin dernier, à la suite d'un violent orage :
(photos parues dans La Gazette ariégeoise du 9 Juin 2017)
Vous pensiez peut-être que j'avais tendance à exagérer la violence des éléments, voici la preuve que ce n'était pas le cas !!!
Visitez la vallée sans vous déplacer !
Voulez-vous visiter la vallée de mes ancêtres et sa « voisine », celle des montreurs d'ours ? Ne bougez pas ! Pas besoin de vous déplacer ! Il vous suffit de rester devant votre télé le 14 Juillet prochain et de regarder la 14° étape du Tour de France ; la plus courte, à peine 100 km, mais elle cumule les difficultés (et les paysages grandioses qui m'ont faits « tomber en amour », comme diraient nos cousins canadiens, avec ce pays.
Voici le parcours publié sur Internet :
Nous quittons donc Saint-Girons par la route actuelle qui longe l'Arac, une rivière à l'apparence paisible mais qui peut avoir des colères dévastatrices et malmène encore la route (la route ancienne, dite « route des diligences » passait par les crêtes pour éviter les sautes d'humeur de l'Arac).
Les coureurs passeront ensuite devant (ou sous?) la porte de Kerkabanac, dont je vous ai souvent parlé et nous entrerons dans la vallée des « montreurs d'ours » pour rejoindre Aulus, ville thermale.
A partir du col d'Agnès, lieu d'estive des troupeaux, voici la vallée de Massat ! Le Port sera le premier village à nous accueillir puis Massat et nous sortirons par le col de Péguère, qui fut le territoire d'un maquis pendant le dernière guerre (comme son voisin le col de la Crouzette).
Inutile de vous dire que les routes sont étroites... les organisateurs ont même interdit Péguère au public :
Le dessin de Didier Laguerre a paru dans « La Gazette ariégeoise » du 28 Octobre 2016.
« Le Petit Journal » revient, lui, sur le Tour 2012 et les clous semés sur la route du col, et le site "Azinat.com" rappelle, lui aussi, le problème des clous. Voici un très joli dessin de Cire pour relater ces péripéties :
Pour les fans de la "petite reine", le fameux mur de Péguère, c'est certain, ça grimpe "sérieux". Je l'ai emprunté parfois... en voiture !!! ben oui, je ne suis pas Janny Longo, en montée : seconde, troisième puis seconde etc.. en descente en seconde (frein moteur) et en s'interrogeant sur la date du dernier contrôle effectué sur les freins ; sinon on peut aussi réciter un chapelet !
Une route "historique" et pittoresque
Aucune carte ne la mentionne comme telle et elle est bien étroite, elle relie la vallée de Massat à celle d'Ercé. Je l'avais toujours redoutée car elle est sujette à des éboulements mais cet été 2015, elle était vraiment bien réparée et le trajet s'est fait sereinement. Elle porte un nom très prosaïque, la D17, et part de Massat à gauche de la chapelle de l'Ave Maria de Laisle qui date du XVI° siècle :
Elle figure en blanc sur les cartes Michelin et nous avons appris, mes cousins et moi, à nous en méfier depuis une épopée sur une route forestière non goudronnée, juste empierrée et pas avec des cailloux ronds, mais qui nous mena au col d'Erp et à un panorama sublime. Je vous avoue n'avoir pas eu l'idée de prendre des photos à ce moment tant j'étais angoissée de crever et, n'ayant pas de cric, de rester au milieu de nulle part !
Après la chapelle, on arrive au hameau de La Bernède où résidaient les Loubet de Paule et beaucoup d'adeptes de la "Petite Eglise", un peu plus loin sur la gauche, le hameau de Petchet qui leur valut leur surnom et celui de la famille Peyrounie.
Un magnifique petit village de montagne, celui du Saraillé, arrêtez-vous ! Pas trop tôt et pas trop tard car il est vite traversé ! Dans un tournant oui : ce n'est pas une nationale ! À gauche des petits sentiers qui, si vous avez de la patience, vous feront découvrir un petit oratoire enfoui entre les maisons :
à gauche un lavoir charmant et la route de Mourès (D118) , faites un petit crochet pour découvrir l'église qui fut celle des hameaux isolés du Touroun, Saraillé, Parrabel et Moures
Il faut encore grimper pour atteindre le col, oh il n'est pas très haut mais regardez bien la route, magnifique certes, (le liseré vert des cartes en atteste) mais sinueuse à souhait !
Aucun hameau jusqu'à celui de Benazet, des bois, des forêts et des landes livrés à la vie sauvage. De quoi alimenter les veillées en loups et autres bêtes sauvages.
Après ce périple, on arrive au hameau de Cominac dont je vous ai déjà parlé et à la vallée des « montreurs d'ours » Si vous avez le loisir de venir dans la vallée plusieurs fois dans l'année, suivez cette route par un beau jour d'été, elle vous enchantera ; puis suivez la par un jour maussade et gris d'Automne ou de Printemps, elle réveillera en vous les angoisses de ceux qui cheminaient à pied par tous les temps, vos ancêtres !
En quelques kilomètres, vous avez croisé les lieux de vie des dissidents concordataires, l'église de Mourès construite par souscription de ses habitants, comme celle de Cominac, un épisode célèbre de la séparation de l'Eglise et de l'Etat et vous arrivez chez les plus célèbres "montreurs d'ours" qui exhibèrent leurs animaux (peut-être faut-il dire compagnons tant ils étaient proches) dans toute l'Europe, les Amériques et jusqu'en Australie et Nouvelle Zélande... Est-ce suffisant pour qualifier cette petite route d'historique ?