Autre facteur d'évolution : l'école
Les lois Ferry rendent l'école gratuite (contrairement aux écoles congréganistes) mais aussi obligatoire.
Jusqu'au milieu du XIX°, très peu de conscrits savent lire et écrire, rares sont les mariés qui signent leur acte d'Etat civil . Ces lois devraient donc réjouir la population mais tout ne va pas se mettre en place d'un coup de baguette magique, et gérer l'ouverture et la fermeture des écoles de la vallées va vite devenir un casse-tête
Replaçons nous dans le contexte socio économique de l'époque : après une période de surpopulation au milieu du XIX°, les migrations saisonnières de survie vont se transformer en migrations définitives pour rejoindre le pays de cocagne où la vie est plus facile, le pain plus blanc, crois-t-on, que ce soit le rêve américain ou les riches plaines du Languedoc ! Le résultat est le même sur le terrain : la population des enfants à scolariser est fluctuante. Ajoutez à cela les difficultés liées à la configuration de l'habitat montagnard : multiples hameaux éloignés, état souvent déplorable des chemins, neige abondante. Où et comment scolariser les enfants d'autant qu'il n'existe encore que peu de « maison d'école », il faut donc louer un local plus ou moins adéquate...
cf loger les enseignants : un impératif !, Des conséquences inévitables , instituteur à Ercé en 1884
La vie agricole et pastorale à laquelle les enfants participent activement dès leur jeune âge, va se trouver perturbée par leur absence durant la semaine alors on trouve parfois un taux d'absentéisme important..
Cinquante ans plus tard, toujours le même "casse-tête" pour le Maire, l'Inspecteur primaire et l'Inspecteur d'Académie... Faut-il fermer ou rouvrir une école de hameau ?
Prenons l'exemple de l'école de Jaou, hameau de la commune de Boussenac mais très éloigné d'Espies où se trouve une école
L'école est fermée en 1934, jusqu'alors elle accueillait une dizaine d'élèves mais l'effectif a baissé et le départ de 2 familles a été déterminant :
(lettre de l'inspecteur en réponse au Maire de Boussenac qui proposait de rouvrir l'école comme « école d'hiver »)
Que faire de l'institutrice qui était nommée sur ce poste ? Elle fait part de ses préoccupations le 31 Décembre 1934 :
Autre situation complexe : l'école du Rieuprégon fermée en 1934 malgré une pétition des parents d'élèves en date du 9 Juillet :
Suivent les signatures des parents d'élèves qui indiquent le nombre d'enfants à scolariser dans leur famille !
Là, il semble que la décision ne soit pas judicieuse : 18 enfants seraient obligés de se rendre à Jacoy, le maire de Boussenac et son conseil municipal s'insurgent eux aussi le 5 Août.
Toujours au mois d'Août, l'inspection primaire de Saint Girons envoie un rapport sur la situation avec un croquis bienvenu des déplacements des élèves, je vous le livre in extenso :
L'inspecteur d'Académie soutient la réouverture de l'école malgré le décret loi publié par le Ministère :
Les législateurs du Ministère n'ont aucune idée de la configuration des lieux, de l'état des chemins et encore moins du climat ; leur décret reste donc (heureusement) lettre morte !!
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