B comme Berger aux estives
Nous avons vu l'habitat et l'emploi du temps des pâtres (traites, fabrication des fromages et du beurre, salé, pour une meilleure conservation : billet "les orris").
Une vie libre mais spartiate, pour dormir une couche de fougère, le manteau de bure comme couverture :
(Musée du Palais épiscopal de Saint-Lizier)
et la possibilité d'allumer un feu car les nuits sont froides au début et en fin d'estive. La demeure est rustique mais garantit des intempéries toujours violentes en altitude et c'est bien là que se situe le principal danger !
L'orage et la foudre qui l'accompagne ! S'il survient subitement, les bêtes s'affolent et se débandent, les meilleurs chiens ne peuvent pas être partout …
Pour sauver son troupeau, le berger affronte les éléments, parfois au péril de sa vie En 1858, deux bergers ont trouvé la mort dans ces circonstances, le premier dès le mois de Juin :
(L'Ariégeois du 25-61858)
Le second au mois d'Août :
(L'Ariégeois du 28-8-1858)
Les brebis affolées par l'orage peuvent aussi, dans une fuite éperdue, tomber dans un précipice, une grotte ou un aven...
Pourquoi risquer sa vie pour une ou deux bêtes, me direz-vous !
Déjà, parce que c'est l'honneur du berger qui est en cause ; il ne doit perdre aucune de ses bêtes que ce soit à cause des prédateurs, des intempéries, de maladie ou de mises bas problématiques.
Ensuite parce qu'il a la garde du patrimoine familial et que la perte d'une seule bête est une catastrophe (il n'y a pas, au XIX° siècle, d'indemnités versées par l'Etat encore moins par des assurances que tous ignorent faute d'avoir les moyens de payer les primes).
Enfin, parce que certaines bêtes sont prises en « gasaille », c'est une forme de gardiennage : les petits propriétaires de troupeaux établissent un contrat avec d'autres détenteurs d'animaux, souvent de la plaine, pour les emmener aux estives avec les leurs. Mais si les bénéfices (agneaux) sont partagés à mi fruit, les pertes incombent au gardien...
Les bergers sont jeunes, en général, mais ils sont très conscients de la charge qui leur incombe et perdre ne serait-ce qu'une bête est vécu comme une catastrophe et un déshonneur :
(L'Ariègeois du 6 Juillet 1847)
La responsabilité des bergers est immense au regard de leur jeune âge, ils affrontent tous les dangers avec courage mais quand il s'agit d'affronter le père pour lui avouer une "faute"... certains préfèrent s'enfuir et mener une vie errante. Dans les journaux suivants, aucune nouvelle de Pey, espérons qu'il est revenu « fortune faite » à force de travail !
Si l'on se souvient de l'histoire de Martin Guerre, la même impossibilité d'avouer la faute au père lui fait quitter l'oustal et s'enrôler !
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