C comme Contrebandier
J'adore l'expression « contrebandier de profession », c'était de notoriété publique mais pas pris sur le fait, il ne semble pas avoir été inquiété et il a 68 ans...il a dû déjouer la vigilance de bien des douaniers !
(L'Ariégeois du 7 Juillet 1860)
Là encore, ce qui nous perturbe, c'est qu'ayant disparu le 8 Mars, il ne soit retrouvé qu'au mois de Juillet suivant. Je sais c'est un contrebandier, on ne peut pas demander à la Maréchaussée de le chercher mais il n'est certainement pas le seul à pratiquer ce « métier » dans la vallée et d'autres doivent connaître ses parcours clandestins
D'autres « vagueux » risquent de subir un sort comparable : aucune migration temporaire ou non n'est anodine ; celui qui quitte la vallée risque la « mâle mort » loin des siens.
Les colporteurs plus que les autres : ils ont un « trésor » dans leur boite et cela peut attirer les malfaisants, un mauvais coup est vite arrivé à Kerkabanac !
En Ariège, le contrebandier comme le mendiant n'est un personnage ni redouté ni redoutable, certains bandits, style « bandits d'honneur » comme en Corse, non plus (cf Tragine )
Bref, souvent on craint le Bohémien ou « l'étranger du Nord » bien plus que les marginaux locaux .
Il semble même que le contrebandier ait eu une certaine notoriété ; car, comme le village connaît tous ses déserteurs, il connaît aussi tous ses marginaux. Mais l'omerta ariégeoise est aussi impressionnante que celle de nos compatriotes iliens.
Voici pourquoi on peut être contrebandier « de métier » tout en ayant, sans doute, un lopin de terre et quelques brebis pour « donner le change » !
En plus, ce « métier » est dangereux à cause de la montagne et de ses « sautes d'humeurs » mais aussi parce que les conditions de « travail » aggravent les dangers : quand est-on à peu prés sûr de ne pas rencontrer les douaniers ?
En hiver ou lors des intempéries, alors c'est le temps idéal pour le contrebandier :
Le contrebandier est aussi, comme le berger, un homme au grand cœur qui secourt les étrangers en difficulté dans la montagne ; là, il est chez lui, c'est son domaine presque son jardin, il connaît les abris (souvent des orris), les grottes et les chemins au caillou près...
Durant la Seconde Guerre mondiale, bergers et contrebandiers fournirent la plupart des passeurs.
Alors, l'Ariégeois, le vrai, l'Ancien, ne les dénoncent pas : en cas de difficultés, ce sont eux qui viendront à son secours !
Comme vous le voyez par ces témoignages, le respect des contrebandiers ne date pas d'aujourd'hui et est le fait d'écrivains réputés .
Ne vous leurrez pas les contrebandiers ont des descendants et les orris sont toujours des caches bien pratiques pour les marchandises. Seulement, certains promeneurs ne sont plus du « pays » et ils peuvent être dénoncés par des touristes, comme ce fut le cas il y a quelques semaines :
Mais, bizarrement, on peut aussi être qualifié de contrebandier sans franchir de frontière : il suffit de fabriquer, tranquillement, chez soi, des allumettes !!
(L'Express du Midi 14-11-1903 p 11)
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