aujols-Laffont

F comme Fruitière

Il semble que, sous ce terme, il faille entendre ce que nous appelons des coopératives destinées à valoriser la production laitière des vallées en créant des lieux de collecte et de transformation, évitant ainsi que chaque exploitant fabrique fromages ou beurre dans « son coin ».

Une solution « de progrès » mise en lumière et soutenue par la Société d’Agriculture de l’Ariège et le Conseil général pour faciliter la vente du lait produit dans les vallées en le collectant.

 

fruitière 1.PNG

A Boussenac, l’Ariégeois relate le 27 Mai 1874 un projet déjà en cours mais où se situait le chalet ? La commune de Boussenac est très étendue et en moyenne montagne, comment s’effectue la collecte du lait ? Quelle fut la productivité de cette fruitière réputée si rentable ?

 

En fait, le journal nous transmet là une "fake news" ! La construction du chalet ne peut "se continuer" puisqu'elle ne fut jamais entreprise !!!

Voici, résumées, les péripéties de ce projet qui aurait dû être rondement mené : les fruitières réussissent dans les Hautes Pyrénées, un bon signe. Le conseil municipal de Boussenac est d'accord et met 3000 fr dans l'affaire, trouve un terrain au hameau d'Espies (la Mairie s'y trouve aussi). Toutes les administrations semblent favorables mais le 27 Décembre 1872, la Municipalité de Boussenac souhaite mettre en place un projet plus ambitieux en adjoignant une maison d'école à l'arrière de la fruitière 

 

fruitière + salle d'école 27-11-1872 Boussenac.PNG

 

 

"Le Conseil municipal accepte le plan et exprime le désir qu'on annexe du côté opposé à la route un bâtiment à un rez-de-chaussée dans lequel pourrait être installée la salle d'école. L'assemblée en exprimant  ?  a eu en vue d'économiser à la commune le paiement du loyer de 100 fr  cette addition  d'une salle d'école à la fruitière n'est pas admissible que serait  ? "

  

La Direction générale des Forêts s'oppose au projet sans expliquer vraiment les raisons du refus. En fait, il semble que la salle d'école fasse intervenir un partenaire supplémentaire : le Ministère de l'Instruction Publique ; or ils sont déjà très nombreux à intervenir : Préfecture et Sous Préfecture, Conseil Général, DR des Forêts, Municipalité et je dois en oublier, bref, un imbroglio administratif comme seule la France peut en produire !

Pour comble de malheur, le directeur de la DR des Forêts part à Paris et y tombe malade pendant un an ; le dossier reste en souffrance jusqu'à son retour en 1874 ! Il reprend ses fonctions et le dossier à partir du 10 Février 1874

 

chalet reprise du  projet 1874 2O Dir géné fes Forêts au Préfet 1.PNG

chalet reprise du  projet 1874 2O Dir géné fes Forêts au Préfet 2.PNG

 

"Je me permettrai de signaler à votre bienveillante attention le dossier de la fruitière de Boussenac (canton de Massat, arrondissement de Saint-Girons). Cette affaire, interrompue par mon éloignement accidentel des Pyrénées, pendant près d'une année sera sûrement renouée avec succès si vous voulez bien appuyer prochainement, lorsque j'aurai l'honneur de vous le demander, mes démarches auprès de la Municipalité."

 Mais les problèmes entre la Municipalité de Boussenac et la DR des Forêts semble faire "capoter" le projet ou plutôt les projets car le chalet de la fruitière ne vit jamais l'ombre d'un début de construction et la maison d'école non plus...

 Plus aucune nouvelle du chalet et de la fruitière, au moins dans la presse après cet article mal renseigné.

 

La vallée d’Oust eut, elle, sa fruitière et créa même un camembert de l’Ours dont on voit encore la réclame, un peu délavée sur un bâtiment…désaffecté et dont voici la pub, oh, pardon ! on disait réclame à l'époque 

 

pub à publier.PNG

 

Dans le dernier tiers du XIX° siècle, de nombreux projets visant à valoriser l’élevage et la production agro-alimentaire virent le jour. Ils furent subventionnés par le Conseil général et promus par la Société d’Agriculture

 

fruitière 2.PNG

 

Tout semblait réuni pour que ces fruitières soient prospères et pourtant le succès ne semble pas avoir été au rendez-vous ! Malgré les études de rentabilité faites au plus haut niveau, comment expliquer qu’elles aient périclité ? Personne ne se souvient plus de l’emplacement du « chalet de Boussenac » et la fruitière d’Oust ne survit que grâce à une peinture défraîchie et à une publicité…

En tout cas, dans aucun des projets de fruitières, je n'ai trouvé une mise en place de collectes sur place dans les hameaux... et c'est peut-être là où le "bât blesse" : s'il faut perdre des heures à porter le lait au centre de collecte avec mulets, ânes ou à dos d'homme suivant les chemins, c'est compliqué et sur les estives, comment faire?



06/11/2018
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