Faire ses Pâques
Dès le premier billet, je vous avais prévenu, l'évêque a un caractère « entier », une poigne de fer dans un gant de crin plutôt que de velours : la communion pascale est une obligation annuelle pour tous les paroissiens. Il faut donc aller se confesser, même si parfois (voire souvent) le confessionnal est dans un état déplorable
Biert 1753 « Qu'on fera réparer le confessionnal. »
Lédar 1753 « Qu'on fera faire un confessionnal propre et commode. »
puis recevoir l'Eucharistie pendant la messe de Pâques, c'est le minimum requis pour un catholique ! Pourtant dans les vallées, certains semblent s'affranchir depuis plusieurs années du devoir pascal et bien sûr Monseigneur sévit , menace de graves sanctions les « oublieux » :
« Sur ce qui nous a été représenté que quelques uns des paroissiens ont depuis plusieurs années négligé d'approcher des sacrements et de faire leur devoir paschal, nous déclarons que s'ils ne rentrent pas incessamment dans la voye du salut, nous enjoindrons au sieur curé, d »employer outre les instructions publiques, la voye des monitions canoniques qu'il leur fera en présence de témoins, après lesquelles, s'ils persistent dans leur obstination, ils seront publiquement dénoncés, excommuniés et retranchés du corps des fidèles, jusqu'à ce qu'il méritent par une pénitence édifiante d'être reçus dans le sein de l'église et admis à la participation aux sacrements,, » Seix 1753
Ce n'est pas rien ce que fulmine le prélat, le réfractaire s'expose à mourir sans sacrement, sans messe et ne pourra avoir de sépulture que dans le coin des « réprouvés » au fond du cimetière (parfois même hors les murs) en compagnie des suicidés, des bandits et assassins,,,
Dans les campagnes de l'époque, nul doute que cela frappera le esprits et qu'à Pâques prochaines, nombre d'oublieux auront fait amende honorable,,,Cela promet du travail au curés d'Oust, d'Ercé, de Seix etc,,,Car nos ancêtres ariégeois redoutent par dessus tout les morts qui ne sont pas en règle avec l'au delà et ne reposent donc pas en paix : ils hantent les vivants, alimentent les « paous » (peurs, superstitions) car ils deviennent des âmes errantes qui suivent la charrette des morts pour l'Eternité
Il est donc impératif qu'un défunt reçoive les honneurs qui lui sont dus pour se séparer en paix du monde des vivants
Conscient de coutumes ancestrales, l'évêque va en user pour faire pression sur les paroissiens tièdes ; il va aussi se préoccuper de l'état des cimetières 'Nous avons vu l'état déplorables des cimetières de Massat et du Port au XIX° siècle,,,
D'abord les clore de murs pour empêcher les bêtes domestiques ou sauvages de venir y roder
Les agrandir dans bien des cas
« Qu'on fermera incessamment le cimetière en sorte que le bétail ne puisse y entrer, »
« Qu'on fera au plus tôt le fossé autour de l'église , lequel fossé sera dans le terme de deux mois sans quoy le cimetière demeurera interdit, » Aulus 1753
Là encore une menace grave plane si les directives du prélat ne sont pas suivies : le cimetière sera interdit c'est à dire que personne ne pourra plus y être enseveli...
Problème d'importance pour la paroisse qui devra demander des places de sépultures à ses voisines et pour les familles qui verront leurs défunts dispersés
Enfin, par souci d'hygiène et peut-être d'égalité devant Dieu , l'évêque demande de limiter les inhumations dans l'église :
« Qu'on n'enterrera point dans l'église d'autres personnes que celles qui ont des titres ou concessions approuvées par nous sauf à celles qui ne nous les auraient pas représentées de se pourvoir vers nous, »
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