aujols-Laffont

Honneurs du bout d'an et cire de deuil

Dans toutes la provinces de France, je crois , le deuil officiel en noir dure un an ; certes certaines veuves ne quittent jamais le noir alors qu'elles pourraient sans choquer porter le « demi deuil » en associant du gris ou du violet à leurs vêtements. La famille aussi se doit de porter le deuil en noir surtout les descendants directs.

 

Mais, en Ariège , il existe d'autres coutumes vivaces comme les honneurs du bout d'an ou du bout de l'an qui consistent à commémorer à la fois l'anniversaire du décès du défunt et la fin de la période de deuil en payant au curé des messes de requiem et des messes basses à la hauteur de la générosité des héritiers... mais tout le village étant témoin de leurs largesses ou de leur pingrerie, il faut au moins une belle cérémonie ! Sauf à faire médire tout le Véziau...

 

Durant les funérailles, la vallée de Massat se distingue encore, elle est une des seules où le lamentations publiques sont encore de règle :

 

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« Autrefois et encore aujourd'hui à Massat il y avait de grandes lamentations au moment des enterrements, ces lamentations avaient un caractère rituel,on se taisait durant la marche entre le maison mortuaire et le bourg ; quand on approchait du bourg les memebres du cortège dr fisaient quelquefois entre eux : « commençons-nous maintenant ? » et les lamentations commençaient. On raconte qu'un vieux soldat de l'Empire à l'enterrement de sa femme s'adressa à elle dans ces termes : »Le drapeau t'appelle mon épouse, tu ne mangeras plus de pain etc... » 5AD 09 Fonds Véziau)

 

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« A Rieuprégon [commune de Boussenac] les lamentations étaient rituelles. On raconte qu'à un « enterrement les gens du cortège se demandaient s'il était temps de les commencer : "se cal commensa ? "...Une veuve se lamentait à l'enterrement de son mari en disant en patois : « toi qui balayais si bien le devant de la porte ! » , « toi qui faisais si bien le beurre »

 

cire de deuil.PNG

«Autrefois,il y a 40 ans à Rieuprégon les femmes se mettaient à genoux par terre dans l'église, les pieds nus dans leurs sabots ; elles s'accroupissaient sur leurs talons pour s'asseoir  ; à côté de celles qui étaient en deuil il y avait un petit cierge [enroulé] genre queue de rat allumé... »

 

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 (Musée Pyrénéen de Niaux)

 

En fait, toute l'année suivant le décès, la cire de deuil était allumée durant la messe dominicale pour le repos du défunt

 

hommes couverts dans l'église.PNG

« Dans la montagne au-dessus de St Girons les hommes restaient couverts dan l'église pendant les enterrements A Montesquieu Avantès on considère un peu comme des gens arriérés les gens qui habitent de l'autre côté de l'eau c'est à dire ? du Volp. Là il y a encore des lamentations aux enterrements ;les femmes les plus proches parentes du défunt expriment à haute voix leurs regrets et rappellent diverses circonstances de la vie du défunt ; tout cela est entrecoupé de lamentations. Volp et Baup (Balp =Valp) sont des mots identiques ... »

 

cierge des morts à Pamiers.PNG

" Les cierges des morts qui brûlent pendant l'an dans l'église sont entourés d'un ruban noir quand le défunt était marié et d'un ruban blanc quand il était célibataire sans aucune distinction d'âge »

 

Plus que des pratiques religieuses, il semble que ce soit des superstitions destinées à honorer le défunt pour qu'il n'ait pas envie de revenir... se plaindre d'être mal traité après son trépas.



22/04/2019
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