Portefaix
Quand on a décidé de quitter la vallée pour une vie meilleure (???) ou pas pire, qu'on est illettré et sans compétences particulières mais dur au labeur et prêt à tout pour gagner sa pitance ; que peut-on faire, en restant honnête ?
Porteur de lourdes charges :
Et nombre d'Ariégeois le furent à Toulouse ou Paris, dans les grands ports aussi, sans doute, mais je n'en ai pas trouvé trace pour l'instant.
Ils se cassent les reins comme dans la vallée et gagnent aussi chichement leur vie, leur habitat ne doit pas être plus salubre, souvent situé dans le quartier Saint Cyprien à Toulouse.
« Par devant nous M° Paul Daverède avocat et son collègue notaires à Toulouse soussignés , a comparu, le sieur Baptiste Laffont, portefaix, domicilié de Toulouse où il demeure faubourg St Cyprien » (1855)
Mais leur vie dans les montagnes leur a forgé des mollets d'acier et un dos à tout épreuve !
Chaque année, il fallait relever la terre des champs pentus que la pluie et la neige avaient fait glisser vers la murette !
Le fumier , indispensable sur ces terres sans jachère, devait être épandu ; et comment ?
A dos d'homme bien sûr, selon l'expression mais aussi de femmes !!!
Arrivent ensuite les grands travaux : fenaison, moisson ; comme dans toutes les campagnes, me direz-vous, ben pas tout à fait ! Ici, certains chemins quasi inexistants ou trop étroits, empêchent l'utilisation de la force animale pour descendre les récoltes.
Comment faire : l'homme ou la femme remplaceront ânes et mulets !
Ils sont donc aguerris que ce soit avec le foin :
ou la glace, activité secondaire qui se répandit au XIX° siècle pour rafraîchir les boissons des nantis de Toulouse ou des curistes des villes thermales :
A Paris, ils peuvent être aussi porteurs d'eau : 5 ou 6 étages à monter avec des brocs d'eau n'est pas plus éprouvant que les tâches du pays mais là, ils doivent affronter la concurrence des Aveyronnais (comme pour le charbon...).
Et pourtant, avec ce métier « de misère », ils vivent et parfois économisent quelques sous pour... acheter de la terre au pays. En tout cas, ils prennent soin de donner procuration devant notaire, à une personne de confiance pour gérer leurs biens :
« Dans notre étude est comparu le sieur Jean-Pierre Laffont, portefaix, demeurant à Toulouse, rue Saint Nicolas n° 7, lequel, agissant tout de son chef que, pour et au nom de Magdeleine Claustre son épouse, ménagère, demeurant avec lui, comme en vertu de sa procuration par acte et brevet reçu par M° Daveréde et son collègue notaire à Toulouse » (M° Galy Gasparrou, 1° Octobre 1858)
Ayant le sens de l'économie et étant peu dépensiers dans leur vie quotidienne, la plupart de ces « gagne-misère » parviendront, parfois, à être la première marche pour l'ascension sociale de leurs enfants.
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