Il est temps de faire les comptes !
Depuis le début de sa tournée épiscopale dans les vallées, Monseigneur de Verceil enjoint, ordonne des réparations de mobilier, d'objets du culte, des achats de vêtements sacerdotaux, des embellissements dorures à refaire, tableaux à commander mais pas une seule fois il n'indique qu'il va aider les paroisses à exécuter ses ordres !!! Or, elles sont pauvres, nous le savons tous, l'ignore-t-il ? Le curé doit pâlir en écoutant le nombre de dépenses à faire...
Seule « aide » que j'aie pu trouver lors de la visite de 1753 est celle que consent l'évêque à Casavet où il enjoint d'agrandir l'église et de construire un presbytère, encore n'est-ce pas un apport de fonds mais une absence de perception de droits :
« Qu'on fera agrandir l'église du coté du presbytère, et qu'on transportera de ce même côté la chapelle du Rosaire «
« Exhortons au surplus les paroissiens et habitants et communauté de bâtir dans un autre endroit une maison presbytérale plus commode et plus décente et leur accorderons tant pour l'élargissement de l'église que pour la maison presbytérale le terme de trois années »
Notre évêque va donc tenter de mettre les « comptes à plat » avec le concours du prêtre et des marguilliers.
De combien dispose la fabrique de la paroisse ? Les comptes doivent être à jour
Où est le coffre-fort destiné à abriter les revenus des offrandes
« Qu'on rétablira le coffre fort et qu'on y enfermera exactement l'argent de l'œuvre et des titres et qu'on aura soin d'y décharger le bassin chaque jour de Dimanche et festes'
Nombreux sont les paroissiens qui ont fait des legs à la fabrique ou à l'église mais les héritiers sont moins pressés de se séparer de la somme qui ampute leur héritage, il faut donc leur rafraîchir la mémoire et les inciter à payer...
Dans les testaments, les mourants réclament aussi de nombreuses messes hautes et basses à célébrer pour le repos de leur âme et pour les honneurs du bout d'an ; ce sont les obits (nous disons plutôt intentions aujourd'hui) mais ces services sont payants . Il convient donc de les recenser pour les
honorer mais aussi pour vérifier si le paiement a été effectué ou non...
« Qu'on affichera dans la sacristie un états des obits et fondations et qu'on annoncera au prône tous les dimanches les fondations qui doivent être acquittées dans la semaine
Que le sieur curé avertira ou fera avertir ceux qui doivent à l'église de payer sans delay et en cas de refus on employera contre eux les voyes de justice pour les obliger au payement » (Le Trein d'Ustou)
Ainsi on pourra connaître exactement la somme dont dispose l'église et donc...le dépenser en travaux et l'évêque ne manque pas d'idées plus onéreuses les unes que les autres ! Ici on ne parle plus de vases à rafistoler ou dorer mais bien de toit à refaire, de clocher à réparer...une seule ligne mais combien de livres à débourser !
« Qu'on fera incessamment réparer les toits de l'église et griller la fenêtre qui ne l'est pas" (Aleu)
"Qu'on réparera incessamment le clocher »
"Qu'on fera faire trois arceaux en pierre pour soutenir la galerie d'assemblée qui se trouve devant la grande porte de l'église
Qu'on fera agrandir les fenêtres de l'église afin qu'elles donnent plus de jour » (Oust)
Et pourquoi pas faire carrément construire:
« Qu'on ramassera au plus tôt les matériaux nécessaires pour bâtir le sanctuaire nouveau et deux chapelles ; du quel sanctuaire on fera lever un plan qu'on nous présentera et qu'on fera exécuter au plus tôt
Qu'on fera bâtir une sacristie » (Aulus)
Question projets, il voit grand, notre prélat !
Je suis d'autant plus étonnée qu'il n'aille pas inspecter, au cours de ses visites suivantes, les deux dernières églises construites dans la vallée de Massat : celle du Rieuprégon en 1762 et celle de Mourès, construite depuis 1848. Sa dernière tournée date de 1777 et ces 2 églises ne figurent pas dans l'index de fin de liasse Pourquoi ce désintérêt alors qu'il visite de simples chapelles isolées dans la vallée voisine ?
Des secours aux pauvres qui dépendent pourtant de la fabrique (ancêtre des bureaux de bienfaisance), nulle trace, nul conseil, pas même une allusion ...Il faut dire qu'après ces travaux, il ne restera pas un sol à leur distribuer !
Après avoir suivi notre évêque tout au long de sa tournée de 1753, qu'avons nous appris sur la vie spirituelle de nos ancêtres ?
Ils ont plus droit à des reproches, graves parfois, qu'à des encouragements, se dévouer à la paroisse est une obligation; pour eux comme pour le curé...de compassion, de charité, peu de traces...
Rigueur avant tout et peu d'écoute des ouailles...
Les deux visites suivantes de l'évêque du Couserans ainsi que celles des évêques de Pamiers (qui semblent plus modérés dans leurs exigences) sont en ligne sur le site des archives de l'Ariège dans "autres ressources numériques". Bonne lecture !
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