aujols-Laffont

L'absentéisme scolaire : un fléau à combattre

 

Nous avons vu tous les tracas que l'inspection académique et les Mairies s'efforcent de pallier (éloignement, neige ,locations plus ou moins convenables…) en implantant des écoles de hameau un peu partout dans la vallée

Pourtant, il existe tout de même un fort absentéisme scolaire, quelle en est la cause réelle ? Pas la pauvreté puisque l'école est désormais gratuite ce qui a dû ravir bien des parents mais elle est aussi obligatoire !

Allez faire comprendre aux habitants que cela signifie une fréquentation quotidienne durant tous les jours de la semaine et mois de l'année ! Leur mode de vie inclut les enfants dans le travail de l'oustal suivant leur âge et leurs capacités mais ils y sont indispensables ; l'école bouleverse cet équilibre établit depuis des siècles. De même, les enfants participent aux grands travaux d'été et aux migrations saisonnières comme les vendanges, ils rapportent quelques piécettes à l'oustal ; c'est pourquoi nous constatons l'absence de 3 fillettes dès la rentrée à Espies en 1930 !  cf autre facteur d'évolution : l'école

 

En hiver, aucun problème si ce n'est le trajet pour lequel les enfants se montrent bien courageux, tous les travaux agricoles sont au ralenti (il convient juste d'abreuver, de nourrir et de traire les bêtes) et les adultes en profitent pour réparer les outils.

Les journaux s'emparent du sujet de cet absentéisme :

 Le Journal de l'Ariège, consacre un article très approfondi à ce problème détaillant les causes et les remèdes proposés :

 

bandeau.PNG
 

 stats périodes creuses.PNG

 

Alors quelles sont ces « périodes creuses » de fréquentation de l'école : le Printemps (fenaison) , l'été (moisson et estive ) et le début de l'automne (vendanges)

En cela le Maire de Boussenac proposant de rouvrir l'école de Jaou pour en faire "une école d'hiver" était peut-être novateur ! Il aurait aussi été possible d'y inclure des cours pour adultes et jeunes gens Cette solution n'a jamais été étudiée car elle pose la question de l'emploi de l'enseignant durant les mois "creux" ...

 

Dans la suite de l'article, le propos du rédacteur s'adoucit et adopte un ton plus compréhensif envers les difficultés quotidiennes des parents qui peuvent primer sur la fréquentation assidue de l'école :

 

 pauvreté des parents.PNG

 

 grands travaux.PNG

A aucun moment, le journaliste n'envisage la pérennité de l'oustal c'est à dire sa reprise par l'aîné (et pourtant c'est là le but ultime des parents !) sauf qu'un enfant instruit aura vite fait ses calculs et évalué ce qu'il peut gagner en devenant salarié en ville plutôt que de reprendre un "domaine" sur lequel une famille peine à survivre... et cela les parents en sont conscients ... Alors ce qui est qualifié "d'indifférence ou d'égoïsme" n'est-ce pas en fait le souci de contribuer à une disparition future de l'oustal ? 

 

 inertie des parents.PNG

 

 Dans la seconde partie de l'article consacré aux solutions proposées, tout repose sur la force de conviction de l'instituteur qui doit persuader les parents et les inciter à préférer l'école à l'aide à la famille Mais là, nous tombons de haut autant la première analyse était proche des réalités du terrain autant celle-ci en paraît éloignée :

 

 instit 1.PNG

 

instit 2.PNG

 

Cet hiver, ce pauvre instituteur va récupérer des élèves sans doute plus assidus mais qui auront été sevrés de tout écrit et de tous chiffres pendant plusieurs mois ! Que restera-t-il des acquis de l'hiver précédent ?

Après avoir passé des mois à contacter les parents, il devra faire face à des classes hétérogènes : on lui demande donc d'être un surhomme doublé d'un négociateur habile et d'un pédagogue hors pair !!!

 

Et puis il y a ceux qui, pour contrer cet absentéisme ne voient que la manière forte, la contrainte, voire l'amende !

 

absenteisme scolaire 27-11-1889 1.PNG
 

 absenteisme scolaire 27-11-1889 2.PNG

 (La Dépêche 27-11-1889)

 

Enfin, troisième voie, une sorte de chantage à l'inscription :

 

 difficultés scolarisarion Ariège.PNG

 Nous retrouvons toujours le même problème : les lois, et les journaux aussi, s'adressent aux lettrés et sont rédigés par des "urbains" qui considèrent les ruraux (et surtout les montagnards) comme des arriérés englués dans leurs traditions ...

 

 



19/06/2023
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